[SOÑJOU] Une légende bretonne : ANNA

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

conte anna

Il existe en Bretagne plusieurs lignées de Bardes, transmettant de générations en générations les histoires, petites et grandes, d’Armor et d’Argoat. L’un d’entre eux, Matelin, nous raconte aujourd’hui ce conte connu de quelques-uns encore….

Il y a de cela bien longtemps vivait, dans la région du Porzay, au bout du monde, une magnifique femme prénommée Anna. Elle portait toujours autour de son cou un pendentif de cristal légué par sa mère, et par sa grand-mère avant elle, le Triskell, qui symbolisait tout l’héritage donné de ses aïeux, du fond des âges. Ce pendentif avait la particularité de décupler la lumière qui parvenait à elle.

Dotée d’une voix douce, elle avait appris de sa mère le langage de l’univers. Et ce langage était un chant.

Son chant était si mélodieux, que les oiseaux du ciel se taisaient pour l’écouter. Son chant était si beau, que même la mer se calmait pour l’écouter.Son chant charmait les étoiles, la lune et le soleil, et toutes les créatures :

Du fond des âges, on se souvient de ces tempêtes parfois si fortes, et qui se taisaient pour entendre le chant d’Anna.

Son chant était si pur, que, chaque fois qu’elle chantait émanait d’elle une lumière intense, agréable pour les bonnes gens, mais insupportable pour toutes personnes enclines au mal et au mensonge. Ce chant était lumière. Lumière intense, aux couleurs de l’arc-en-ciel. Et ce chant dévoilait toute vérité. Ce chant dévoilait l’enfant qui sommeille en chacune des créatures du ciel, de la terre et de la mer, pour peu qu’il resta encore un peu d’amour en chacun.

Anna était reine au Pays de Cornouaille, et femme très malheureuse d’un roi barbare et dur qui commandait tout le pays de Quimper, Plomodiern et de Landévennec.

Seul le roi restait insensible à son chant. Il s’était endurci avec le temps, et était si sauvage, si cruel, qu ‘Anna, au désespoir, ne parvenait jamais ni à effacer les traces de ses brutalités dans les campagnes, ni à éviter pour elle-même les contrecoups de ses colères sauvages.  Son chant s’éteignit peu à peu, effaçant toutes ses certitudes. Son Triskell s’assombrissait chaque jour, et s’éteignit avec sa voix.

Désespérée, elle était en quête d’Amour, de l’Amour véritable. Celui qui ne s’éteint jamais. Elle cherchait la Vérité ultime, cette vérité qui donne sens à toute Vie.

Un jour, lassée de tant de misères, Anna supplia le Ciel de la délivrer. Errant au hasard, elle porta ses pas jusqu’à l’anse de Tréfuntec et, là, eut la surprise de voir une barque conduite par un ange qui l’invita  à embarquer. Aussitôt la reine assise à l’arrière, l’ange déploya ses ailes pour en faire deux grandes voiles. L’envol fut tel que, d’une traite prodigieuse, la frêle embarcation passa sur l’Océan, jusqu’aux rives de la lointaine Judée.
Anna débarqua, et fut accueillie avec beaucoup d’égards.

Dans cette vie nouvelle, elle rencontra Joakim, qui l’aima d’un amour pur et sincère. Peu à peu, son chant revint. Son chant était plus beau encore qu’auparavant, porté par l’Amour de Joakim.

Leur Amour ne cessait de croître. Un jour, tous deux se mirent à chanter. Le ciel, la Terre et la mer retinrent leur souffle.  Et de ce chant naquit Marie. Son cœur était plus pur encore que le chant d’Anna. Un cœur si pur comme la Terre n’en a jamais connu. Anna lui transmis les secrets du Triskell.

Et la vie coula dans le lointain Orient. Un jour, en vraie Bretonne Anna eut le mal du pays. Joakim était déjà partit vers le ciel et chaque jour, malgré l’amour de sa fille, elle se languissait du pays.

C’est alors que l’ange descendit avec  sa barque, la même qui l’avait délivrée.

Il parla longuement à Marie. Avant de partir, Marie grava sur chaque branche du Triskell cette devise : Er Karantez a zo ar wirionez, ce qui veut dire : c’est dans l’Amour qu’est la Vérité.

Anna partit avec l’ange. Il la déposa sur les grèves de la Palud où elle vécut heureuse.

Elle pensait souvent à sa fille et, malgré l’éloignement, elle se sentait proche d’elle. Leur chant traversait le ciel et les oiseaux pouvaient les entendre se répondre.

Un soir, Anna contempla le ciel, comme à son habitude. Son Triskell resplendissait et éclaira toute la grève. Et dans le ciel, une étoile grandissait, toujours plus lumineuse. Cette étoile avait trois branches. Trois ailes qui ne formaient qu’une seule étoile. Elle souriait doucement. Elle sut que l’Amour ultime, la Vérité ultime qu’elle cherchait depuis si longtemps, et qu’elle avait en partie découvert dans le lointain Orient était arrivé, humblement sur la Terre. Elle sut que son petit fils était né.

Elle déposa alors son Triskell au pied d’un chêne et s’endormit. Son pendentif donna naissance à une source miraculeuse, la source des trois tourbillons. Ce sont trois sources  souterraines qui tournent sur elles-mêmes, avant de jaillir au pied du chêne de la Palud.

Depuis ce temps, les pélerins qui en font la demande à Anna sont guéris de leurs maux dès qu’ils boivent l’eau de la source des trois tourbillons.

Les habitants, de Douarnenez à la lointaine Nantes, n’ont pas oublié l’histoire d’Anna. Reconnaissants, ils l’ont proclamée reine des Bretons.

Texte : Matelin (DR Ar Gedour) – Musique : Hicham Chahidi. Tous droits réservés

À propos du rédacteur Matelin

Matelin, bercé par le patrimoine culturel et spirituel du Diocèse de Quimper & Léon, propose ici des réflexions poétiques.

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