A Corbeau…
Chez les Indiens Lakota, on dit que le corbeau est un messager. Messager de bonheur ? Messager de malheur ?
Il nous raconte aujourd’hui cette histoire.
L’histoire d’une petite fleur si frêle, si petite qui germa lorsque du ciel tomba une goutte d’eau dans le désert.
Cette fleur était si belle que le ciel, émerveillé, se pencha sur elle. Et la petite fleur grandit, et s’épanouit. Le ciel fit alors tomber une autre goutte, puis deux gouttes, puis trois gouttes d’eau…Et le désert commença à se couvrir de milliers de petites fleurs.
La température baissa, et de nombreuses créatures vinrent tenir compagnie aux fleurs du désert.
Le ciel sourit.
Puis vint un vent chaud. Le vent du désert. De cette partie que les fleurs n’avaient pas encore couverte.
Au début, les fleurs et toutes les créatures trouvèrent cela agréable. Elles s’ouvrirent alors au vent chaud du désert.
La petite fleur, celle par qui tout avait commencé, voulut avertir ses sœurs :
« Refermez légèrement vos pétales pour que le vent du désert ne vous affaiblisse pas ».
Ses sœurs ne l’écoutèrent pas. Et elles s’ouvrirent plus encore.
Le vent du désert se renforça.
La petite fleur, celle par qui tout avait commencé, répéta doucement :
« refermez vos pétales, pour que le vent du désert ne vous assèche pas. »
Ses sœurs ne l’écoutèrent pas. Et toutes les fleurs, et toutes les créatures s’offrirent au vent chaud du désert.
Le vent chaud du désert se renforça encore. Il n’était plus comme avant, comme un vent chaud du matin. Il n’était pas non plus comme un vent chaud du midi.
Il était maintenant brûlant.
Et les fleurs, et toutes les créatures s’affaiblirent et desséchèrent.
Le vent chaud du désert se renforça encore. C’était maintenant une tempête.
La tempête qui arrache tout et détruit tout.
Le vent chaud du désert souffla si fort et si longtemps, que toutes les fleurs et toutes les créatures, affaiblies, furent arrachées une à une.
Le vent chaud du désert souffla si fort et si longtemps, que toutes les fleurs et toutes les créatures furent recouvertes d’un sable brûlant.
Le vent chaud du désert souffla si fort et si longtemps que les dernières pétales, déjà fanées, furent recouvertes d’un sable brûlant.
Et le ciel pleura.
Le ciel pleura si fort et si longtemps, que le désert disparu.
Le ciel pleura si fort et si longtemps, que les montagnes disparurent.
Le ciel pleura si fort et si longtemps, que les rayons du soleil disparurent.
Et le ciel sourit.
Le ciel sourit doucement.
Le ciel se souvint que la petite fleur, celle par qui tout avait commencé, germa lorsque, entre deux rayons de soleil, il laissa échapper une goutte d’eau.
Le ciel sourit, parce qu’il sut que la petite fleur et toutes ses sœurs, et toutes les créatures, avaient laissé tomber des germes de vie.
Le ciel sourit parce qu’il sut qu’il y avait encore en toutes ses créatures, et dans la petite fleur, celle par qui tout avait commencé, un reste de vie, enfoui sous le sable du désert.
Alors, le ciel s’arrêta de pleurer. Et l’eau se retira.
La petite fleur germa, et avec elle ses sœurs. Et la petite fleur, celle par qui tout avait commencé, grandit et s’épanouit. Et toutes ses sœurs grandirent avec elle. Et avec elles toutes les créatures.
Alors le ciel dit à la petite fleur :
« je te fais une promesse : plus jamais tu ne sécheras. Ni toi, ni tes sœurs, ni toutes les créatures. Le désert ne sera plus. Entre deux sourires, je verserai une larme de joie. Et entre deux larmes de joie, tu verras mon sourire. Et voici le signe de ma promesse : tes couleurs monteront vers moi, et redescendront vers toi et tes sœurs, chaque fois que se mêleront mon sourire et mes larmes de joie. »
Depuis ce jour, le corbeau chante pour qui veut l’entendre l’histoire de la petite fleur, celle par qui tout avait commencé.
Lorsqu’il pleut et qu’il fait soleil, vous verrez le signe de la promesse du ciel à la petite fleur : à chaque pied de l’arc en ciel se cache cette petite fleur et ses sœurs, celles par qui tout avait commencé.