Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié le 4 novembre 2025 une note doctrinale intitulée Mater Populi Fidelis, “Mère du peuple fidèle”. Il s’agit d’une note doctrinale portant sur certains titres mariaux qui se réfèrent à la coopération de Marie à l’œuvre du salut. A retrouver sur ce lien. Ce texte vient préciser le sens de plusieurs titres donnés à la Vierge Marie, notamment ceux de “Co-Rédemptrice” et de “Médiatrice”. L’occasion de rappeler l’enracinement ancien de ces expressions, souvent mal comprises, et d’inviter à un regard plus équilibré sur la piété mariale.
Une clarification nécessaire
Le nouveau document du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, à lire sur ce lien, ne proclame ni dogme, ni nouveauté. Il entend simplement répondre à une confusion de langage, en particulier autour du titre de Co-Rédemptrice. Celui-ci, explique le texte, est « inopportun », car il peut « générer déséquilibre et confusion » sur l’unique rôle rédempteur du Christ. L’objectif est clair : réaffirmer la primauté absolue du Christ tout en reconnaissant la coopération singulière de sa Mère dans l’œuvre du salut.
Cette clarification s’inscrit dans la continuité du concile Vatican II (Lumen gentium, 61-62), qui décrivait Marie comme “Mère dans l’ordre de la grâce” et “Associée au Rédempteur”. Elle ne nie donc pas la théologie mariale, mais en précise le vocabulaire. En d’autres termes, il ne s’agit pas de “rabaisser” Marie, mais d’éviter que des formulations anciennes, aujourd’hui ambiguës, ne soient mal interprétées par les fidèles ou par les autres confessions chrétiennes.
Une tradition plus ancienne et plus large que les débats actuels
Contrairement à ce qu’on peut lire chez certains, on aurait tort de croire que le titre de Co-Rédemptrice relève d’un traditionalisme récent ou d’un excès de piété. En réalité, cette notion plonge ses racines dans la théologie médiévale franciscaine, chez Duns Scot ou Bonaventure, qui voyaient en Marie la “nouvelle Ève” associée au nouvel Adam dans l’œuvre du salut. Termes repris jusqu’à aujourd’hui par de nombreux pasteurs. Au fil des siècles, plusieurs papes – Léon XIII, Benoît XV, Pie XI, Pie XII, puis Jean-Paul II – ont employé ce terme dans un sens spirituel : non pour mettre Marie sur le même plan que le Christ, mais pour exprimer la coopération libre et subordonnée de la Mère du Sauveur.
Après Vatican II, le Magistère a préféré un langage plus biblique, mais sans rejeter l’intuition théologique : celle d’une femme dont le “fiat” à l’Annonciation ouvre la porte de la Rédemption. En 2025, Mater Populi Fidelis ne fait donc que réaffirmer cette ligne d’équilibre. La vraie mariologie ne consiste ni à multiplier les titres ni à les bannir, mais à contempler comment la foi d’une femme humble s’unit à l’œuvre du Christ.
De la foi du peuple à la théologie : une seule racine
Un prêtre a confié que Marie était une femme toute simple et que c’est en cela qu’elle nous est proche. « Elle n’a pas besoin de tous ces titres qui nous éloignent d’elle, des autres chrétiens et finalement de Dieu » nous dit-il, ajoutant que « la dévotion mariale des petites gens est beaucoup plus simple ». Mais la note du DDF rappelle fort à propos que la dévotion mariale n’est pas l’affaire d’une élite pieuse. Elle vient d’abord du peuple croyant, de cette foi du charbonnier qui prie son chapelet, chante les litanies ou simplement confie ses épreuves à la Mère du Seigneur. Ce sont ces expressions populaires qui, au fil du temps, ont inspiré la réflexion théologique : les titres de Marie ne sont pas des inventions savantes, mais le fruit de la prière du peuple. Avec ses imperfections, certes, mais que l’Eglise réoriente et purifie au fil du temps, comme elle l’a toujours fait.
« La mariolâtrie cache mal la résurgence du culte de la déesse mère commun a de nombreuses religions et croyances .L’Eglise a toujours lutté contre , tout en cédant à une certaine ambiguïté » a-t-on pu également lire de la part d’un théologien sur les réseaux sociaux. Réduire cette piété à un “paganisme déguisé” serait ignorer l’histoire spirituelle du christianisme. Certes, la dévotion mariale doit être purifiée lorsqu’elle frôle l’exagération au point d’en éclipser le Christ. Mais l’inverse est tout aussi vrai : une rationalisation excessive finit par dessécher la tendresse filiale qui a toujours animé la foi des chrétiens. L’Église, en publiant Mater Populi Fidelis, invite justement à ce discernement : purifier sans mépriser, centrer sur le Christ sans appauvrir la figure de sa Mère.
Purifier, non appauvrir
Cette piété toute simple a toujours inspiré et nourri la réflexion théologique plus développée. Les titres mariaux, les litanies, les chants, sont souvent nés de la foi du peuple, avant d’être repris par les théologiens ou le Magistère. Le texte du Vatican ne sonne donc pas le glas d’une théologie mariale, mais en indique le juste chemin. En rappelant la primauté du Christ et la simplicité de Marie, il permet de redonner souffle à une dévotion équilibrée : celle qui contemple en elle la servante du Seigneur, toute relative à son Fils.
La Vierge n’a pas besoin de nos titres, peut-être. Mais nous, nous avons besoin de ses traits pour reconnaître dans sa foi, sa douceur et sa fidélité, le visage même de l’Évangile. Mater Populi Fidelis vient nous le rappeler : aimer Marie, c’est toujours – et d’abord – aimer le Christ. En somme, la “simplicité mariale” et la “théologie mariale” ne s’opposent pas : elles sont les deux faces d’une même tradition vivante, celle d’un peuple qui aime sa Mère dans la foi.
Ar Gedour Actualité spirituelle et culturelle de Bretagne

Il est vraiment dommage et regrettable que Ar Gedour se fasse l’écho et le porte-parole de la Mariophobie du Dicastère qui porte d’ailleurs très mal son nom, vu ce qu’il est capable d’écrire.
Mais on comprend que ces pseudo théologiens ne veuillent pas déplaire aux protestants. Qu’on se le dise : les hérétiques passent avant les justes titres dues à la Mère du Christ.
Cette publicité d’un texte radicalement faux et quelque part insultant pour la mère de Dieu n’est pas à porter au crédit du blog. On a connu bien mieux ici… dommage !
Cher Louis-Marie.
Lorsque vous appréciez les articles du blog, j’espère que vous laissez un commentaire positif également. Il est regrettable que certains lecteurs ne sachent dire les choses que lorsque ça ne leur convient pas.
Au-delà de cela, pour affirmer vos propos, j’espère que vous avez lu entièrement cette note doctrinale, étudié tous les textes du Magistère sur la question de la co-redemption, et étudié les glissements qui se faisaient, nécessitant un éclairage de l’Eglise par cette note. Notez que le Vatican n’a pas interdit l’usage de ce terme mais en a éclairci les contours doctrinaux. Comme disait l’un de mes contacts, il est assez fascinant que des gens puissent s’imaginer qu’ils sont en mesure de donner des leçons à l’Eglise sur ce qui est juste ou non théologiquement. « On critique l’Eglise post Vatican II alors que la moindre contradiction avant ce concile leur aurait valu la condamnation. Merci au concile Vatican II de vous donner la liberté de contredire aussi facilement l’Eglise » a-t-il lancé.
Pour autant, l’article d’Ar Gedour souligne cela mais mets en avant la nécessité des expressions mariales de la foi populaire en essayant d’équilibrer les choses.
Et puis il reste quand même pas mal de titres moins touchy :
Ouf, il nous reste, comme disait un contact prêtre :
– Immaculée, conçue sans péché;
– Mère de la miséricorde
– Mère de l’Eucharistie
– Mère de l’Esperance
– Mère de l’Eglise
– Mère de tous les hommes
– Mère de la consolation et des affligés
– Vierge des pauvres
– Servante du Seigneur
– Demeure de la Sagesse
– Temple de l’Esprit saint
– Etoile du matin
– Porte du Ciel
– Splendeur de la création
– Médiatrice de grace
– Guide des consacrés
– Modèle des épouses
– Protectrice des familles
– Consolatrice de ceux qui pleurent
– Avocate des opprimés
– Salut des malades (ND des Malades, Lourdes)
– Refuge des pécheurs
– Joie de tous les enfants de Dieu
– Reine, élevée au ciel, des Anges, des Patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs…
– Notre Dame de la Prière
– Notre Dame du bel Amour
– Notre Dame du Magnificat
– Notre Dame du bon port
– Notre Dame du Suprême Pardon…
Sans oublier ND de Kernascleden, ND de Joie, …