Monseigneur d’Ornellas, archevêque de Rennes – Dol – Saint Malo, a publié le billet suivant dans le journal diocésain de ce mois-ci (N°242 du 17 juin 2013):
« L’altérité sexuelle entre l’homme et la femme, qui ne peut s’effacer du cœur humain, les conduit à désirer vivre la communion dans l’amour et la liberté véritables, qui mû- rissent à travers le temps, au quotidien de la relation et de la vie avec ses joies et ses difficultés.Cet amour s’épanouit en une admirable fidélité, grâce au pardon reçu et donné, au « oui » l’un à l’autre reprononcé chaque jour.
Certes, cet appel peut ne pas être entendu, tellement des modèles contradictoires, présentés ici ou là, parfois en permanence, brouillent la compréhension de l’altérité sexuelle et de sa beauté. Cet appel peut aussi être obscurci en raison de situations psychiques personnelles.
Pourtant, la différence sexuelle entre l’homme et la femme a une véritable signification que l’amour conjugal vécu par tant d’hommes et de femmes à travers le monde et les siècles atteste. De même, la filiation reçue d’un père et d’une mère a montré, malgré les avatars de l’existence et de la faiblesse humaine, sa pertinence au long des siècles. La raison humaine, qui discerne grâce à son intériorité et sa sagesse, sait découvrir cette signification.
La signification de la différence sexuelle de l’homme et de la femme est grande, à tous égards. Elle ne se limite pas au biologique. Le corps est une admirable parabole de leur vocation. Leur différence sexuelle exprime une double vocation : d’une part, la communion dans l’amour et, d’autre part, la responsabilité comme père ou mère. Telles sont la double joie et la double beauté du mariage !
Aucun bricolage juridique ne supprimera la réalité du mariage et de la filiation, qui sont avant tout des données anthropologiques majeures et vitales pour toute société, comme l’ont relevé bien des études sur les diverses civilisations. Reconnue par Israël comme le don inouï de Dieu,cette réalité est devenue avec le Christ Seigneur un sacrement.
La loi civile, qui ne peut être une simple construction, au risque de verser dans l’arbitraire, a la mission de considérer le réel avec respect en vue du bien commun, et de protéger les personnes. On ne construit l’avenir que sur le réel. Ici, il s’agit du réel de l’homme et de la femme, de leur fils ou fille, tous égaux en dignité, dans leur éloquente différence qu’elle soit sexuelle ou générationnelle.
Rappelons ici l’enseignement du concile Vatican II : « Beau- coup de nos contemporains exaltent aussi l’amour authentique entre mari et femme, manifesté de différentes manières, selon les saines coutumes des peuples et des âges. Éminemment humain puisqu’il va d’une personne vers une autre personne en vertu d’un sentiment volontaire, cet amour enveloppe le bien de la personne tout entière ; il peut donc enrichir d’une dignité particulière les expressions du corps et de la vie psychique et les valoriser comme les éléments et les signes spécifiques de l’amitié conjugale.
Cet amour, par un don spécial de sa grâce et de sa charité, le Seigneur a daigné le guérir, le parfaire et l’élever. Associant l’humain et le divin, un tel amour conduit les époux à un don libre et mutuel d’eux-mêmesqui se manifeste par des sentiments et des gestes de tendresse et il imprègne toute leur vie ; bien plus, il s’achève lui-même et grandit par son généreux exercice (…) par lequel les époux s’enrichissent tous les deux dans la joie et la reconnaissance. » »