Mikaël Yaouank s’est éteint ce vendredi 5 juin, à l’âge de 73 ans. Avec Michel Tonnerre il avait fondé le groupe Djiboudjep en 1970. Le répertoire des chants de marins, initié au Ty Beudeff, le mythique bar de l’ïle de Groix dont on entend parler jusqu’aux Açores, perd l’un de ses plus fidèles défenseurs. Mikaël a rejoint son compagnon de bordées, décédé en 2012, après un dernier album intitulé Ar Mor.
Tandis que le Festival Interceltique, dont les Djiboudjep assurait la clôture chaque année, devait célébrer en 2020 non seulement les 50 ans du FIL et aussi ceux du groupe, ce jubilé est non seulement annulé pour cause de Covid19, mais voit l’un de ses piliers, l’une de ses voix, disparaître dans les brouillards du temps, laissant le groupe bien orphelin.
Je connais le groupe depuis si longtemps que je ne me rappelle plus exactement quand je l’ai vu la première fois. Le répertoire, je le connais pratiquement par cœur, à avoir repris les titres avec notre groupe des années lycées : Satanicles, Quinze Marins, John Kanak… . Au Ty Beudeff et bien ailleurs. Ou à avoir profité, alors bénévole, des fins du Festival Interceltique au pub puis au Quai de la Bretagne. Djiboudjep clôturait chaque année le Fil. On ne t’y verra plus, et c’est bien triste…
Aujourd’hui, c’est une page qui se tourne. Une sacrée page. Mikaël Yaouank, LA voix des Djiboudjep avec Michel Tonnerre disparu trop tôt comme l’oiseau noir. Mikaël, à la voix grave et rocailleuse qui aurait fait taire les vagues scelerates pour ne plus faire entendre qu’une musique tantôt enjouée, tantôt nostalgique de marins au long cours. Mikaël : Le Gabier Noir, John Kanak, Jean-François, le vieux, Long John Silver et tous les autres t’attendent après ce coup de nordet méchant…
Kenavo an Distro, Mikael. LA voix s’est éteinte… Mais nul doute qu’on te reverra non pas hanter la cache au trésor mais te balader sur la Cale Ory. Si ça se trouve, ils vont même t’y statufier comme ils ont fait avec Polig Monjarret. Si ca se trouve, ils vont carrément baptiser une place Mikael Yaouank. Tu chanteras alors avec ceux qui’ au Fil Lorient, percevront ta voix à travers le cri des mouettes : « Ce sont les filles de Lorient.. Bon Dieu, qu’elles sont jolies… »
Et ces bribes seront alors comme un murmure caressant les oreilles comme autant d’embruns-souvenirs…