Parce qu’arrive le temps des Rogations, Ar Gedour vous informe sur le sujet, et vous propose de la matière pour que vous puissiez organiser les Rogations, avec des cantiques bretons.
Nous avions déjà consacré un article pour ce rite à sortir de l’oubli, mais nous y revenons.
Les Rogations (du latin rogare, demander) furent instituées par saint Mamert, évêque de Vienne (Dauphiné) en 470 lors d’une époque de calamités et de bouleversements. En plus des invasions et de la déliquescence de l’empire romain, sévissaient des famines, des tremblements de terre et des bouleversements climatiques. Saint Mamert confia à Dieu par l’intercession des saints la bénédiction des fruits de la terre et la protection contre les catastrophes. La date en fut fixée aux trois jours avant la fête de l’Ascension. De nos jours, les paroisses où elles sont célébrées sont devenues une rareté et souvent, elles ne sont célébrées que dans les communautés religieuses ou monastiques. L’appel du pape Jean-Paul II pour leur restauration est resté lettre morte.
Pourtant, dans une époque marquée par de graves événements comme la notre, ce vénérable rite antique garde toute son actualité : guerres, famines, sécheresses, épidémies, injustices sociales, oppression des peuples, persécutions religieuses, relativisme ambiant, désespoir, culture de mort, destruction de la création, menaces nucléaires, dérives eugénistes…
Toutes ces calamités nous montrent qu’aujourd’hui comme à l’époque de saint Mamert, l’humanité, même rachetée par le sacrifice du Christ sur la croix, reste marquée par le péché et ne peut trouver son salut et sa consolation qu’en Dieu et non seulement dans la technique ou dans un hypothétique progrès.
Les leçons de l’histoire et de l’actualité nous prouvent qu’un monde qui ne compte que sur ses propres forces techniques sans suivre Dieu ni la loi naturelle est voué à la destruction.
Que les Rogations renaissent dans nos campagnes et même autour de nos villes pour faire monter vers Dieu, par l’intercession de ses Saints, la supplication des hommes et du monde, afin d’attirer les bénédictions divines sur nos personnes, nos familles, nos biens, et spécialement sur les fruits de la terre. Chaque année, elles sèment tout un enseignement empreint d’une liturgie cosmique chère à Benoît XVI : elles rappellent que Dieu est le maître de la Création, qu’il nous l’offre pour nos besoins, que nous devons la chérir et la faire fructifier sagement ; Il est le maître de la pluie et du beau temps, de l’abondance et de la disette, de la santé ou de la maladie.
Comment faire ?
Le rite se divise en deux temps :la procession et la messe.
La procession commence en général à l’église paroissiale ou dans une chapelle par le chant de l’antienne Exurge Domine (Lève-toi, Seigneur). Puis la procession s’égrène à travers les chemins de campagne avec la croix, le clergé, les enfants de chœur et les chantres suivis de la foule des fidèles au chant des litanies des saints.Quand la procession passe devant une chapelle, un oratoire ou un calvaire, elle s’interrompt pour entonner un chant en l’honneur du titulaire du lieu ; puis elle repart en reprenant les litanies là où elles avaient été interrompues. D’autres arrêts sont prévus pour la bénédiction des champs ou des troupeaux. Les litanies peuvent être aussi interrompues pour chanter des cantiques de circonstance, comme le magnifique Lakeit de greskein o men Doué, (Faites croître, ô mon Dieu la récolte dans les champs.)chanté jadis dans toute la partie bretonnante du diocèse de Vannes.
Le chant des litanies s’achève par les invocations auxquelles on répond : “Te rogámus, audi nos” (d’où le nom de Rogations) ; le célébrant entonne alors une longue suite de versets dialogués avec les fidèles, puis l’on se rend à l’église paroissiale ou dans une chapelle de la paroisse pour la messe qui achève ce temps de fervente prière.