Le premier dimanche qui suit le 15 août, ou le suivant si le dimanche est trop proche du 15 août, a lieu chaque année le Pardon de Notre Dame de Carmès en Neulliac (Diocèse de Vannes).
La légende nous dit que cette chapelle fût construite au XV ème siècle pour conjurer le “Hopper Noz” ou Crieur de Nuit. Incontestablement, Notre Dame de Carmès figure parmi les chapelles les plus vastes et les plus riches du Diocèse de Vannes. Autrefois, la croix indiquait le chemin desservant la chapelle, que l’on aperçoit aujourd’hui dominant les maisons du village. La chapelle a bénéficié, entre-autres, des bienfaits des Seigneurs de Rohan. On peut y admirer, en particulier, des lambris peints du XVIII ème siècle, représentant le Rosaire et des tableaux sur toile.
Lors des travaux de restauration, dans les années 80, une autre voûte, datant du XV ème siècle, a été mise à jour. Elle nous montre le martyre de Sainte Catherine d’Alexandrie et un choeur d’anges musiciens. L’ensemble de ces derniers panneaux représente, à ce jour, le seul exemple de peinture sur bois datant de la première moitié du XV ème siècle connu en Bretagne.
Cette année, un peu plus de 200 personnes participaient à la grand’messe célébrée par le Père Jean-Paul Cado, recteur de la basilique Notre Dame de Joie à Pontivy (dont l’homélie fut d’ailleurs remarquable) et concélébrée par le Père Louis de Bronac, chargé de ce secteur paroissial.
Il s’agit d’un beau pardon, durant lequel les gens s’impliquent et chantent beaucoup. Toutefois, et comme nous le faisons désormais pour d’autres pardons, voici une critique que nous espérons constructive, que ce soit pour les organisateurs ou pour ceux d’autres pardons.
POINTS FORTS :
– L’assemblée est nombreuse. Principalement composée de personnes âgées et de quinquas, nous avons pu toutefois apercevoir des jeunes familles. Il serait bien de trouver une façon d’attirer les jeunes générations pour prévoir l’avenir. Un pèlerinage (en vélo ? ), une culture bretonne plus marquée seraient des pistes à explorer, outre une amélioration de la liturgie (cf ci-après).
– Pour reprendre les termes d’un fidèle de l’extérieur, on apprécie le côté rural, enraciné dans une culture. Les locaux semblent bien attaché à ce pardon. Raison de plus pour travailler à son avenir.
– il y a là-bas une très belle statue de la Vierge Marie et de belles bannières. Une idée en passant : et si les paroisses à l’entour venaient aussi avec leurs bannières et qu’il puisse exister un “jumelage” inter-pardons ?
– Plusieurs cantiques en bretons (notamment locaux) connus de l’assemblée et aisés à apprendre. Notons que l’assemblée, accompagnée ici d’un bon organiste, chante mieux les cantiques à Notre Dame de Carmès que celui en français… et c’est très bien ! Les traductions des chants bretons sont proposées dans les livrets, ce qui est à souligner.
– une bénédiction des enfants a eu lieu à la fontaine. Chose qui mérite d’être développée et mise en avant, pour attirer les jeunes à ce pardon.
– un repas qui attire beaucoup de monde a lieu ensuite, moment fraternel à ne pas manquer.
– un tantad (feu de joie) est allumé. Occasion de rappeler le sens de cette tradition.
POINTS A AMELIORER
– Pourquoi mettre un autel d’appoint minuscule devant le superbe maître-autel, alors même que les textes du Concile, et plus récemment les propos du Cardinal Robert Sarah (sans compter les orientations de la Commission diocésaine d’art sacré) invitent à ce que ces tables soient supprimées, et que la Liturgie de la Parole soit faite à partir d’un bel ambon (face au peuple) et que l’offertoire et la consécration soient effectués au maître-autel ? D’autant plus si celui-ci est convenablement apprêté, comme l’était celui de Carmès (voir nos conseils “Kavadennoù ar Sakrist“).
– L’animatrice, qui est certes pleine de bonne volonté, pourrait se mettre sur le côté plutôt que dans le choeur, évitant les mouvements parasites et permettant ainsi de se focaliser plutôt sur le Principal. De même que les sacristains n’ont pas à être dans le choeur.
– Il serait souhaitable soit de réaliser un feuillet spécifique avec les chants de la messe, soit de noter titres et pages sur une grande ardoise, évitant ainsi avant chaque chant d’annoncer la page du livret et coupant l’atmosphère de recueillement.
– PROCESSION : les gens n’entendent pas le haut-parleur pendant la procession. La tête de procession chante donc pendant que les gens bavardent à l’arrière… Sonoriser le petit trajet allant de la chapelle à la fontaine ne serait pas compliqué, permettant ainsi de garder le recueillement ou les chants. Il serait aussi souhaitable que les bannières soient réparties entre les pèlerins.