[PARDONS DE BRETAGNE] Un renouveau pour Sainte Anne-des-Bois ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Nous avons sur Ar Gedour une rubrique mettant en avant différents pardons bretons, mais aussi pour permettre aux organisateurs d’avancer sur certains sujets. Ces articles ne seront donc pas uniquement là pour relater l’actualité des pardons mais aussi pour parler de la liturgie, proposer des points à améliorer, donner des idées de dynamisation, etc… Les comités de chapelles et animateurs se donnent souvent sans compter, mais malgré la bonne volonté, ils peuvent être démunis notamment sur l’aspect religieux ou sur des pistes pouvant générer un renouveau. Il ne s’agit donc pas de faire ici des articles « critiques » mais constructifs, à l’adresse des comités concernés mais aussi des autres car ce qui est valable pour l’un peut aussi l’être pour un autre. Ar Gedour est bien évidemment prêt à aider sur demande, comme c’est déjà parfois le cas.

 

Chaque année a lieu le pardon de Sainte Anne-des-Bois, dans cette petite bourgade du Diocèse de Vannes : Berné.  Celui-ci se déroule à la limite du parc du château de Pontcalleck, dans le quartier de Saint-Albaud, où se trouve une petite chapelle Saint Anne des Bois qui fut édifiée en 1865 par la Comtesse de Cossé-Brissac à la naissance de sa fille conformément à la promesse qu’elle avait faite à Sainte Anne. La façade de la chapelle se compose d’une porte que surmontent un vitrail en forme de rosace puis un clocheton à balcon en granit. De petites dimensions, la chapelle fut conçue à l’origine pour le service exclusif des châtelains. Le château abrite aujourd’hui un  couvent des dominicaines du Saint-Esprit.

Le lundi de Pentecôte, paroissiens de Berné et des alentours, prêtres et religieuses se retrouvent à la fois pour célébrer cette octave de Pentecôte et prier Sainte Anne. Autrefois très couru, ce pardon attire moins de gens, les générations s’effaçant peu à peu et les nouvelles générations peinant à comprendre l’intérêt religieux du pardon. Pour cette édition, et malgré la pluie et le vent, environ 250 personnes se sont déplacées pour la messe célébrée par le Père François-Xavier Robert, curé de La Trinité-Porhoët et ancien de la maison Notre-Dame de Joie (Pontcalleck), en présence de plusieurs prêtres dont le Père Jean-Baptiste de Barmon, curé du Faouët.  Environ 300 personnes ont assisté aux vêpres et à la procession. Au déjeuner, plus de 350 repas avaient été servis.

Ce pardon tient notamment grâce à quelques chevilles ouvrières qui se donnent sans compter. Depuis quelques années, des signes encourageants montrent l’implication de jeunes suite au souhait des anciens de passer peu à peu le relais. Plusieurs membres du groupe Gedourion ar Mintin du Kreiz Breizh prennent donc part active dans ce pardon (tant sur l’aspect religieux que sur la dimension festive profane), rejoints par des locaux, avec le désir de gardant le lien entre les générations en créant par exemple un choeur ponctuel pour les chants de procession, choeur qui grandit peu à peu. Une participation qui, nous le constatons au fil des ans, ouvre aussi d’autres perspectives, comme cet organiste qui vient pour la seconde fois de Châteauneuf-du-Faou, ou encore cette initiative : pour la première fois dans l’histoire de la chapelle, comme il a été signalé dans un article précédent, une délégation du sanctuaire de Sainte Anne-la-Palud, très connu pour son grand pardon, s’est déplacée en costume glazik avec une grande bannière signée LeMinor et la croix de procession, sur invitation d’un de ces Gedourion. Cela est souvent souligné sur Ar Gedour : c’est en créant ces liens que les braises peuvent générer un feu et un rayonnement qui permettra un souffle nouveau dans nos pardons… et paroisses. A condition, bien sûr, de tout porter dans la prière.

Une observation complémentaire : au total  cette année, alors que cela n’était plus le cas depuis longtemps, 13 personnes sont venues en costume breton, ouvrant les portes à une nouveauté qui ne peut qu’apporter à ce pardon. Tous les pardons qui respectent la liturgie de l’Eglise (ce qui est le cas ici) et qui prennent en considération les racines bretonnes de manière explicite attirent de nombreuses personnes.

 

POINTS FORTS : 

  • une messe trilingue (breton, latin et français), qui essaie de respecter la liturgie demandée par l’Eglise : orgue et bombarde, cantiques bretons, chants grégorien, chants issus du répertoire en français. Les chants et musiques sont bien choisis pour les divers moments de la messe.
  • un lien très intéressant entre la communauté de soeurs et la paroisse de Berné.
  • une procession bien mise en avant, avec la statue de Sainte Anne, bannières locales et désormais costumes bretons. Là encore, un bon équilibre des chants en breton, latin et français.
  • un salut du Saint Sacrement très priant.
  • une équipe locale très investie.

POINTS A AMELIORER : 

  • un lien avec plus de paroisses à l’entour serait bon, paroisses qui emmèneraient les bannières. Par exemple : Inguiniel, Kernascléden, Plouay… Une invitation d’une délégation pour chaque paroisse, envoyée par le comité de chapelle, permettra de créer des liens porteurs.
  • Etant donné que le repas de ce pardon est notamment assuré pour soutenir l’école Sainte-Hélène de Berné, il serait souhaitable que les enfants de ces écoles soient associés à la dimension religieuse, par exemple lors de la procession. De nombreuses idées peuvent exister : les faire porter les petits saints, leur faire fabriquer une belle bannière, leur faire apprendre les chants locaux et les inviter à chanter lors de procession, etc…
  • La tradition fait qu’il y a actuellement deux messes, l’une à 9h à la chapelle, l’autre -la grand-messe- à 10h30. Pourquoi ne pas considérer la messe de 9h comme celle des bénévoles (qui seraient fortement incités à y participer), et inviter les autres paroissiens à plutôt assister à la grand’messe ?
  • les livrets de chants sont bien faits. La traduction des cantiques en breton et latin pourrait être présente, de manière à ce que les non-brittophones (et non-latinistes) comprennent les chants, les invitant à apprendre ainsi notre langue. C’est le cas déjà sur certains cantiques.

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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