Philippe Abjean vient de publier Marie-Amice Picard. Martyrologe vivant. Mystique oubliée, portant à faire connaître cette paysanne léonarde que toute l’Europe savante du XVIIe siècle connaissait.
Pendant dix-huit ans, Marie–Amice Picart (1599-1652), paysanne illettrée en Basse-Bretagne, ne prit aucune nourriture hormis l’Eucharistie et porta une grande partie de sa vie les stigmates du Christ. Pendant la Semaine Sainte, elle revivait la Passion jusqu’au jour de Pâques où, après avoir communié, elle restait plusieurs heures en extase. Elle voyait alors les saints et les scènes de l’Evangile. Outre les marques du Christ, elle portait dans sa chair les souffrances des martyrs le jour de leur fête. Qui était-elle ? Que vécut-elle de si extraordinaire au point de faire s’interroger en son temps les plus grands esprits d’Europe ? Descartes notamment avait été invité par le physicien néerlandais Huyghens à se rendre sur place pour vérifier les prodiges dont elle était sujette. Et puis l’oubli est retombé sur l’une des figures les plus incroyables que l’histoire du mysticisme ait connu.
Bien que non reconnue comme sainte officiellement par l’église catholique, elle a fait l’objet d’un culte populaire. Sur la plaque apposée sur sa maison est inscrit en breton : « Ici est la maison de Marie-Amice Picart. Marie-Amice Picart, née le 02 février 1599 à Kergam à Guiclan et baptisée le jour même à Guimiliau, décédée comme une sainte à Saint-Pol, le 25 décembre 1652 et enterrée le 26 dans la cathédrale sous la coupe de l’évêque et d’un grand nombre de prêtres et de chrétiens. »
Le père Julien Maunoir (1606-1683) a relaté dans un manuscrit la vie extraordinaire de Marie-Amice. Il considère qu’elle fut l’une des figures les plus énigmatiques du XVII e siècle breton. Accusée de sorcellerie et confrontée à la vindicte populaire, elle fut traduite en justice. Après enquête, sur ordre de Monseigneur Cupif évêque de Léon (1612-1659), elle fut reconnue comme “une extatique très loyale et très chrétienne”. Elle fut inhumée dans la cathédrale de Saint Pol-de-Léon au niveau de la chapelle de Notre-Dame de Caël.
Aujourd’hui encore, elle demeure une énigme. Un mystère d’autant plus grand qu’à la différence de François d’Assise par exemple, elle ne laisse pour témoignage que son corps meurtri : ni message explicite, ni révélation, ni testament.
Pourquoi réveiller son souvenir aujourd’hui ? Parce que le mysticisme se déploie toujours dans les moments de crise des institutions politiques ou religieuses. Nous y sommes.
Philosophe, auteur de plusieurs ouvrages, Philippe Abjean relève le défi de rallumer en Bretagne la flamme de la spiritualité. Tout d’abord avec le Tro Breiz, pèlerinage aux Sept Saints de Bretagne, il a mis sur les chemins de la foi chrétienne des milliers de femmes et hommes de tous âges, de toutes opinions et de toutes origines sociales qui redécouvrent souvent aussi leur patrimoine et leur identité. Il a lancé aussi le projet fou de rassembler sur un même site de Carnoët, dans les Côtes d’Armor, les sculptures monumentales, statues-menhirs en granit de 4 à 7 mètres de haut, du millier de saints qui ont dessiné le visage de la Bretagne lors des grandes migrations d’Outre-Manche aux V ème et VI ème siècles. Lauréat de plusieurs distinctions, il a notamment été décoré de l’Ordre de l’Hermine au château des Ducs de Bretagne à Nantes.
12€ + 5 € (frais d’envoi). A commander chez l’auteur, 17 rue du Pont-Neuf – 29250 Saint-Pol de Léon.
L’article stipule …/…Sur la plaque apposée sur sa maison est inscrit en breton ../… (texte en français)
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Quel dommage que Philippe Abjean n’aie pas retranscrit dans cet article également le texte en breton de la plaque en question….
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Ou à défaut, présenté une photo de la-dite plaque.
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Merci à lui d’attirer l’attention sur cette mystique d’exception, si l’on comprend bien.
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Au fait, comment dit-on mystique en breton? Kevrinek (adjectif). Kevrinad / kevrinadez (substantif H/F) ? Evit un dudenn gevrinek…