Il y a deux mois, nous apprenions la mise en vente d’une grande maison de caractère à Plouray (Diocèse de Vannes), appartenant à la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, qui surplombe le vaste lac de Bel Air. L’Oeuvre Saint Joseph, fondée par Philippe Abjean dont le but est de récupérer des chapelles en déshérence et d’en faire des chapelles hospitalières tout en leur redonnant leur destination initiale de lieu de prière et d’accueil, va en ouvrir un nouveau chapitre de son histoire dans les semaines à venir.
La semaine passée, lors d’une rencontre, mercredi, à Paris, entre la Supérieure provinciale de la congrégation, le Supérieur provincial des Pères du Saint-Esprit et Philippe Abjean, président de l’Oeuvre de Saint-Joseph et de la Vallée des Saints, la décision a été actée de céder la propriété à cette dernière structure attelée à faire revivre les chapelles.
Cette belle et vaste demeure, contenant de nombreuses chambres, avait été cédée autrefois par les Pères du Saint-Esprit, toujours présents dans l’abbaye voisine, aux Soeurs de Cluny qui y avaient installé une communauté de plus d’une vingtaine de religieuses. Il s’agissait de l’ancienne laverie des frères. Des cellules (chambres) avaient été installées pour les religieuses. Après leur départ, voici quelques années, le Foyer familial Saint-Joseph s’y était attaché à accueillir des jeunes toxicomanes en réinsertion.
L’objectif de Philippe Abjean est de bâtir autour de ce point d’ancrage un lieu de mémoire missionnaire.
« Terre de marins et de pionniers, la Bretagne est aussi une terre de missionnaires. De 1800 à 1990, pas moins de 12.000 prêtres, religieux et religieuses sont partis outre-mer pour vivre leur engagement », rappelle-t-il.
À peu de distance de la Vallée des Saints, sur une vingtaine d’hectares, le site gardera mémoire, sous une forme spectaculaire, de cette épopée humaine et chrétienne. Lieu non seulement de mémoire mais aussi d’éveil à la vocation, puisque l’idée est aussi d’interpeller les jeunes sur le sens de la vocation de ces missionnaires, qui ont tout quitté pour aller évangéliser à travers le monde. Pour cela, plusieurs pistes sont envisagées. Nous vous en dirons plus dès que possible.
Nul doute que les pères du Saint Esprit verront aussi là une façon de pérenniser leur oeuvre et leur mémoire dans ce lieu du Kreiz Breizh. La Vallée des Saints attire. Ce nouveau projet pourra permettre à tous les visiteurs de la Vallée des Saints de continuer leur découverte, dynamisant le tourisme local. Quant au reste, c’est le travail de l’Esprit Saint…
Les Pères du Saint-Esprit, qui ont éjecté Mgr Lefebvre en 1968 pour ‘s’ouvrir au monde’ seraient bien inspirés de faire leur mea-culpa et de revenir à la messe de toujours s’ils ne veulent pas périr dans la débacle conciliaire
Qu’entendez-vous par « messe de toujours » ?
Pour information, voici une publication du site Proliturgia de ce jour :
De nombreux fidèles qu’on dit “traditionalistes” (mais tout fidèle de l’Eglise n’est-il pas traditionaliste de par son baptême ?) sont attachés à la forme de la liturgie romaine qui était en usage habituellement – au moins dans nos paroisses – jusqu’au Concile.
Ils sont attachés à cette forme aujourd’hui appelée “extraordinaire” soit parce qu’ils refusent obstinément les décisions prises par ce Concile, ce qui les met en porte-à-faux par rapport aux enseignements de l’Eglise, soit parce qu’on ne leur a jamais donné de voir la liturgie actuelle être célébrée “véritablement” telle qu’elle a été codifiée à la suite de Vatican II.
Pour nommer cette forme de la liturgie romaine en usage jusqu’au Concile les “traditionalistes” utilisent souvent l’expression “messe de toujours”. Il s’agit là d’une expression qui témoigne d’une profonde méconnaissance de l’histoire de la liturgie, laquelle ne se limite pas à la seule histoire du rite romain.
En effet, tous les historiens et tous les théologiens qui ont étudié la liturgie savent qu’il y a et qu’il y a eu dans l’Eglise catholique de nombreuses façon de célébrer la liturgie qui obéissent ou obéissaient à des agencements rituels autres que ceux du rite romain. Certains de ces agencements sont tombés tout seuls au cours de l’histoire, d’autres ont été supprimés par le Magistère, d’autres enfin subsistent. Certaines d’entre eux sont bien plus anciens que le rite romain qui était habituellement en usage jusqu’au Concile.
Que savons-nous du rite romain qui passe pour être celui de la “messe de toujours” aux yeux de certains “traditionalistes” ? D’abord qu’il est le fruit d’une “hybridation” du vrai rite romain des origines – dont on ne sait quasiment rien de très précis – avec d’autres usages liturgiques dont ceux des Francs et, plus tard, des Dominicains.
Cette “hybridation” a donné ce qu’on a appelé “rite romain”, lequel a offert de nombreuses variantes jusqu’à ce que le concile de Trente vienne mettre un frein à une trop grande diversités d’usages et de coutumes.
Le résultat du “travail” de Trente sera l’établissement d’un missel “romain” – c’est le nom qu’il reçoit – codifié par le Pape S. Pie V. Il deviendra la référence.
Mais là encore, ce “missel de S. Pie V” auquel se réfèrent les fidèles attachés à ce qu’ils appellent la “messe de toujours”, ne résous pas tous les problèmes concernant la diversité des usages. Dans la plupart des diocèses de l’Europe catholique, les fidèles demeurent attachés aux anciens usages ; à ceci, il faut ajouter que de nombreux évêques issus de la noblesse introduisent dans la liturgie des usages relevant de leur rang social et qui, peu à peu, se confondent avec les rites (et ce avec d’autant plus de facilité que la société d’Ancien Régime est elle-même très ritualisée) ; enfin, le contexte politique d’Ancien Régime fait que les évêques revendiquent une véritable autonomie liturgique sur leurs territoires.
Une autre question mérite d’être étudiée pour comprendre les évolutions et les variations de la “messe de toujours”. C’est celle du chant grégorien. Ce chant, dont on sait aujourd’hui qu’il est une composition totalement nouvelle datant du VIIIe siècle, garde d’importantes traces des fluctuations plus ou moins importantes qui ont affecté notre liturgie dite “romaine”.
Par conséquent, il faut bien voir que la “messe de toujours” n’a été célébrée de façon régulière et stable qu’à partir du XIXe siècle, à la suite du mouvement liturgique se basant sur les enseignements de S. Pie X et les travaux des premiers moines de Solesmes.
Et pour ce qui est de la messe correspondant véritablement à la réforme voulue par Vatican II, on ne pourra en parler d’une façon dépassionnée que lorsqu’on la connaîtra, c’est-à-dire lorsqu’elle sera célébrée dans les paroisses exactement telle qu’elle est décrite dans la Présentation générale du Missel de S. Jean-Paul II.
Mais quand on sait que nos évêques français sont obstinément opposés au respect de cette liturgie-là, on comprend que les débats ont encore de beaux jours devant eux.
On conseillera trois ouvrages à ceux qui souhaitent mieux connaître l’histoire mouvementée de la liturgie romaine ainsi que la façon de bien la célébrer selon sa forme actuelle :
– Accueillir et célébrer l’Eucharistie dans l’esprit de Vatican II (éditions Téqui, Paris)
– Histoire du Missel romain (éditions Téqui, Paris)
– L’art de célébrer (éditions Librim Concept).
Excellente nouvelle ! Cette belle maison des soeurs de Cluny (ancienne laverie et buanderie du noviciat des Spiritains méritait une résurrection. Outre ce qui a été écrit ci-dessus, la position de cette maison est stratégique. Elle est en effet située à un carrefour autrefois très fréquenté : à la limite des paroisses de Priziac, Plouray et Langonnet, sur la route Rostrenen-Le Faouët, elle est à la limite du Vannetais et de la Cornouaille (la frontère est la rivière de l’Ellé toute proche) et jouxte l’abbaye de langonnet fondée en 1136 par le duc Conan III de Bretagne qui abrite les reliques de saint Maurice de Carnoët, (1113- 1191) saint moine cistercien qui se situe dans la lignée de ses glorieux prédécesseurs les saints bretons. On attribue de plus la demeure du roi Morvan Lez-Breizh à proximité du site de l’abbaye (Minez Morvan).
En 1856, une colonie pénitentiaire gérée par les Spiritains est installée à proximité (actuelle ferme de saint Jean-Baptiste. Elle déménage en 1859 sur la colline de Kermainguy et devient la maison Saint Michel confiée à
Quoi de plus beau que ce lieu chargé d’histoire de Bretagne pour fonder cette nouvelle oeuvre d’évangélisation ?
Petit détail géographique : la maison des soeurs de Cluny ne surplombe pas le lac du Bel air qui se situe quelques kilomètres plus loin près du bourg de Priziac, mais l’étang de l’abbaye, relié à l’Ellé, étang créé par les moines cisterciens. En 1904, une turbine hydroélectrique y est installée. (aujourd’hui hors d’usage).
L’expression quelque peu sentimentale et nostalgique d’un paradis perdu « messe de toujours » encore courante chez certains tradi, si elle est maladroite et exagérée n’en recouvre pas moins une certaine réalité. Elle signifie en fait que jusqu’à la parution du missel de 1969, la liturgie, malgré des périodes de décadence était toujours restée dans un développement organique. Les pères conciliaires de Vatican II pensaient plus à une retouche de la liturgie qu’à une refonte totale. Dans l’esprit de beaucoup, quelques changements étaient nécesssaires et beaucoup ont cru que ces retouches étaient achevées lors de la parution du missel de 1964-1965 qui de fait a eu une brève existence 4 ans.
Mgr Lefèvre lui-même en tant qu’archevêque de Dakar et supérieur des Spiritains appelait ces réformes depuis longtemps. Il faut rappeler qu’avant de passer pour un affreux passéistes, MGr Lefèvre était plutôt considéré comme une évêques « novateur » sur le plan pastoral (Cf son livre paru en 1956 : « Des prêtres noirs s’interrogent) C’est d’ailleurs plus sur les problèmes de la collégialité entre évêques et de la liberté religieuse mal définie qu’il s’est battu pendant le concile.
MGR Lefèvre a non seulement souscrit intégralement à la constitution Sacrosanctum concilium », mais la fraternité saint Pie X, dans ses premières années utilisa les livres iturgiques de 1965 et ne reviendra à l’édition de 1962 qu’en 1974. Écône avait donc commencé par l’utilisation d’un missel comportant des prières au bas de l’autel simplifiées (psaume Judica me limité à son antienne) ou omettant le dernier évangile. On ne peut pas soupçonner la FSSPX et Mgr Lefèvre d’être à l’avant-garde de la réforme liturgique…
Voici d’ailleurs ce qu’il écrit au sujet de la liturgie dans la revue itinéraires en juin 1965 :
[…] « Au milieu des oppositions, des exagérations, des discussions qui caractérisent cette période d’adaptation de la liturgie, peut-on espérer qu’une ligne moyenne fructueuse sera trouvée ?
À voir la rapidité, inaccoutumée dans l’Église, avec laquelle dans tous les pays les applications se sont réalisées, on ne peut s’empêcher de craindre que certaines mesures n’entraînent des résultats imprévus et malheureux. Ainsi en est-il de la dévotion au Saint-Sacrement, de la dévotion à la Vierge Marie et aux Saints dont les statues sont éliminées de nombreuses Églises, sans aucun souci de la plus élémentaire pastorale et catéchèse ; de la belle et bonne ordonnance de la maison de Dieu, qui est devenue une maison des hommes plus qu’une maison de Dieu ; de la beauté vraiment divine des chants latins supprimés et non encore remplacés par des mélodies équivalentes.
Cependant de ces constatations devons-nous conclure qu’il fallait garder toutes ces choses sans changement ? Le Concile avec mesure et prudence a répondu par la négative. Quelque chose était à réformer et à retrouver.
Il est clair que la première partie de la messe faite pour enseigner les fidèles et leur faire exprimer leur foi avait besoin d’atteindre ces fins d’une manière plus nette et dans une certaine mesure plus intelligible. À mon humble avis deux réformes dans ce sens semblaient utiles : premièrement les rites de cette première partie et quelques traductions en langue vernaculaire.
Faire en sorte que le prêtre s’approche des fidèles, communique avec eux, prie et chante avec eux, se tienne donc à l’ambon, dise en leur langue la prière de l’oraison, les lectures de l’Épître et de l’Évangile ; que le prêtre chante dans les divines mélodies traditionnelles le Kyrie, le Gloria et le Credo avec les fidèles. Autant d’heureuses réformes qui font retrouver à cette partie de la messe son véritable but. Que l’ordonnance de cette partie enseignante se fasse d’abord en fonction des messes chantées du dimanche, de telle manière que cette messe soit le modèle suivant lequel les rites des autres messes seront adaptés, autant d’aspects de renouvellement qui apparaissent excellents. Ajoutons surtout les directives nécessaires à une prédication vraie simple, émouvante, forte dans sa foi et déterminante dans les résolutions. C’est là un des points les plus importants à obtenir dans le renouveau liturgique de cette partie de la messe.
Pour les sacrements et les sacramentaux, l’usage de la langue des fidèles semble encore plus nécessaire, puisqu’ils les concernent plus directement et plus personnellement.
Mais les arguments en faveur de la conservation du latin dans les parties de la messe qui se font à l’autel sont tels qu’on peut espérer qu’un jour prochain des limites seront mises à l’envahissement de la langue vernaculaire dans ce trésor d’unité, d’universalité, dans ce mystère qu’aucune langue humaine ne peut exprimer et décrire.
Que ne devons-nous pas souhaiter pour que l’âme des fidèles s’unisse, spirituellement, personnellement, à Notre Seigneur présent dans l’Eucharistie et à son divin Esprit, de telle sorte que tout ce qui peut nuire à ce but, par exagération de prières vocales et exagération de rites, par manque de respect à l’Eucharistie, par une vulgarité inconvenante pour les mystères divins, doit être absolument proscrit. Une réforme en ce domaine ne peut être bonne que si elle assure d’une manière plus certaine les fins essentielles des mystères divins tels que Notre Seigneur les a établis et que la Tradition les a transmis. »
Dans le même ordre d’idée, malgré les clichés véhiculés à la fois par ses zélateurs et ses détracteurs, Mgr Lefèvre n’était pas un fanatique de la soutane à tout prix. Quand il se rendait aux Etats-Unis, il portait le clergyman par respect pour l’usage local où les prêtres ne portent la soutane qu’à l’église et au presbytère et le clergyman dans l’espace public. Il encourageait ses prêtres à en faire autant.
Il explique sa position pleine de mesure et de bon ses pastoral.
Dans une lettre de 1963 (pendant le concile) aux Spiritains, il explique :
[…] » Il ne s’agit pas de savoir si le prêtre gardera la soutane, ou s’il portera le clergyman au-dehors et la soutane à l’église et au presbytère ; il s’agit de savoir si le prêtre gardera un habit ecclésiastique ou non. Pour nous, dans ces conjonctures, nous avons choisi de garder l’habit ecclésiastique, c’est-à-dire la soutane dans nos Provinces où elle a été en usage jusqu’ici et le clergyman dans les Provinces où il est en usage, avec le port de la soutane dans les communautés et à l’église. Nous disons : « dans les conjonctures », car il va de soi que si des mesures nouvelles étaient prises vis-à-vis du costume ecclésiastique qui sauvegarderaient les deux principes énoncés ci-dessus : la marque extérieure du sacerdoce et le témoignage évangélique et ce d’une manière décente et discrète, mais évidente, nous n’hésiterions pas à les adopter. » […]