Pourquoi des langues disparaissent-elles?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min
Sur 6.000 langues dans le monde, plus de la moitié sont vouées à disparaître avant la fin de ce siècle.
3.000 à 4.000 langues vont disparaître avant la fin de ce siècle. « Aux États-Unis, cela concerne 90% des langues amérindiennes », affirme Colette Grinevald, linguiste et spécialiste des langues amérindiennes à l’Université Lyon II. Pour LaLibre.be, elle analyse ce phénomène. 
 

Par quel processus une langue est-elle amenée à disparaître ?  

C’est une question de transmission. On peut avoir 100.000 locuteurs d’une langue mais si les plus jeunes (10-15 ans) ne la parlent pas, vous attendez 30 ans et elle n’est plus transmise. Généralement, les gens ne voient pas les langues en danger. En effet, les adultes parlent peut-être leur langue natale mais il faut regarder si c’est le cas du côté des enfants. On peut avoir l’impression que la langue est très vivante et en fait c’est une mort en sursis. Si les plus jeunes ne l’apprennent pas quand ils sont jeunes, une fois adultes, ils ne la transmettront pas à leurs enfants. 

Pour quelle(s) raison(s) les parents ne transmettent plus leur langue ?  

Quand ils ont été convaincus par des pressions extérieures que ce n’est pas bien de parler la langue en question. Il y a plusieurs choses: les idéologies des systèmes dominants selon lesquels une langue de tradition orale  n’est pas une vraie langue. Il y a également les politiques des États-nations qui croient que l’unité de la nation doit passer par l’unité de la langue. Pour eux, c’est une menace à la nation si des citoyens parlent d’autres langues. C’est aussi une question d’attachement à une idée assez simpliste et dangereuse qui est qu’un Etat-nation doit avoir une seule langue officielle et la seule parlée. Même quand il n’y a pas une politique active de la part du gouvernement pour éradiquer les langues, les parents sentent que leur langue n’est pas valorisée, ils se sentent diminués par rapport aux gens de la majorité. Ils pensent alors qu’ils protègent leurs enfants de cette discrimination en ne leur apprenant pas leur langue.  

La disparition d’une langue a-t-elle des conséquences sur la population concernée ?  

Nous sommes ce que nous parlons, nous sommes surtout ce que nos parents nous racontent. Nous sommes des héritiers d’une tradition culturelle. Si nous ne reconnaissons pas la valeur de la tradition culturelle des parents, des grands parents et de ce qu’ils savent de la vie et de ce que leur culture leur a apporté, il nous manque un élément important pour construire notre identité.  

Dans un même pays plusieurs langues nationales peuvent-elles subsister sur le long terme ?  

N’importe quel être humain peut être multilingue. Je n’admets pas cette mise en concurrence des langues. Car un enfant, un être humain, peut très facilement apprendre deux-trois langues et s’en servir complétement naturellement. Dans les pays multilingues, il faudrait encourager le multilinguisme avec la langue de la maison (celle avec laquelle on se transmet la tradition familiale) et l’autre langue pour communiquer au-delà de ce cercle. Il faut que chaque groupe accepte d’apprendre au moins une autre langue. Le problème, c’est que les gens pensent que le multilinguisme est difficile.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD". En 2024, il a également publié avec René Le Honzec la BD "L'histoire du Pèlerinage Militaire International".

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