Barbe, Roch ou Armel : à chaque saint breton, son pardon. De mai à octobre, ces cérémonies fleurissent dans les quelque 6000 églises et chapelles que compte la région. Commémorant les saints fondateurs venus christianiser la Bretagne entre les IIIe et Xe siècles, cette tradition a traversé les âges, rencontrant un engouement jamais démenti. Selon Bernard Rio, auteur du livre Sur les chemins des pardons et pèlerinages de Bretagne (Ouest France, 2019) , « ce qui frappe, c’est la continuité de ce phénomène à travers l’histoire » .
Arborant costumes traditionnels, bannières à l’effigie du saint local et parfois ses reliques, les participants reproduisent des gestes millénaires trouvant leur signification dans les quatre éléments fondamentaux : le feu (un bûcher), l’eau (des ablutions dans une fontaine), l’air (les bannières claquant au vent) et la terre (des déambulations circulaires dans le sens du soleil). Parfois considérés comme des superstitions païennes, les pardons ont pourtant contribué à forger une forte identité à la fois chrétienne et populaire.
Instructif, collectif et festif
« Le pardon est une fête à la fois religieuse et profane ancrée dans le besoin de se retrouver autour d’un clocher » , résume Bernard Rio. À l’origine, le pardon portait d’ailleurs le nom de « rassemblement ». Ce n’est qu’au XIXe siècle que le nom de pardon apparaît, davantage lié à une démarche de pénitence, moins prégnante aujourd’hui. « Avec ces pardons, on retrouve un aspect amical et convivial qu’on ne constate plus dans nos paroisses », analyse Eflamm Caouissin, aumônier militaire engagé dans la paroisse de Notre-Dame de Kernascléden (Morbihan).
Grâce à un groupe d’évangélisation par la culture bretonne dont il est le cofondateur, l’aumônier a contribué à l’essor du pardon de cette commune de 400 habitants, qui voit sa population doubler pour l’événement. « On a rétabli la veillée celtique avec des cantiques en français, en latin et en breton pour que tout le monde soit concerné », décrit Eflamm Caouissin. Habitants du bourg et vacanciers de tous âges et de tous milieux se pressent dans la petite église pour assister à la cérémonie, qui a lieu le 15 août, ou pour prêter main forte à l’équipe organisatrice.
(Photo Ar Gedour – DR)