[DIOCESE DE SAINT-BRIEUC & TREGUIER] Un synode pour réveiller la foi des Bretons

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min
La chapelle Saint-Yves à Plésidy (Côtes-d’Armor) accueille chaque année un pardon dédié au saint patron de la Bretagne.
La chapelle Saint-Yves à Plésidy (Côtes-d’Armor) accueille chaque année un pardon dédié au saint patron de la Bretagne. / Mélinée Le Priol

 

Lu dans la Croix (2/06/2017), article de Mélinée Le Priol, Plésidy, Bourbriac (Côtes-d’Armor)

 

Le synode qui se tient depuis un an et demi dans le diocèse de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) se clôt ce dimanche 4 juin.

L’évêque Mgr Denis Moutel en proclamera les orientations, parmi lesquelles devrait figurer la valorisation du patrimoine religieux, notamment les nombreuses chapelles.

En ce dimanche de la Saint Yves, patron de la Bretagne, des avocats et des juges, toute l’Église des Côtes-d’Armor a convergé vers Tréguier où se tient chaque année un incontournable pardon rassemblant près de 10 000 personnes. Toute ? Non ! Un village d’irréductibles honore son propre pardon de Saint Yves, dans sa chapelle du même nom.

Nous sommes à Plésidy, bourgade de 600 habitants située au sud de Guingamp. Ce n’est pas que les Plésidiens veuillent (ni puissent) faire concurrence à Tréguier, à une trentaine de kilomètres, mais ils sont bien décidés à faire vivre leur chapelle. Or, en Bretagne, qui dit chapelle dit pardon, une fois par an et à date fixe. C’est en général l’unique messe que ces robustes constructions de granit, datant souvent du XVe siècle, accueillent dans l’année. Le reste du temps, la plupart d’entre elles sont fermées.

Un patrimoine exceptionnel

Après la célébration en français, conclue par un cantique en breton, quelques dizaines de fidèles échangent, sur le parvis, sur les travaux à mettre en œuvre pour restaurer l’église paroissiale de Bourbriac, la commune voisine. Ils se rappellent aussi les dates des prochains pardons dans les environs. Car Saint Yves n’est pas la seule chapelle du secteur : il y en a quatre autres à Plésidy et encore cinq à Bourbriac, qui abrite aussi 27 calvaires…

Ce patrimoine exceptionnel a fait l’objet d’une attention particulière pour le synode diocésain qui se clôt dimanche à Saint-Brieuc. Depuis décembre 2015, un millier d’équipes synodales y ont participé et trois assemblées synodales se sont tenues. Christian Le Lay, qui préside la commission Foi et culture bretonne du diocèse, a été frappé par « l’assentiment quasi général », remporté par les propositions liées au patrimoine, deuxième des douze grands thèmes débattus. Par exemple, permettre aux paroisses de participer aux journées du patrimoine en septembre, ou encore instaurer une journée de formation à la visite d’église.

Ce patrimoine serait-il en danger, pour que le synode insiste ainsi sur sa valorisation ? Pas vraiment, grâce aux subsides d’associations locales et aux aides fournies par les communes pour les plus gros travaux. Michel Diridollou préside depuis quarante ans le comité de la chapelle du Danouët, à Bourbriac. Des habitants non-croyants ou non-pratiquants l’aident régulièrement pour des travaux d’entretien ou de restauration, ainsi que pour l’organisation du festival de danse et musique traditionnelles qui se tient au jour du pardon, chaque 15 août.

« Je ne vais pas à la messe, mais j’ai toujours aimé les chapelles, explique ainsi Marie-Helène Pommelec, très investie dans la préservation du Danouët. C’est notre histoire ! »

Si le patrimoine est fédérateur, sa signification religieuse n’est pas toujours revendiquée. Loin de la ferveur qui subsiste encore dans le Léon (nord Finistère) ou dans le pays vannetais (Morbihan), le Trégor costarmoricain est l’une des zones les plus déchristianisées de Bretagne. Fortes d’une tradition contestataire remontant à la révolte rurale des Bonnets rouges (1675), ces communes ont longtemps voté communiste. Jean-Luc Mélenchon y a souvent dépassé les 25 % au premier tour de la présidentielle.

Ne pas en rester aux « vieilles pierres »

Pour le diocèse, l’enjeu est donc de ne pas en rester aux « vieilles pierres » mais de rendre ce patrimoine vivant, voire d’en faire un instrument d’évangélisation. C’est justement le sens de la démarche de Jef Philippe, qui souhaite faire vivre aussi les chapelles en dehors du pardon. Ce diacre du pays de Guingamp publie régulièrement des articles sur les chapelles, fontaines, calvaires, ossuaires et autres enclos paroissiaux, notamment dans la presse locale. Il espère que ces explications « réveillent quelque chose de la foi des gens, mais c’est invérifiable… »

Il organise aussi des marches à caractère patrimonial dans la campagne, notamment pour les élèves des écoles catholiques, et tient à toujours y introduire une dimension de catéchèse. Ce bretonnant en est convaincu : la culture bretonne au sens large (langue, musique, architecture, etc.) reste ici – et redevient même – l’un des « canaux de la transmission de la foi ».

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Douze thèmes abordés lors du synode

Au terme de 18 mois de travail, les 7 000 participants aux équipes synodales du diocèse de Saint-Brieuc ont produit 10 000 pages de contribution.

Douze thèmes ont été abordés, comme l’évangélisation, la jeunesse ou encore la liturgie et les sacrements.

Trente-six propositions ont été retenues, et les orientations de Mgr Denis Moutel devraient s’articuler autour de quatre grands axes : choisir l’espérance, favoriser les expériences d’intériorité, construire la fraternité et servir les personnes.

À partir de septembre, le diocèse entrera dans la phase de réception du synode et un comité de suivi devrait être constitué. Une évaluation intermédiaire est déjà prévue pour 2020.

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