Par Alan J. Raude*
Le clan Maxwell a connu de grandes heures, comme en témoigne le château aux Trois Tours de Caer Laverock, au nom clairement brittonique : la Bretagne, avait, à Languidic (56) une seigneurie de Kerlavarec Ce château-fort se dresse à l’embouchure du fleuve côtier Nith, qui a un homonyme breton au nord de la Pointe Saint-Gildas. Du sixième au quatorzième siècle c’était là la principauté bretonne de Strad -Clud (Strathclyde en anglais).
Dans ce pays, qui a subi les invasions anglaises, les archives du clan ont disparu; Le nom du clan se voit expliqué bizarrement par celui d’une fontaine, » Maccus-Well « , souvenir, dit-on, d’un chef norois – perfectly far-fetches, indeed !
A Caer-Laverock on attend naturellement un nom de clan brittonique. Or gwely, en gallois, a le sens de » lit « , et aussi de « clan » (de même gwelygordd » mesnie « ). En Bretagne la commune cacographiée Guilligomarch, correctement Gweligonvaech, signifie » Clan de Konvarch « , de *Wolegis Cunomarci. On ne peut douter que le -well de Maxwell soit en fait -wely, » clan « .
Pour Max-, on s’éclairera à l’ aune du soit-disant Dark Age. De 380 à 383, le comte Magnus Clemens Maximus, en fonctions en Britannie, avait épousé Elen, fille de Outam L’Ancien, père, entre autres, de Beli-Worthïern et de Conan Mériadec. Maxime et Elen eurent plusieurs enfants. Les souverains de l’ île de Man, notamment, passaient pour descendre de leur fils Antonius. Il est donc vraisemblable que se soit perpétué un Maximi-wolegis > *< Maxivwely > *Maxwely.
A ceci s’ ajoute l’ étymon latin de Caer-Laveroc : *Castrum Glaberâcum (ou -Glalberâci) » Fort du Chauve « . Or dans le Livre des Faits d’ Arthur, Maximus est appelé Maximus Mela, où l’on trouve le celtique *mêl- » chauve « . Bien que ses monnaies le présentent chevelu, il semble que Maxime ait été connu comme chauve.
Maximus fut donc en poste en Britannie de 380 à 383, en tant que Comes Britanniarum, généralissime des forces du nord, en particulier celles de la province militaire de Valentia, créée au nord du Mur d’Hadrien, en 370, par Théodose l’Ancien. A l’époque on avait sécurisé la limite ouest du territoire en déplaçant une garnison du Mur d’Hadrien vers l’ ouest, sur la Nith, fondant ainsi le fort de *Dunon Frisionon, d’où l’actuel Dumfries. Freacan, père de Gwennole, devait en être. Entretemps l’épidémie, qui décida Freacan et Winda à abandonner le domaine de celle-ci ,dut décimer la garnison.
En 381 les Scots installés en Galloway lançaient leurs raids de pillage en » territoire protégé » (*wotepâkos > guotepauc > godeboc). Maximus les fit pourchasser. C’est sans nul doute à cette occasion qu’il fit édifier son castrom à l’embouchure de la Nith, à la limite de la Valentia.
Le rouge dominant du tartan Maxwell s’accorde avec le souvenir de celui qui fut Macsen Wledic, Galicien, empereur et sujet de légendes.
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* Ouvrages d’Alan Joseph Raude (linguiste, historien et hagiographe)
- L’origine géographique des Bretons armoricains. Série Etudes et recherches de Dalc’homp Soñj
- Ecrire le gallo : précis d’orthographe britto-romane
- Petite histoire linguistique de la Bretagne
- Introduction à la connaissance du gallo
- Liste des communes galaises du département des Côtes-d’Armor (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- Liste des communes du département de l’Ille-et-Vilaine (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- Liste des communes du département de Loire-de-Bretagne (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- Liste des communes galaises du département du Morbihan (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- La Naissance des nations brittoniques – de 367 à 410 –, Ploudalmézeau : Editions Label LN, 2009
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