Alan Stivell vient de publier sur Facebook une lettre ouverte d’artistes et de personnalités pour dire NON à la francisation des noms de lieux et de rues.Cela fait suite à l’affaire de « Telgruc / Mer » qui a récemment défrayé la chronique.
Le fait d’apposer des noms français dans les villes de Bretagne ou d’utiliser des noms de personnalités non bretonnes n’est pas nouveau pour baptiser les rues, et cela est déjà bien regrettable. Comme si nous n’avions pas assez de hauts personnages bretons pour baptiser nos chaussées. Comme si la toponymie bretonne n’avait jamais existé…
Mais prenons conscience que cela est en rapport étroit avec la grande braderie des noms de villes dont nous nous sommes déjà fait l’écho. Ainsi, Yvon Abgrall disait il y a quelques mois dans un article que, lors de la révolution française “le langage citoyen branché imposait que pour rompre avec le temps des tyrans , tout se devait de devenir « ci-devants ». On débaptisait et l’on renommait : la noblesse, le clergé, les cathédrales, les églises, les places et les rues, les villes et villages, les fêtes, le calendrier, privés de leurs identités séculaires, devenaient des « ci-devants ». Les Provinces perdaient parfois jusqu’à leur nom tout aussi multiséculaire qui avait imprimé leur Histoire et se voyaient affubler de noms nouveaux. Ainsi, pour la Bretagne dont le nom disparaissait dans les culs-de-basse–fosse de la Révolution, les antiques Pays, les fameux Broioù . Les « Bro Leon » et « Bro Gerne » (Cornouaille), devinrent le Finistère ; les Bro Dreger et Penthièvre / Goëlo les Côtes-du-Nord, requalifiés plus tard en Côtes- d’Armor. Le Bro Gwened (Pays de Vannes) devint le Morbihan (seul département à recevoir un nom en breton) ; le Bro Sant-Malo, le Bro Zol (Dol) et le Bro Roazhon devinrent l’Ille–et-Vilaine, qui laissera la place à la Brétilie ou aux moins aux Brétiliens, le nouveau nom des habitants de ce département (sic). Le Bro Naoned est quant à lui devenu la Loire- Atlantique après être passé en Loire Inférieure. La Révolution, en quelques séances de palabres citoyennes, rayait des siècles d’Histoire”.
Comme le disait Vincent Peillon, « la révolution française n’est pas terminée ». La francisation à outrance n’est ni plus ni moins que l’héritage encore présent et vivant de cette révolution française qui au-delà des siècles continue patiemment son travail destructeur de rouleau compresseur annihilant ce qui reste de la Bretagne.
Voici le texte de cette lettre ouverte.
Qu’en sera-t-il demain, du peuple breton si plus rien ne le ramène à sa langue, ses racines, son histoire, son territoire ?
A la demande de la Poste, des mairies de Basse Bretagne décident de franciser des lieux dits portant une dénomination en langue bretonne ou attribuent des noms de rue en français aux rues connues en breton.
Comment des mairies peuvent-elles obtempérer sans réfléchir aux injonctions de l’administration qui organise la dé-bretonnisation par idéologie jacobine ? Le rouleau compresseur avance, imperturbablement,
Cette efficience-là à l’odeur du totalitarisme. Serons-nous plus heureux dans une Bretagne totalement francisée, le courrier arrivera t-il plus vite, les secours aussi ? tant qu’à faire pourquoi pas donner des noms anglais ou chinois tout de suite ?
Les touristes qui se plaisent à découvrir la différence bretonne seront-ils mieux à même d’apprécier la Bretagne évacuée de sa toponymie et arborant partout les noms de rue « des lilas », « des mimosas », comme à Paris ?
Qu’en sera-t-il demain, du peuple breton si plus rien ne le ramène à sa langue, ses racines, son histoire, son territoire ?
Ces mairies oublient-elles que nos langues ont été érigées dans la Constitution en patrimoine de la France et qu’ils ne peuvent prétendre défendre les intérêts de leurs mandants en niant leur propre langue et leur culture ?
Elles oublient que nos langues participent du patrimoine de l’humanité ? Elles feraient mieux de l’enrichir que de l’appauvrir !
La Bretagne recèle d’innombrables appellations de lieux en breton couchées sur les anciens cadastres et qui ne demandent qu’à être utilisé. C’est une richesse !
Les Bretons font face au plus grand péril de leur histoire, celui de la tentation au renoncement. Partout ailleurs en Europe, les peuples redressent la tête et sauvegardent leur culture, la Bretagne fait figure d’exception. Après le très faible enseignement de nos langues voici la destruction de sa toponymie.
Les signataires appellent à un véritable sursaut collectif, à une prise de conscience de nos valeurs linguistiques. Le Conseil régional de Bretagne doit s’emparer sans délai du problème via les relais dont il dispose et notamment la conférence des territoires.
Le GPS parle aussi en breton. Si ces mairies craignent pour l’acheminement du courrier ou des secours, il leur revient de former leurs agents aux rudiments de notre langue. Ils en ont les moyens. D’ailleurs nous sommes nombreux à écrire nos adresses en breton et ça marche!
Les signataires appellent à se joindre à la manifestation du 14 septembre 2019 à TELGRUC.
C’est tout simplement monstrueux ! On veut tuer l’âme de notre peuple
Si on a un patronyme breton, il faut aussi en changer pour faire plaisir à la Poste ?!