Les amateurs de musique bretonne connaissent le talentueux Pierrick Lemou, violoniste autodidacte au phrasé aussi mélodieux dans le répertoire classique que dans le riche répertoire celtique. Il faut savoir que sa passion pour la musique débute par du collectage dès l’adolescence. Son travail de recherche et le fruit de ses collectes en fait aujourd’hui un expert de la culture musicale bretonne. Il est l’auteur notamment du CD référent « Sonneurs de violon en Bretagne » et du livre « Musique Bretonne ».
Dans cet album au titre enraciné, l’artiste nous conte avec brio dix siècles d’histoire du violon en Bretagne. Après de multiples collaborations musicales au sein de différents groupes connus ou auprès d’artistes comme Alan Stivell, Paddy Moloney, Christian Lemaître ou Carlos Nuñez, il laisse place à son fort intérêt pour les musiques anciennes, explorant au fil des titres les parallèles entre celles-ci et les musiques traditionnelles celtiques.
Parfait dans sa lutherie et parfait dans son usage, le violon est sans aucun doute l’instrument le mieux introduit dans nos traditions musicales occidentales. On le retrouve partout et depuis la Renaissance, l’occident a fait du violon le roi des instruments ! Il joue dans tous les coins, il fait vivre toutes les musiques, il soulève les passions et exprime dans sa langue, ses émotions. Ses lointains ancêtres abondés depuis le Moyen- âge, à l’instar de la vièle à archet qui est à l’époque la meilleure compagne du musicien : « Elle chante, danse, accompagne et joue en polyphonie ».
En Bretagne, les témoignages sur son usage populaire remontent au moins à la fin du XVII e siècle. Nous avons en amont également de nombreux récits dès le moyen âge qui relatent par exemple des joueurs Bretons de rebec ou de crwth dont les talents étaient connus et reconnus dans de nombreuses cours d’Europe.
L’idée première de cet opus, c’est indubitablement un voyage musical sur plus de 10 siècles autour d’un instrument bien ancré dans l’imaginaire populaire, confie Pierrick Lemou. Des violons primitifs aux violons anciens puis aux modernes, ce sont des archéologies que j’exprime en musique à travers un répertoire éclectique allant du Moyen-âge, à la Renaissance, au Baroque et plus singulièrement aux emprunts (voire aux embruns !) des musiques traditionnelles d’Irlande, d’Ecosse et de Bretagne. J’ai eu la volonté première d’ancrer ces chroniques mélodieuses le plus possible avec l’Histoire et ces traditions mais aussi par le jeu et à la manière des ménestriers et autres violoneux, entre musiques savantes et populaires les influences sont multiples.
L’album s’ouvre sur une mélodie du Xème siècle intitulée « Alan al Louarn & Bleizi Mor », un chant de guerre interprété en breton, et se poursuit entre airs à la tonalité médiévale assumée et d’autres aux sonorités plus celtiques. Nous vous laissons la surprise de découvrir le dernier titre qui surprend au premier abord et fait sourire. Le résultat est une réussite incontestable, dans une expression maîtrisée à souhait, laissant ainsi la place à des harmonisations particulièrement agréables à l’oreille et capable de retransmettre une certaine émotion. C’est beau. C’est frais ! Un régal musical dans un monde qui voit si facilement le chaos et la désespérance, cet album est un souffle d’air pur à vous redonner le sourire pour une journée et plus encore.