J’y étais invité en qualité d’étudiant en Théologie à l’Université Catholique de l’Ouest, site du Vincin à Arradon ; au cours de la remise des diplômes, le samedi précédent, notre directeur des études, le Père Gildas Kerhuel, avait insisté sur la nécessité de notre présence à ses côtés.
J’ai donc fait opportunément le déplacement à Vannes depuis les lointaines rives du Blavet, au fond du Kornog morbihannais, pour retrouver, sous un beau soleil matinal et hivernal, l’évêque entouré de ses vicaires, des chanoines du chapitre cathédrale et des grands dignitaires séculiers et réguliers, bref, tous ceux, clercs et laïcs, qui comptent, ou croient compter, dans le diocèse de Vannes.
Aux côtés de mes camarades de fac, rapidement retrouvés, j’ai écouté avec plaisir le discours plein de finesse et d’humour du Doyen du Chapitre, le Père Adolphe Mayeul, qui s’est fait notre interprète à tous pour offrir à Mgr Centène, les voeux de la communauté catholique du diocèse.
Dans un saisissant raccourci, il nous a rappelé que les fréquents déplacements de notre évêque à Paris-gare Montparnasse, par le train, l’amenait forcément à apprécier les « six gares de là, à Vannes » : celles de Chartres, du Mans, Laval, Rennes et Redon, un comble pour un non-fumeur !
L’évêque lui a répondu avec sa verve habituelle, sa rigueur de juriste et sa chaleur de méridional à peine tempérée maintenant par les frimas bretons.
Sans doute en raison de sa prochaine visite pastorale dans le secteur de Ploërmel prévue cette année, c’est Jean-Marie de Lamennais (1780-1860) qui, cette année, a été mis à l’honneur par les deux orateurs successifs.
Ancien vicaire général de Saint Brieuc, puis de la Grande Aumônerie à Paris, il abandonne ces hautes fonctions particulièrement flatteuses pour se consacrer entièrement à l’institut des frères de l’Instruction Chrétienne – à ne pas confondre avec les « frères 4 bras » des Ecoles Chrétiennes, institut créé à Reims par Jean Baptiste de la Salle (1651-1719) – qu’il a fondé avec le curé d’Auray, Gabriel Deshayes (1767-1841), consacré à l’instruction de la jeunesse qui en manque cruellement, hier comme aujourd’hui, donnant ainsi une actualité prégnante à son oeuvre installée depuis 1822 dans l’ancien couvent des ursulines à Ploërmel.
Mais les jeunes, quels qu’ils soient, ne sont-ils pas, parmi les pauvres, ceux auxquels nous devons, en premier lieu, porter toute notre attention affectueuse et pleine de miséricorde ?
Jean Marie de Lamennais et Gabriel Deshayes sont indiscutablement au nombre des saints bretons appelés à figurer un jour, sinon au canon de l’Eglise, du moins menhirisés au sein de la Vallée qui leur est désormais consacrée à Carnoët…
Attention à ne pas confondre non plus Jean-Marie avec son jeune frère, Félicité (1782-1864) dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas mort en odeur de sainteté en raison de ses idées progressistes qui le conduiront à s’éloigner de l’Eglise (encycliques Mirari Vos – 1832 et Singulari Nos – 1834) et à se faire enterrer civilement dans la fosse commune du Père Lachaise.
Tout cela pour dire que l’approfondissement de ses connaissances théologiques reste un devoir pour chaque chrétien qui ne doit plus se contenter de rester, dans cette matière, au niveau CE2, alors que, par ailleurs, il aura largement progressé sur un plan scientifique et technique, ses connaissances professionnelles ayant comblées, heureusement, ses quelques carences scolaires.
Les études théologiques ne doivent pas faire oublier qu’il s’agit d’étudier la parole sur Dieu, et que la meilleure façon de le faire est de s’attacher aux pas de celui qui l’a révélé dans la bonne nouvelle de l’Evangile : Jésus, « gwir Doue, gwir den », comme on dit chez nous.
Ghislaine Le Masne, de Lanvenegen (Doyenné du Faouët), est de ces chrétiennes qui cherchent à approfondir leur foi : elle a satisfait avec bonheur aux épreuves : 800 heures de cours, validées dans chaque matière par un devoir auquel elle a obtenu la note requise, 7 thèses préparées dont 2 ont été soutenues oralement samedi dernier devant un jury de professeurs de théologie venus spécialement d’Angers et un mémoire d’histoire de l’Eglise d’une quarantaine de pages lui ont permis de recevoir le Diplôme Universitaire d’Etudes Théologiques (DUET) qui lui a été délivré par l’Université Catholique de l’Ouest (UCO) et remis en grande pompe, à l’issue de la cérémonie, par Mgr Centène, lui-même, sous les applaudissements nourris et mérités de l’assemblée présente.
Cérémonie qui sera suivie du vin d’honneur d’usage qui permettra à chacun de rencontrer les uns et les autres et d’échanger sur des sujets précis que l’on ne prend pas toujours le temps d’aborder.
Parmi ceux-ci, le sort de notre professeur d’Ancien Testament, Mgr Maurice Roger, excellent cours sur les prophètes – il m’a mis une bonne note ! – . N’étant pas lecteur habituel du « Télégramme », dont un article, paru le matin même de la cérémonie des voeux, sur les circonstances de son remplacement et de son départ, je n’ai pu en faire état auprès de mes correspondants qui, comme moi, en savent bien plus long sur la question que ce qu’ils voulaient en dire.
L’article susvisé n’en est pas moins confus : une somme empruntée est, par définition, sujette à remboursement mais tel n’est pas le cas d’une somme donnée. Pour autant, l’emprunteur comme le bénéficiaire du don doit, à peine d’engager sa responsabilité pénale, respecter la destination des biens reçu et en faire l’usage contractuellement prévu par l’acte de prêt ou de donation.
Sans approfondir d’avantage les qualifications pénales susceptibles d’être retenues contre mon malheureux professeur, j’ai chargé le Père Gaëtan Lucas qui lui a succédé dans ses fonctions de Vicaire Général de lui transmettre ma respectueuse sympathie et de lui assurer que je la lui conserverai, quelques soient les circonstances.
On sait que quand il y a de l’homme, il y a aussi, et forcément, de « l’hommerie » comme aimait le rappeler le grand Saint François de Sales (1567-1622), lui-même.
Et puis, à tout péché miséricorde.
Personne en tout cas, moi le premier, ne disconviendra qu’en matière pénale la tolérance zéro est la seule admissible pour tout le monde et que le crémant d’Alsace qui nous était abondamment servi, valait presque le sauvignon de Reuilly.
Allez, bonne année 2017 ! Et bonne santé, surtout….