La première semaine d’août, c’est maintenant établi : c’est Trobreiz !
En 2018, c’était Tréguier – Saint Brieuc, un parcours déjà effectué en 2011.
C’est la 10° année, depuis mon départ de Brangolo en 2008… Mon bâton est maintenant bien émoussé, mais encore utilisable, ce qui n’est pas le cas des chaussures dont les semelles sont devenues fines comme des crêpes, bientôt « dentelles » : j’ai fait l’acquisition de nouvelles chaussures, mais basses et légères.
Toujours dans la recherche d’un meilleur confort, l’âge venant inexorablement, je me suis mis à la recherche d’un lit « picot », du nom de son inventeur militaire. J’avais le souvenir de croisillons en bois de frêne pour la légèreté, je n’en ai trouvé qu’en tubes de métal, un peu lourd, mais quel agrément : le sol est bien moins bas, au coucher comme au lever.
Cette année-là, mon tour étant bouclé depuis maintenant 3 ans, j’ai décidé de rendre à l’asso un peu de ce qu’elle m’a procuré depuis toutes ces années, en me mettant au service de l’organisation, au moins partiellement : marche la matin et sécurité l’après-midi, par exemple, en fonction des « nécessités de service », comme l’on dit.
Dans cette optique, j’ai fait l’acquisition d’un fauteuil de camping pliant, plus confortable avec le dossier et les accoudoirs que le simple tabouret de battue : comme sur un plateau de cinéma ou de théatre, l’attente entre deux prises de vue se vit plus aisément assis que debout.
Le service envisagé nécessite d’être mobile et donc, véhiculé ; qu’à cela ne tienne, je prends ma voiture.
Il faut être non seulement mobile, mais branché : j’ai acheté une prise USB qui a pris la place de l’allume cigare, désormais bien inutile, grâce à quoi mon téléphone portable reste constamment opérationnel sans qu’il me soit besoin d’aller à la recherche d’une hypothétique prise de courant…
J’ai également ressorti mon vieux GPS du tiroir de mon bureau où je l’avais relégué peu de temps après son acquisition, mais impossible de le brancher sur la prise du portable. Il me faudra choisir entre le portable et le GPS…
Ma première fonction – et pas la moindre – sera celle de chauffeur de Marie-Joseph que j’ai eu l’honneur et le plaisir de conduire jusqu’à Tréguier où elle arrivera saine et sauve, à l’heure pour l’Assemblée Générale prévue le dimanche 29 juillet à 17 h à la salle omnisport, rue du Guindy, près de la gendarmerie, on ne sait jamais.
Le premier soir, à Tréguier, le temps menaçant, j’ai bien volontiers accepté l’invitation de mes amis qui m’avaient aimablement conservé une petite place dans le logement collectif dont mon inscription tardive m’avait privé.
J’ai déplié mon beau lit picot en métal et passé une excellente nuit en bonne compagnie.
Au petit matin du lundi 30 juillet, j’ai plié mon barda que j’ai entassé dans ma voiture pour rejoindre la cathédrale et assister à la messe d’envoi concélébrée par Mgr Denis Moutel, évêque de Tréguier et Saint Brieuc : il marchera tout le long de la semaine avec nous.
Et hop, en route ! Après les monitions d’usage de Marie Joseph qui nous a tracé le chemin, comme elle l’avait déjà fait il y a 7ans… Malgré ce que je pouvais en craindre, l’itinéraire suivi n’a pas du tout été le même : les tro breiz se suivent mais ne se ressemblent pas. Nous avons remonté la rive gauche du Jaudy jusqu’au sémaphore de Créac’h Maout, de triste mémoire ; je ne connaissais ni la chapelle Saint Votrom en Trédarzec ni celle de Notre Dame de Brestan en Pleubian où je suis arrivé en compagnie d’Eflamm Caouissin, le rédac’chef de l’incontournable blog « Ar Gedour ».
C’est lui qui m’a ramené à Tréguier pour récupérer ma voiture que j’avais laissée sur le parking de la place Leclerc, aux pieds des murs du cloître de la cathédrale.
Il arrive que le service sécurité bénéficie d’auxiliaires particulièrement efficaces
Avec la voiture, le problème est de pouvoir la récupérer chaque soir à l’arrivée de l’étape : trouver une bonne âme qui me ramène au point du départ du matin… D’autant qu’à l’intérieur, s’entasse en outre tout le matériel nécessaire au campement que le camion approprié véhiculait consciencieusement les années précédentes. Et, cette année, le lourd lit picot tout neuf.
A Pleubian, j’ai installé mon campement à proximité de la salle du Sillon, bien loin de l’église et du centre-ville, ainsi je suis tout près du lieu de restauration et du fest noz : je gare ma voiture sur le parking de la salle de yoga, mon lit picot déplié au bord d’un champ d’artichauts ouvert à l’est au soleil levant, aux pieds d’un talus susceptible de me protéger du vent d’ouest, s’il venait à se lever.
En fait de vent, c’est la pluie, à 2 h 38 qui m’a surpris dans mon sommeil m’obligeant à plier bagages en catastrophe et à aller finir ma nuit recroquevillé dans ma voiture.
Le lendemain, mardi 31 juillet, sur la route de Lézardrieux, après la pause déjeuner sur les bords du Guindy, le chef sécurité, Jean-Claude, à la disposition duquel je m’étais mis dès la veille, a requis ma collaboration pour aider à la surveillance des véhicules sur la petite route à Kervoas en direction de la chapelle de Kermaria.
Ça a été mon premier poste. En réalité, j’ai surtout servi de plot pour indiquer la direction à suivre, en effet, aucune automobile n’est venue perturber le flot des pèlerins…
Le soleil et la chaleur étant revenus, j’ai mis à profit la fonction pour étendre dans un champ voisin mon pauvre lit picot tout humide de sa nuit, mon sac et mes effets de couchage, trempés. En quelques dizaines de minutes, tout était sec, prêt à resservir …
Arrivé à Lézardrieux j’ai, pour plus de commodité, laissé ma voiture dans le périmètre du terrain de sport, à proximité des douches. Mal m’en a pris….
En effet, le lendemain, mercredi 1° août, j’ai marché toute la journée ; mais lorsque nous sommes arrivés à Plouezec et après que Jean-François Kermen ait eu la bonté de me ramener au point de départ pour me permettre de récupérer mon véhicule là où je l’avais laissé, je me suis avisé que le terrain de sport était fermé d’une solide grille cadenassée et la mairie fermée, passé 18 h !
Une chance, la personne avisée par hasard sur le square du Souvenir où s’était déroulé les festivités la veille s’est avérée être un adjoint au maire qui a pu contacter le responsable des pompiers grâce auquel mon véhicule a pu être libéré de sa fâcheuse posture et je me suis juré, en me confondant en excuses, que l’on ne m’y reprendrai plus !
J’ai pris bien soin, à Plouezec, de ne pas risquer pareille mésaventure : j’ai mis ma voiture à l’extérieur du stade Michel Guillermic et installé mon campement sur les nouveaux gradins…
Le Jeudi 2 août, sur le chemin de Lanvollon, mon concours a été requis matin et soir pour le service « sécurité » : le matin avec Jean-Luc et un de ses collègues habitués de la fonction pour assurer aux marcheurs remontant l’allée cavalière du petit château de Lanloup une bonne sortie sécurisée sur la D786.
Tout d’abord, trouver l’emplacement exact du point à sécuriser en s’aidant du balisage mis en place un peu plus tôt par les bénévoles qui en sont chargé.
En général, il suffit de transmettre les coordonnées, longitude et latitude, du point à sécuriser au GPS dont la voix suave vous y conduit directement. Mais pour ceux qui ne sont pas équipés d’un tel appareil, le recours à la bonne vieille carte d’Etat-Major s’impose, merci l’IGN (institut géographique national) !
Encore faut-il l’avoir en sa possession, et la bonne, mais en général, le responsable sécurité à tout prévu à cet égard….
Mon inquiétude c’est quand mon navigateur se met à tourner la carte dans tous les sens pour retrouver celui de la route… sur une carte, le nord est toujours en haut de la feuille !!
Une fois sur place, après s’être assuré par la présence des banderoles et panneaux qu’il s’agit bien du point à sécuriser, il faut, ensuite, attendre, s’armer de patience… Mais qu’est-ce qu’ils font ? Est-ce le bon endroit ? Et tout d’un coup, on voit les gilets jaunes des ouvreurs suivis d’une meute de piétons s’avancer de front ! « Sie kommen ! » « Ils arrivent ! »
Et pendant un temps infinitésimal, il faut canaliser le flot des pèlerins en fonction de celui des automobiles qui, de part et d’autre est lui-même interrompu momentanément par les collègues.
Le trobreizien est un pèlerin perdu dans ses pensées et abîmé dans ses prières comme un moine de chœur engoncé dans sa stalle, la capuche de sa coule sur les yeux. Il ne voit rien de ce qui l’entoure, depuis des heures il met un pied devant l’autre et recommence, il est dans son monde…
C’est à nous les membres de la sécurité de lui rappeler, avec le plus de tact possible, les affres du temps présent, le danger des voitures lancées à toute allure, il est surpris d’apprendre qu’il n’est pas le seul, avec ses camarades de marche, à utiliser les chemins et routes et qu’il lui faut partager avec des engins à moteur potentiellement dangereux…
Tout s’est bien passé.
Après le déjeuner sous les frondaisons du château de Boisgélin sous forme, pour moi, du sandwich maison offert par S. E. l’Ambassadeur du Prince de Lichtenstein lui-même, nous avons été envoyé sur le site de la chapelle Saint Jacques en Tremeven, sur les bords du Leff que je me rappelle avoir, il y a 7 ans, en 2011, négligé de visiter « par paresse et gloutonnerie, pressé que j’étais d’avaler mon sandwich » (« Chroniques d’un viator » Edilivre 2016, page 71). J’ai eu tout le loisir de réparer cette coupable négligence : j’ai admiré à l’intérieure de la chapelle le retable encadré des statues des fils de Zébédée et Salomé, les fils du tonnerre, « boanérgués » (Mc 3, 17), Jacques et Jean. Et, à la fontaine, celle, majestueuse, de Jacques qu’on dirait tout droit sortie des ateliers galiciens de Maître Mateo.
Voilà un avantage de la fonction « sécurité » : arrivé tôt sur les lieux, on a tout le temps, avec le Père Dominique de Laforrest, d’admirer les lieux et de recueillir de sa part toutes explications utiles.
A Lanvollon, j’étais installé derrière la salle de restauration, mais le sanitaire s’est avéré assez rustique.
Le vendredi 3 août, j’ai fait équipe avec mon camarade Patrick, vieil habitué des chemins de toutes sortes dont l’autorité naturelle fait merveille dans la fonction : le matin sur la D 79 au sud de Tressigneaux entre le carrefour de saint Quay et Kerprat que les marcheurs ont emprunté sur quelques centaines de mètres et l’après- midi, après le repas pris dans les frondaisons de la belle église de Notre Dame de la Cour, au Pont de la Motte, à la sortie de Lantic, la traversée de la D4 menant à Binic, notre étape
Samedi, départ de Binic pour Saint Brieuc.
Trouver la plage des Rosaires.
Servir de plot et surveiller le bain du Père Arnaud, recteur de Pornic
Déjeuner à l’espace des corsaires à St Laurent sur mer.
Assurer la descente sur le Légué à l’arrivée sur Saint-Brieuc.
Sécuriser le parcours de la procession entre la place du Martray et l’église saint Michel où, la cathédrale étant en travaux, était fixée l’arrivée des pèlerins.
Ouf !!
L’an prochain, je me mettrai entièrement sous les ordres de Jean-Claude : départ de Saint Brieuc le 29 juillet à 8 heures vers Saint Malo puis Dol, siège de saint Samson…
Trois cathédrales la même semaine, il va y avoir du goût !!
Soyez y nombreux, on le sera tout autant pour sécuriser le chemin !