« Bezit laouen en Aotrou, bezit bepred laouen, tost emañ an Aotrou » (Fil 4, 4-5)
Cette année, comme à chaque dimanche de l’Avent, nous vous faisons partageons des chants de l’Avent en breton. En ce dimanche de Gaudete, troisième dimanche de l’Avent, voici ci-dessus le célèbre Veni Veni Emmanuel, un chant, issu des anciens antiphonaires, qui a été interprété de multiples manières, particulièrement dans l’Octave de Noël (du 17 au 23 décembre). Cette Hymne de l’Avent paraphrasant les antiennes Ô (cf ci-dessous) apparaît tardivement au XVIIIe siècle dans Psalteriolum Cantionum Catholicarum (Cologne 1710) et fut adaptée en anglais par J. M. Neale. Le chant est proposé sur le site Kan Iliz en breton vannetais (traduction Uisant Er Rouz) et est actuellement chanté en plusieurs paroisses, notamment sur Le Faouët (Diocèse de Vannes).
Cette hymne peut être chantée sur l’air de Kenavo de Santéz Anna (Adieu à sainte Anne) vieil air collecté et arrangé par le chanoine Breurec, missionnaire diocésain. On peut aussi le chanter sur l’air commun en latin, air tardif dont la version notée définitive apparaît au XVIIIème siècle, comme l’interprètent en polyphonie les Gedourion ar Mintin dans la vidéo ci-dessus.
Le dimanche de Gaudete, une tradition qui remonte loin
L‘antienne d’ouverture de la messe est la suivante : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche. » Il nous faut remonter à la tradition latine pour comprendre cette appellation : « Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete ! » Le mot « gaudete » est le premier de la seconde lecture des textes de l’Année B, donc de la lettre de Paul aux Thessaloniciens.
La couleur des vêtements liturgiques pendant cette période de l’attente qu’est l’avent, est le violet. Ce jour là, les ornements peuvent être roses ! D’ailleurs la couronne de l’avent est souvent composée trois bougies rouges et d’une rose, allumée le troisième dimanche.
Cette pédagogie n’est pas propre qu’à l’Avent : pendant le carême, il y a le dimanche du « Laetare », où la couleur rose peut être aussi de mise.
Gaudete in Domino !
Bezit laouen en Aotrou hep ehan ; lavarout a ran c’hoazh: Bezit laouen. En em zalc’hit dereat dirak an holl rak an Aotrou a zo tost ; bezit dinec’h, ha roit da anaout da Zoue hoc’h ezhommoù dre ho pedennoù.
… Benniget hoc’h eus va Doue ho touar ; degaset hoc’h eus Yakob eus an harlu. Klod d’an Tad…
Soyez joyeux dans le Seigneur, toujours : je le répète, soyez joyeux.Que votre sérénité soit connue de tous les hommes.Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien ; mais qu’en toute prière vos demandes se fassent connaître auprès de Dieu.
… Vous avez-béni, Seigneur, votre terre. Vous avez révoqué la captivité de Jacob..
LES ANTIENNES Ô
Venant du grec αντιφωνη, le mot « antienne » signifie chant alternatif . Les grandes antiennes « Ô », en latin antiphonae majores , en anglais Great O antiphons et parfois « anthems », appelées aussi Antiennes de Magnificat parce qu’elles étaient chantées avant et après le Magnificat, sont traditionnellement chantées aux Vêpres dans la semaine précédant Noël.
On les appelle ainsi car elles commencent par « Ô ». On les nommait familièrement : « Grandes Ô », « Antiennes Ô » ou juste « Ô , de Noël ». Elles s’adressent au Christ qui va naître, et comme toutes les antiennes anciennes, contiennent de nombreuses références bibliques et allusions au Nouveau et à l’Ancien Testament. En grégorien, elles sont toutes dans le même mode, le deuxième mode. Attente de Dieu, elles se terminent 23 décembre, veille de la fête de Noël célébrant la naissance de Jésus-Christ pour tous les chrétiens.
Elles associent l’invocation du Messie (« Ô … ») avec la prière pour sa venue (introduite par : veni, « viens ») et s’appuient sur les textes de l’Ancien Testament (notamment sur le livre d’Isaïe). Chaque antienne reprend une prophétie d’Isaïe et chacune est un titre du Messie attendu.