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Le 59ème Pèlerinage Militaire International vient de s’achever à Lourdes

Amzer-lenn / Temps de lecture : 11 min

pelerinage militaire internationalCe week-end avait lieu à Lourdes le 59ème Pèlerinage Militaire International, rassemblant près de 14000 pèlerins représentant plus de 40 nations différentes. Moments de prière fervente et moments de fêtes, moment d’émotion et moment d’attentions aux plus fragiles. En deux mots : moments d’exception.

Certes, le foisonnement des uniformes plus ou moins chamarrés, les fanfares, les défilés, font de ce triduum un pèlerinage qui se démarque des autres et attire. Mais il y a un au-delà.

Et il est étonnant de voir que peu de médias de l’Hexagone s’en fasse le relais. Nous ne parlerons pas ici des médias internationaux que nous ne connaissons pas. Excepté les télévisions comme KTO qui a fourni plusieurs équipes, un staff de tournage pour un film-documentaire, etc… et les médias locaux, avons-nous entendu dans les informations une mention de ce pèlerinage ? Nein ! No ! Ni ! Nije !

Et pourtant …

Des milliers de pèlerins, dont beaucoup de jeunes, qui, au lieu de se confronter sur des théâtres d’opération, prient ensemble pour la paix dans le monde, pour leurs familles, pour les amis, pour les morts, pour les blessés, pour les malades. Des milliers de voix qui s’unissent au-delà des guerres pour chanter ensemble la Vierge Marie. Des milliers de mains qui se serrent et au fil des ans démontrent une certaine fraternité.

Un pèlerinage pour la paix

Créé en 1958 par un prêtre français et un prêtre allemand, ce pèlerinage se veut être un lieu de construction de paix dans le monde. Depuis l’origine, le pèlerinage militaire s’inscrit dans une perspective de réconciliation franco-allemande. En 1958, l’aumônerie catholique des armées françaises ouvre le pèlerinage militaire aux autres nations soucieuses de promouvoir la réconciliation et la paix. Dès lors, le PMI ne cessera d’œuvrer au renforcement de la fraternité des peuples, à l’élargissement de la prière pour la paix, à la densification de la spiritualité des armées et à l’accompagnement fraternel des blessés.

Et cette année, le thème donné était « Dona nobis pacem » (donne-nous la paix).

« Puisse notre pèlerinage de nations amies être signe de réconciliation pour notre temps. » a déclaré Monseigneur Ravel, archevêque de Strasbourg et administrateur apostolique du Diocèse aux Armées françaises.

A Lourdes, au pied de la grotte, la Vierge Marie invite chacun à prier et à se tourner vers Dieu. Affrontés à la guerre, à la violence, au sacrifice, les militaires plus que tous ont besoin d’espérance, de réconciliation et de paix. Ennemies hier, alliées demain, les nations travaillent à l’avénement et au maintien de la paix entre elles.

Quelques arrêts sur images pour vous présenter ce qu’est le PMI.

Une conférence débat des Autorités : « la paix comme nouvelle arme de guerre ? »

Dans le cadre de ce pèlerinage militaire international est proposé une conférence-débat à huit clos, à laquelle assistent de hautes autoritéspelerinage militaire international militaires, civiles et religieuses, dans une perspective de construction de la paix, avec cette vision chrétienne chère aux pays fondateurs du PMI. L’an dernier la réflexion s’était portée sur le sort des chrétiens d’Orient d’hier à aujourd’hui, en lien avec les génocides arménien, assyro-chaldéen et pontique de 1916/1917, douloureuses épreuves humaines. Cette année, en écho à « La paix impossible de 1917 », les autorités du PMI s’interrogeront sur la possibilité d’une paix dans « le conflit mondial par morceaux », selon le Pape François, que nous vivons. Il y a 100 ans, nombreux sont ceux qui ont tenté sans succès d’établir une paix cependant désirée par les états belligérants. L’échec de ces tentatives a abouti à la prolongation de la guerre pour des raisons de géopolitique, économiques et politiques.

Quel sens donner aujourd’hui à la notion de paix ? Peut-on parler de paix quand celle-ci favorise les intérêts politico-économiques au détriment des enjeux humains ? Où se place désormais la frontière entre la paix et la guerre ? La paix serait-elle une nouvelle arme de guerre ?

Trois intervenants ont traité de ces questions à la manière d’un triptyque : Monsieur le Professeur Christophe REVEILLARD, en tant qu’historien ; sa Béatitude Monseigneur Louis-Raphaël I er SAKO qui a livré une parole d’Eglise ; et le Général Benoit DURIEUX pour une vision plus institutionnelle.

Il n’est pas anodin de souligner ici un point qui nous paraît important : pour la première fois, lors de la cérémonie d’ouverture internationale du PMI, ont été invités les aumôniers militaires musulmans de France, qui étaient rassemblés non-loin pour un colloque. Environ 25, ils ont rejoint les milliers de pèlerins présents dans la basilique souterraine pour l’inauguration de ce pèlerinage placé sous le signe de la paix.

« Je ne m’attendais pas à ça ! C’était magnifique et vraiment intéressant. L’accueil était chaleureux et la cérémonie émouvante ! », nous a confié l’un d’entre eux, surpris par l’ampleur de ce pèlerinage.

Une attention particulières aux blessés et malades

challenge sportif lourdesLa foi ne passe pas que par la tête ! Elle prend toute notre vie avec ses joies et ses souffrances. A Lourdes, les malades ont la première place. A la manière des grands blessés de l’évangile, ils viennent chercher auprès de Marie, la consolation, le réconfort, l’espérance. Tout est organisé pour et autour d’eux et ils sont appelés à se laisser porter. En 2016, 62 personnes, malades, blessés de guerre ou handicapés de la communauté militaire, soignées en HIA (Hôpitaux d’instruction des armées) ou à l’INI (Institution Nationale des Invalides) ont été prises en charge dans le cadre du PMI et ont pu vivre ainsi la grâce de Lourdes.

L’Hospitalité Notre-Dame des armées (HNDA), association du Diocèse aux armées, a reçu la mission de mettre en place les structures pour prendre en charge ces malades durant leur séjour à Lourdes. Une trentaine de professionnels du Service de Santé des Armées (SSA), médecins militaires, infirmières et aides-soignants, avec l’aide des hospitaliers et hospitalières de l’HNDA, se dévouent bénévolement auprès des malades qui se rendent au PMI et assurent les soins médicaux indispensables. Ils donnent ainsi quelques jours de leurs congés pour servir leurs frères blessés et malades. Pour remplir cette mission le personnel du SSA est assisté de 290 volontaires bénévoles, encadrés par les hospitaliers de l’association qui assurent le service courant des malades durant les trois jours : habillage, rangement, ménage, repas, services, convoyages… A ces bénévoles se rajoute chaque jour une cinquantaine de pèlerins inscrits à la journée pour apporter leur aide à l’HNDA. Ce sont donc au total entre 4 et 5 personnes par jour et par malade qui œuvrent pour permettre à ces derniers de vivre leur pèlerinage. Un véritable don de soi, épuisant mais ô combien enrichissant !

Un challenge sportif blessés / valides

Et, parmi un programme chargé, en ce 59ème PMI avait lieu pour la quatrième année consécutive, un challenge sportif blessés /PMI 2017 Lourdes valides. Véritable temps festif du programme du PMI, le challenge sportif rassemble le samedi après-midi blessés et valides dans la prairie du Sanctuaire de Lourdes au cours de différentes épreuves physiques. C’est un incontournable pour nos soldats de toutes les nations et les malades. Changer le regard sur le handicap A travers cette initiative de l’HNDA et de l’Institution Nationale des Invalides, c’est un nouveau regard sur le handicap qui est porté. Par le blessé sur sa propre situation d’une part, car en dépassant ses limites, en acceptant l’effort et la prise de risque modérée, de nouvelles perspectives s’ouvrent et lui permettent d’envisager un avenir plus dynamique. Il est invité à dépasser l’invalidité, à recréer du lien avec les valides, à s’appuyer sur sa foi pour progresser. Par les valides d’autre part, qui appréhendent le handicap avec plus d’humanité, apprivoisent les limites de la personne invalide et révèlent des trésors de douceur, de délicatesse pour accompagner l’effort et le faire aboutir.

Cette année, ce challenge était soutenu dans sa logistique par l’Ecole de Gendarmerie de Bretagne, basée à Dinéault, non loin de Châteaulin., venu à la fois pour le soutien humain et logistique de l’événement sportif, mais aussi dans l’encadrement du pèlerinage. Une centaine d’élèves et leurs instructeurs se sont investis dans le cadre de ce qu’ils appellent un défi social, et faire que ce moment festif se déroule au mieux dans la prairie du sanctuaire : acheminement de joélettes, recherche de prix, mise en place du parcours, sécurité, etc… Plus de 350 personnes de différentes nations ont participé à ce défi, devant environ 2000 spectateurs.

Il suffit de voir le sourire des personnes blessées, malades, handicapées, lors de ce challenge sportif pour se rendre compte de l’intérêt de cet événement. Au-delà des moments de prières du PMI, il y a ce moment fort durant lequel chacun se donne pour l’autre, que ce soit par les soins quotidiens ou par cette dimension sportive qui attire dans de jeunes et de moins jeunes, pendant qu’en ville a lieu le très réputé défilé des fanfares (dont le pipe-band de nos cousins irlandais) et délégations, rejoignant le monument aux morts pour un hommage militaire.

Des anges venus du ciel

Alors que venait de s’achever la messe internationale et la cérémonie de l’au-revoir durant laquelle Mgr Ravel s’est vu souhaiter un « Happymilitary pilgrimage Birthday » par l’assemblée de 30 000 personnes, les délégations se sont dirigées vers l’esplanade du Rosaire, où un grand espace avait été réservé. Les hautes autorités militaires et religieuses des différentes nations sur leur podium, et les fidèles avaient les yeux fixés au ciel, comme pour attendre la venue d’un ange. Au bout de quelques minutes se dessinent dans le ciel plusieurs formes blanches ou de couleur : plusieurs parachutistes descendent, l’un avec le drapeau du Vatican, l’autre avec celui du PMI, ou celui de sponsors.  C’était une première et comme point d’orgue, c’était plutôt réussi !!!

Pourquoi cet article sur Ar Gedour ? Alors que le monde entier est victime de guerres multiples, une guerre mondiale fragmentée pour reprendre les termes du Pape François, il y a dans ce pèlerinage une fraternité qui se dégage. Chaque nation est différente mais tout le monde se retrouve dans cette même foi. Certains militaires, venus par un collègue ou un ami, découvrent parfois la foi chrétienne et se retrouvent transformés après leurs passages à Lourdes. On peut dire que la paix du monde peut commencer dans de telles actions que bien des gens ignorent et qui méritent pourtant d’être connues. Alors, que l’on soit militaire ou non, que l’on apprécie l’univers militaire ou non, il s’agit d’un pèlerinage à découvrir !

Il faut le vivre, ce moment durant lesquelles les cérémonies nationales ou internationales se croisent et se succèdent.  Il faut le vivre, ce moment où dans l’effort du sport se rassemblent des pèlerins conscient que (se) donner est essentiel. Il faut le vivre, ce moment fraternel où se croisent chaque militaire, trinquant ensemble ou s’unissant dans la musique en se jouant des frontières. Il faut le vivre, ce moment grandiose durant lequel les cornemuses de la délégation irlandaise sonnent, bientôt rejointes par l’ensemble de cuivres, invitation à fermer les yeux et simplement à se laisser porter vers Dieu. Il faut la vivre, cette procession mariale aux 40 000 cierges se dressant sur l’esplanade du Rosaire devant la Vierge éclairée, gardée par les militaires croates aux somptueux atours et par les gardes-suisse aux tenues chamarrées. Il faut le vivre, ce moment où l’on se pose, dans le calme de la nuit tombée, devant la grotte, tandis que se laisse entendre derrière nous le Gave tumultueux. Il faut le vivre, ce moment de silence durant lequel, côte-à-côte prient des militaires de nations différentes, en uniforme, pour la paix…

En attendant, c’est le Diocèse de Vannes qui vient de prendre la relève dans le sanctuaire de Lourdes…

Voici aussi ci-après une vidéo de 2015 :

Photos E. Caouissin / Ar Gedour

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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