Pol Aurélien, Efflam, Samson et bien d’autres sont des saints sauroctones. Mais qu’est-ce que c’est ? Le terme « sauroctone » vient du grec : « tueur de lézards, de sauriens », c’est-à-dire de reptiles, les dragons et de là les créatures monstrueuses. En bref… ce sont des dragonslayers, pour reprendre un terme plus actuel prisé des amateurs d’héroïc-fantasy…
Au début du christianisme, la compréhension de l’histoire de l’Eglise se faisait plus couramment qu’aujourd’hui à la lumière du livre de l’Apocalypse dans lequel est cité l’antique ou primitif serpent (Ap 12,9-14 ; 20,2), le dragon y est cité douze fois. Dès l’Ancien Testament on trouve le thème biblique ; en Isaïe (27, 1) par exemple : « le Seigneur châtiera de son épée dure et grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon de la mer ».
L’épopée ecclésiale du début de l’évangélisation a été bien souvent présentée par des figures flamboyantes aux accents homériques et martiaux. La culture gréco-romaine d’une grande part de l’Europe et de l’Orient, par la mythologie, traite comme en prototype du combat contre les forces obscures pour voir triompher le culte de la lumière. Dans la culture celtique aussi, à commencer par l’épopée des chevaliers du roi Arthur qui affrontent le dragon, les traditions populaires ou littéraires nous ont transmis quelques figures de tueurs de dragon.
L’exaltation de la puissance de l’Evangile fut donc transmise sur ce modèle récurrent du sauroctone, chacun d’eux s’intégrant dans un contexte local, en référence à son histoire et à son implantation dans le paysage jusqu’à une précision des lieux afin d’accréditer le récit. Localisé dans des zones inhospitalières, marécageuses, inondables, au pied d’une éminence où il trouve un refuge souterrain le dragon gite dans des zones sauvages, marécageuses, inondables, au pied d’une éminence le dragon trouve un refuge souterrain, le monde des ténèbres.
On affirme trop vite que la grande majorité des sauroctones furent christianisés et sanctifiés. Vraisemblablement quant au genre exaltant la victoire de la Croix sur les anciennes croyances païennes. Ainsi les garants du nouvel ordre religieux et social (évêques, abbés, ermites, femmes y compris) sont présentés victorieux contre les forces obscures et brutales, voire contre les menaces naturelles (inondations, épidémies …) qui mettent en danger la communauté.
Il peut arriver que le saint chrétien soit plus puissant que le sauroctone précédent. C’est le cas de St Eflamm qui, à Plestin les grèves, domine le Dragon alors qu’Arthur ne fit que le combattre sans succès.
Soulignons toutefois que l’hagiographie préfère justement témoigner de la maîtrise du dragon plutôt que de son élimination. Seule la Parousie du Christ (son retour dans la Gloire) fera disparaitre les forces du mal qui, dans le mystère de l’iniquité, ont un rôle à jouer. C’est pourquoi on voit le saint passer l’étole au cou, montrer une croix, de l’eau bénite, …, et quelqu’autre sacramental (matière qui rappelle les sacrements) pour rendre doux et obéissant comme un agneau, forcer à plonger au fond de la mer ou à demeurer enfoui sous un rocher. Le dragon, plutôt qu’être abattu, est souvent renvoyé dans le domaine qui lui est réservé : au-delà, sous la terre ou sous les eaux. Bien terribles, les forces telluriques (qui viennent de sous la terre) que figurent le dragon peuvent s’avérer utiles au projet de Dieu qui, par la voix de son saint lui marque des limites par l’ordre de n’en plus sortir.
Observons aussi qu’il n’est pas rare que le saint personnage soit secondé par un rejeté, un paria ou un pauvre, voire un enfant. Ces figures du peuple, comme le bon larron à côté de la croix, gagnent ainsi à ses côtés sa grâce et son salut.
Les luttes légendaires contre des « dragons » de saints, chevaliers ou encore par d’autres personnes dans différentes cultures n’auraient-ils pas un fondement réel, à savoir l’extermination de derniers survivants de spécimens de la famille des dinosaures, perçus comme une menace?
Ce n’est pas impossible puisque certaines poteries de Mésopotamie montrent des brachiosaures, censés être éteints depuis 60 millions d’années. Or, la découverte de fossiles de dinosaures ne datent que du XIX ème siècle….Comment expliquer cette symbolique du dragon dans différents points du globe?
Certaines légendes partent d’un fond de vérité. Reste à distinguer ce fond si cela est possible…