Alan Stivell, à l’occasion du 40ème anniversaire du concert mythique de l’Olympia qui a donné l’impulsion à une grande vague musicale celtique, sera à nouveau sur la célèbre scène parisienne, avec de nombreux invités, tels que Dan ar Braz ou René Werneer, ses compagnons de l’époque, mais aussi Nolwenn Leroy ou le Bagad Quick en Groigne (Saint Malo). Cela se passera le 16 février prochain. Bien évidemment, ceux qui n’y seront pas le regretteront, car cela risque fort d’être un moment d’anthologie.
Pour ceux qui, à tout hasard, ne connaîtraient pas le parcours d’Alan, revenons donc sur celui-ci. A partir de 9 ans, ses premiers récitals soulèvent l’émotion du public de l’Unesco, de la cathédrale de Vannes, de l’Olympia et font renaître la harpe celtique. Il se passionne pour la civilisation et surtout la musique celtique, qu’il conceptualisera, modernisera et popularisera. Très tôt, il dessine les premières harpes électriques, ébauche une symphonie, en même temps que ses premiers enregistrements à la harpe celtique et peu avant l’idée du Rock celtique.
En 1966, Alan commence à chanter. L’année suivante, il signe sont premier contrat international avec Universal (exPhilips). Ses premiers récitals ont déjà une influence, l’album « Reflets » marquant le coup d’envoi. C’est aussi un manifeste pour une musique métissée (un des précurseurs de la future « World-Music »). Son 3ème album, « Renaissance de la harpe celtique», enregistré en 1971, suscite la vocation de milliers de harpistes à travers le monde.
Son « Pop-Plinn », fusion rock-breton, puis surtout le concert (fév. 1972) et l’album à l’Olympia (2 millions d’exemplaires vendus) entraînent un énorme engouement : on parle alors d’un « phénomène Stivell » qui change l’image de la Bretagne. Ayant déjà joué en Italie, en Irlande et à Londres (Queen Elizabeth Hall en 1968 avec les Moody Blues), sa carrière internationale se développe surtout à partir de 1973, avec les grandes salles d’Europe, d’Amérique, d’Australie, les festivals rock, les plateaux télé … Il passe régulièrement au nouveau Festival Interceltique de Lorient (sa Symphonie celtique en 1979-80) qu’il affectionne.
Alan, pourtant, n’est pas à l’aise avec ce statut de « star » : pendant les années 80, il sort des albums qui lui tiennent à cœur, mais plus difficiles et tourne beaucoup à l’étranger (Italie, USA, Canada…).
Après « Légende » et « The Mist of Avalon », en 1993, il actualise ses titres incontournables (avec notamment Kate Bush) : l’album « Again » et la tournée qui suit en 1994 sont un triomphe (jusqu’à 1000 disques vendus par jour). A nouveau, grand public et nouvelles générations sont au rendez-vous. Il est suivi par un magistral album réalisé par Martin Meissonnier, « Brian Boru ». Pour « 1 Douar », il invite Youssou N’Dour, Jim Kerr, Paddy Moloney, John Cale. Les débuts du nouveau siècle sont marqués, notamment, par l’album anniversaire «Au-delà des mots», son livre «Telenn, la harpe bretonne» et le DVD «Parcours» (en quelques mois DVD d’or), puis l’album « Explore », et « Emerald », qui est un véritable joyau. L’anniversaire du concert Olympien verra aussi la parution d’un album Best Of, accompagné de la version remasterisée du concert phare : « Ar Pep Gwellañ » – sortie 13 février 2012.
Hier et aujourd’hui, ses concerts sont complets et très différents d’une année sur l’autre. Sa démarche a toujours été marquée par une grande écoute des autres, des métissages inédits, une recherche et l’innovation, les nouvelles technologies, en même temps que l’attachement à sa culture propre.
C’est, depuis le début, une fuite en avant : quand il ébauchait les « harpes du futur », quand il «électrifiait » sa première harpe bardique (il joue actuellement sur un tout dernier prototype), quand il introduisait des instruments nouveaux du monde du rock ou d’autres cultures, puis lorsqu’il amena les premières influences électro et hip-hop à se mêler aux sonorités bretonnes. Ses recherches musicales continuent. Elles ne doivent pas faire oublier le chanteur, au phrasé aussi inimitable qu’original, et l’auteur, qui mixe très naturellement styles et langues.
Nombreux sont ceux qui, à la suite d’Alan, se sont impliqués dans la culture bretonne et il est incontestable que ce concert à l’Olympia les aura marqué.
N’oublions pas qu’il fit partie des Scouts Bleimor ( et penn-sonner au bagad Bleimor), qui ont vu passer une partie de ceux qui ont été acteurs de la Bretagne ces dernières décennies, tout comme le furent aussi un certain nombre de Gedourion (issus quant à eux de la nouvelle génération Bleimor), et c’est donc avec plaisir que nous citons ici cet événement à ne pas manquer.
Source : http://www.alan-stivell.com – Photo : Korentin Keo. Collection AR GEDOUR MAG.