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An Azvent … un temps pour attendre

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

L’Avent…Un temps pour attendre.

Attendre qui ?

« Celui qui doit venir ». Celui qui est déjà venu, et qui vient, pour « cette génération », comme pour toutes celles qui se succèdent, depuis que des bergers, sur une colline à Bethléem , reçurent la GRANDE nouvelle ! la « MEGA  joie » !

Chaque génération, chaque être humain qui vient en ce monde (y compris celui qui ne verra jamais le jour sur cette terre), chaque personne, créée « à la ressemblance » du Créateur que nous appelons Notre Père, reçoit la grâce de rencontrer « Celui qui nous a faits ».

L’Avent ? L’attente…

Une coutume , qu’il m’a été donné de découvrir, vaut la peine d’être connue, en ces jours d’Avent, qui peut aider à vivre ces semaines plus joyeusement et concrètement.

Voici donc une expérience.

J’étais en charge, avec deux frères de l’Emmanuel, d’une paroisse à Bruxelles, lorsque l’un des vicaires , jeune Belge , revint d’une mission de deux ans en paroisse à Munich. Il nous expliqua une tradition bavaroise qu’il nous suggéra de proposer à nos paroissiens belges.

       Afin de marquer que nous sommes dans une période d’attente du Christ, la « lumière d’en-haut qui vient visiter la terre », on se lèvera plus tôt que d’habitude, un jour de la semaine, soit trois ou quatre fois durant l’Avent.

        On met donc le réveil pour se réveiller ! On se rend à l’église quand il fait encore nuit. Là, uniquement des cierges ! Aucun éclairage électrique…La lumière chaleureuse des cierges confère aux visages une beauté nouvelle ; les yeux des enfants étonnés étincellent et un silence bienfaisant rend l’assemblée attentive au « grand mystère » qui va se célébrer à l’autel. Celui-ci, éclairé par une abondance de cierges dans les hauts candélabres dorés attire les regards.

               La messe sera celle du jour, c’est à dire qu’elle n’excède pas trente minutes. De sorte que le petit déjeuner soigné, servi lui aussi avec le seul éclairage des bougies, ne retardera personne, ni pour la classe, ni pour le travail des parents.

      C’est dans un recueillement particulier que le cortège des enfants de chœur ( qui n’ont pas pris le temps de se peigner) et des célébrants en ornements violets, s’avance, au milieu d’une communauté munie des cierges distribués à l’entrée par des servantes d’assemblée et des personnes arrivées les premières.

       La procession, au chant du « Rorate ceali  de super», donne le ton de cette messe matinale.

Le jeune vicaire avait précisé que le petit déjeuner faisait partie de la fête. J’avais obtenu de la boulangère qu’elle ouvrît un peu plus tôt, et lui avait commandé une vingtaine de « pistolets », à garnir de beurre frais. Ignorant (et peut-être incrédule) je pensais qu’à peine une quinzaine de fidèles accepterait de se rendre à une messe en semaine de si bonne heure…Nous fûmes tous bien étonnés : les vingt pistolets durent être partagés. Dans la bonne humeur, et autour de tables décorées qui déjà nous annonçaient le temps de Noël. Pendant que « jeunes et vieux se réjouissaient ensemble », lentement le jour se levait. Le Christ, « lumière des hommes » nous faisait signe.

           La semaine suivante, c’est 80 pistolets qu’il fallut commander. Mais devant l’affluence des familles, nous passâmes dès la troisième semaine à 150 . Finalement, ce furent plus de 200 personnes qui s’étaient levées plus tôt et qui prenaient ensemble ce court moment où la joie rayonnait sur tous les visages.

           La coutume que le petit Jozef Ratzinger, son frère Georg et leur sœur Maria, avaient aimé dans leur village de Markt- am- Inn, se voyait implantée au royaume de Belgique. A mon tour je l’exportai au pays des Vénètes, dans les deux paroisses que Mgr. Gourvès nous confiait en 2004. A nouveau, la même constatation était faite : c’était les enfants, les « tout-petits » qui tiraient leurs parents du lit, pour la messe de « Rorate Ceali ». C’est probablement une grâce de Noël  qui touche les enfants déjà en ce temps de l’attente.

    Envoyé en mission à New York en 2013, je proposai ces messes d’Avent au curé Italo-Américain que j’allais accompagner. Enthousiaste, Monsignor Petrillo me laissa organiser l’événement. A l’Américaine !… Surabondance de décoration, de bougies , de cierges et lanternes, et montagnes de « viennoiseries », apportées dès 5h du matin, par notre boulanger Toulousain, qui lui-même, fut ému par la joie visible sur tous les visages des participants.

      Cette coutume bavaroise poursuit sa route. Elle vient de loin. Une lettre de Madame de Sévigné, alors invitée à la cour de Bavière, fait état de ce « lever fort matinal qu’ont les Bavarois », et qui étonne la dame des Rochers !

               Attendre quelqu’un, en effet, c’est préparer sa réception, c’est prendre de la peine, pour accueillir « Celui qui doit venir ». La beauté de la maison, de la pièce, et, à l’église ,la splendeur de la liturgie et l’effort consenti par chaque enfant, chaque famille, chaque fidèle, confère à ces « messes de l’aurore » le caractère familial et sacré qui répond à un très profond désir de l’âme, faite pour l’éternelle beauté du banquet nuptial de l’humanité avec l’Epoux divin.

 

À propos du rédacteur Keranforest

Né en 1939 à Carantec. Agrégé d'anglais, essayiste, poète, romancier. Devenu prêtre, animateur du Tro Breizh, il a été longtemps chroniqueur au Télégramme de Brest. Poète élégiaque, il est aussi l'auteur de deux romans qui ont la Bretagne pour cadre.

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