Dans le cadre du jubilé pour les 600 ans de la mort de saint Vincent Ferrier à Vannes, une version actualisée du cantique de saint Vincent Ferrier écrit il y a un siècle par l’abbé Le Maréchal a été réalisée par Uisant Er Rouz, l’un de nos collaborateurs, version que nous fournissons en exclusivité sur Ar Gedour et Kan Iliz.
Ce cantique a été écrit en 1918 ou 1919 par l’abbé Jacques le Maréchal, qui était alors vicaire à la cathédrale de Vannes, pour le cinquième centenaire de la mort de saint Vincent Ferrier. Il est écrit sur le même modèle que le cantique des sept saints de Bretagne : 3 longues parties distinctes avec des strophes de deux vers en alexandrins et un refrain avec quatre hexasyllabes. On remarque une certaine exagération dramatique dans les paroles : la situation spirituelle de l’époque de saint Vincent, même si elle n’était guère brillante – l’Eglise était en schisme avec deux papes- n’était pas aussi généralement catastrophique. L’auteur noircit le tableau à dessein pour faire encore plus ressortir les mérites de Saint Vincent.
L’air d’origine fut écrit par Dom Louis Hervé, sous-prieur de l’abbaye de Kergonan, ancien maître de chapelle et professeur de chant grégorien à sainte Anne D’Auray. Cet air étant assez complexe et d’apprentissage difficile, il a été remplacé ici par un air à la fois connu et plus simple à mémoriser : celui de Mari, Gwerhiéz santél.
Les paroles du cantique ont été réactualisées pour le 6ème centenaire : pemp kant vlé (500 ans) a été remplacé par hweh kant vlé (600ans) . Deux nouveaux couplets ont été rajoutés pour exprimer l’urgence actuelle de l’évangélisation, à l’exemple de Saint Vincent à son époque, dans une Bretagne et une Europe largement déchristianisées. Nous fournissons aussi une version abrégée du cantique, proposée pour les occasions où on ne peut chanter le cantique in extenso.
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Notice biographique : L’abbé Jacques Le Maréchal (Blei Lann-Vaoz, le Loup de Lanvaux de son nom de plume) naquit à Moustoir-Ac, près de Locminé en 1878. Il fut successivement professeur au petit séminaire de Sainte Anne D’Auray, vicaire à la cathédrale de Vannes puis curé-doyen de Pluvigner jusqu’à sa mort en 1948. Poète d’une grande sensibilité, il écrivait et parlait un breton à la fois classique et populaire.
Il eut comme élève à Sainte-Anne deux futurs grands poètes vannetais : l’abbé Joseph-Marie Larboulette (Job en Drouz Vor, Joseph du ressac, 1884-1956 et surtout Yehann-Ber Kalloc’h (Bleimor, le loup de mer, 1888-1917)
On reconnait d’ailleurs l’influence de Blei Lann-Vaoz dans l’œuvre de Bleimor mais davantage marquée par la mélancolie, alors que celle de Job en Drouz Vor est empreinte dans ses comédies de la même joie nostalgique.
Blei Lann-Vaoz écrivit un certain nombre de cantiques d’une grande beauté :
– Mistérieù joéius (les mystères joyeux)
– Mistérieù glaharus (les mystères douloureux)
– Mistérieù glorius (les mystères glorieux)
– Doué en deus ‘eit poblein ( Dieu a pour peupler la terre ; cantique pour les mariages)
– Sellet Gwerhiéz Vari (consécration des époux à la Vierge ; ce cantique est probablement de sa plume)
– Er seih sant a Vreizh (les sept saints de Bretagne)
– Sant Uisant benniget (saint Vincent béni)
Toutefois, comme son alter ego léonard l’abbé Augustin Conq (Paotr Treoure, 1874-1952, le gars de Tréouré), ce sont ses chansons profanes qui sont aujourd’hui les plus connues et sont devenues des classiques de la chanson bretonne jusqu’à entrer dans la tradition orale, si bien que peu de gens connaissent leur auteur.
Les plus célèbres sont :
– Alhwé en eurusted (la clef du bonheur)
– Kousk, Breizh-izél (Dors, Bretagne)
– Kenavo deoh, gwir Vretoned (Au revoir à vous, vrais Bretons)
Sa grande œuvre trop méconnue de nos jours est sans conteste sa « Noce bretonne au pays de Vannes » qu’il a écrite en collaboration avec l’abbé Le Dantec, chef de chœur de la chorale de Saint-Jean-Brevelay, une des toutes premières chorales bretonnes du diocèse de Vannes. Cette œuvre est une succession de tableaux chantés décrivant toutes les étapes d’une noce traditionnelle dans le pays de Vannes. (Doué en deus ‘eit poblein et le kenavo deoh en sont extraits).
Son œuvre purement poétique est par contre plus méconnue. Il a pourtant écrit des pages magnifiques notamment dans son recueil Keltia qui reçut le premier prix au concours panceltique.
Dans son ministère de prêtre, il fut un pasteur d’une grande bonté, proche de ses ouailles, toujours à l’écoute, confesseur plein de miséricorde et prédicateur captivant et plein d’humour. Il avait par ailleurs une prédilection spéciale pour la glorification du mariage chrétien.