[CARHAIX] Patrick Molard, une vie pour le pibroch

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

 

Dans le cadre de ses rendez-vous mensuels autour du documentaire, l’association Contrechamp propose, en avant-première, samedi 16 février, au Grand Bleu, la projection d’un nouveau film de Gérard Alle consacré au Carhaisien Patrick Molard et à son instrument fétiche, la cornemuse écossaise.

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Entre l’idée et sa réalisation, près de 40 ans se seront écoulés. Le réalisateur Gérard Alle reconnaît qu’à l’époque où l’idée de ce film lui est passée par la tête, il était boulanger et n’avait encore réalisé aucun film, ni écrit aucun livre d’ailleurs. « C’était en 1980, j’étais à la recherche d’un ouvrage à la bibliothèque de Carhaix lorsque j’ai croisé Patrick Molard, qui était à l’époque professeur chargé de direction à l’école de musique, souligne-t-il. C’est alors qu’il m’a raconté l’histoire de la cornemuse, avec son humour et son talent de conteur. Je me suis tout de suite dit qu’il faudrait en faire un film ».

 

Deux tournages en Écosse

Lorsque le joueur de cornemuse lance, en 2015, son projet d’album et de spectacle sur le « Céol Mor » (grande musique écossaise, en gaélique), l’écrivain et réalisateur y voit enfin une « bonne occasion » de mettre son projet à exécution. Le tournage a débuté dans les locaux de La Grande Boutique, à Langonnet, où se sont tenues les répétitions du spectacle. Il s’est poursuivi, à deux reprises, en 2017 et 2018, en Écosse.

Un pays que Patrick Molard a découvert au début des années 70, alors qu’il effectuait une année comme assistant de langue française dans un établissement scolaire. « À 17 ans, je faisais déjà partie, en Bretagne, d’un groupe de cornemuse écossaise, mais lorsque j’ai entendu mon prof jouer du pibroch, j’ai compris que c’est ce que je voulais faire », raconte-t-il. Quelques années plus tard, une fois en Ecosse, il n’hésite pas, au culot, à aller demander à l’un des grands maîtres de la discipline s’il voulait bien le prendre pour élève. « J’ai eu la chance de recevoir l’enseignement des deux sonneurs de la reine d’Angleterre à Balmoral, en 1971. Ils étaient les deux plus grands maîtres du pibroch du XXe siècle ».

 

« Fossile vivant »

« Le Céol Mor est une musique élaborée très ancienne, avec thème et variations. C’est une musique classique, méditative, peu festive. On y trouve une majorité de lamentations, des pièces déchirantes », indique Patrick Molard, qui parle volontiers de sa passion. Le Carhaisien est l’héritier d’une dynastie de sonneurs de cornemuse, les MacCrimmon de l’île de Skye, grands maîtres du pibroch. La transmission entre sonneurs se faisait oralement, par le chant. La cornemuse, qui est arrivée assez tardivement en Écosse, a fini par supplanter la harpe, instrument jusque-là coutumier des cours. « C’est pourquoi on considère que le pibroch est un fossile vivant de la musique de temps très anciens », ajoute le musicien. « Cette musique révèle des émotions archaïques enfouies en nous », commente Gérard Alle.

Chaque clan avait son bagpiper, un seul musicien pour interpréter le Céol Mor. « On n’entend pas cette musique très souvent, même en Écosse. Ce n’est pas très grand public. Les pipe bands, qui n’ont rien à voir, sont un phénomène plus récent, qui remonte au XIXe siècle », assure Patrick Molard.

 

Da Vinci Code

Le maître breton du pibroch, aujourd’hui reconnu dans le monde entier pour sa maîtrise de l’instrument, est aussi réputé pour le travail de déchiffrage qu’il a mené sur une période de 20 ans. « C’est un peu Da Vinci Code, ironise Gérard Alle. C’est un Breton qui est parvenu à décoder un manuscrit très ancien sur le Céol Mor, que peu de monde était en mesure de déchiffrer ». Patrick Molard confirme : « Nous ne sommes qu’une poignée dans le monde à avoir fouillé dans ce manuscrit ». Ce travail conséquent, le sonneur a été invité à le présenter, en 2017, à la conférence annuelle de la Pibroch Society, en Écosse. Une présentation qui a pu être filmée par l’équipe de Gérard Alle, et qu’on retrouve donc dans « L’Or des MacCrimmon ».

En collaboration avec le musicien Jack Taylor, Patrick Molard a aussi entrepris de retranscrire, sur partition, les morceaux qu’il avait déchiffrés. Une entreprise qui aura duré cinq ans. « Les Écossais étaient visiblement impressionnés du résultat. Tout ce que Patrick a entrepris sur le pibroch est le travail d’une vie ! », insiste le réalisateur.

Pratique
Projection du film documentaire « L’Or des MacCrimmon », samedi 16 février (avant-première), à 17 h 15. La version longue du film (60 mn) y sera présentée. Le documentaire sera par la suite diffusé à la télé, mais dans une version de 52 mn. Séance suivie d’une dégustation de produits écossais. En présence du réalisateur, Gérard Alle, du piper, Patrick Molard (qui devrait jouer un morceau de pibroch) et de la productrice, Laurence Ansquer. Tarif unique : 5 €.

Source :  Le Télégramme

À propos du rédacteur Erwan Kermorvant

Erwan Kermorvant est père de famille. D'une plume acérée, il publie occasionnellement des articles sur Ar Gedour sur divers thèmes. Il assure aussi la veille rédactionnelle du blog et assure la mission de Community Manager du site.

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Un commentaire

  1. Ayant eu l’occasion d’écouter Patrick Molard lors d’une soirée organisée autour de la cornemuse à Kerlouan, je ne peux que conseiller à tous de se rendre à cette soirée.
    Patrick Molard sait transmettre ses connaissances et sa passion. Quand il sonne du pibroc’h après en avoir donné quelques éclairages, cette musique devient intelligible pour chacun.

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