Saints bretons à découvrir

CHEMINS DE BRETAGNE : les anges dans les églises bretonnes

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

p2006_05b5_013.jpgEn cette période de Noël, Ar Gedour vous présente un site dont les articles intéresseront fortement ses lecteurs. Merci au Père Yves-Pascal Castel de nous le faire découvrir. Rien de tel pour présenter ce travail que d’en vous proposer un extrait :

  

Les anges ! Dans l’étude de l’iconographie des églises de Bretagne, voici un thème presque inédit. Le beau livre intitulé « La sculpture bretonne » de V.-H. Debidour, a certes de très belles pages sur saint Michel l’archange mais il néglige une étude générale des anges.

Or, on va le voir, la richesse du sujet est grande, tant pour le fond que pour la forme.

Le mot ange vient du grec « Angélos » et signifie le « messager », l’envoyé. Il désigne les purs esprits qui forment la cour céleste chargée de rendre, de toute éternité, hommage au Tout-Puissant. Se détachent, à l’occasion, de l’empyrée des messagers, des « envoyés » chargés d’établir un lien entre le ciel et la terre, des mondes qui tout en étant différents sont indissociables. La foi chrétienne en l’existence des Anges se fonde sur la Bible où le mot se relève cent quarante-neuf fois dans l’Ancien Testament et cent soixante-seize dans le Nouveau.

Aux Anges il faut joindre les esprits qui forment des catégories personnalisées qualifiés par une désignation particulière. Les Chérubins, quatre-vingt-six occurrences dans l’Ancien Testament, une seule dans le Nouveau, sont armés du glaive de feu. Ils gardent l’accès à l’arbre de vie planté dans l’Eden désormais fermé et interdit (Genèse, 3, 24). Ils déploient leurs ailes d’or sur l’Arche d’Alliance. Les Séraphins, nommés seulement deux fois, se tiennent au-dessus du trône de Yahvé (Isaïe, 6, 2). D’autres esprits célestes se révèlent de manière sporadique. Ainsi, Saint Paul évoque cinq ordres angéliques : les Trônes, les Dominations, les Puissances, (Col. 1, 16), les Vertus (Ephésiens, 1, 21) et l’Archange (I Thess. 4, 16). La première épître de saint Pierre évoque de son côté Anges, Dominations et Puissances (I Pierre, 3, 22). Notons que certaines de ces dénominations varient selon les traductions françaises qui ne cessent de se soumettre aux fluctuations de la modernité.

A partir des données scripturaires éparses dans la Bible, Denis l’aréopagite, le pseudo-Denys, un anonyme des environs de l’an 500, popularise pour la postérité, en la précisant, une liste de neuf choeurs d’anges. S’autorisant à en diviser la cohorte en trois hiérarchies, la liste qu’il constitue sera quasi unanimement reçue par la tradition chrétienne et le Moyen Age ne manquera pas de les caractériser d’une manière ou d’une autre. La première hiérarchie est composée des Séraphins, en rouge, couleur du feu, des Chérubins, en bleu, couleur de ciel. et des Trônes. Ils demeurent constamment dans le voisinage immédiat de Dieu. Dans la seconde, Denys classe les Dominations, portant le sceptre et la couronne, les Vertus portant un livre, et les Puissances. Tout en demeurant auprès de Dieu, celles-ci ont des pouvoirs sur les autres esprits. Enfin, les Principautés, tantôt vêtues en guerriers tantôt en diacres, les Archanges et les Anges, tenant simplement des flambeaux ou des encensoirs. Le troisième et dernier ordre de la hiérarchie céleste est chargé des relations entre Dieu et les hommes. Pour faire bref, ce sont autant de catégories qui se confondent sous le terme générique d’Anges que nous adoptons au cours de la présente étude.

Au seuil de notre promenade iconographique qui est, disons-le d’entrée de jeu, principalement centrée sur la statuaire religieuse du Finistère, on ne négligera pas l’injonction formelle de l’apôtre Paul dans sa mise en garde à la communauté de Colosses : « Ne vous laissez pas frustrer de la victoire par des gens qui se complaisent dans une « dévotion », dans un « culte des anges » (Col. 2, 18). On en conclura que le culte pratiqué, en ce temps-là, par les chrétiens que vise Paul n’était guère exempt de déviations ni d’excès. Un tel danger particulier aux origines, s’il demeure d’actualité avec le foisonnement de théories ésotériques, ne semble guère devoir atteindre le paroissien de base bien étranger aux préoccupations des gens de Colosses qui étaient « plongés dans leurs visions et dont l’intelligence charnelle se gonflait de chimères » (idem).

D’ailleurs pour prévenir toute objection d’où qu’elle vienne, précisons que l’Eglise n’a jamais interdit de représenter les anges tout en recommandant, ce qui va de soi, la discrétion. Le concile de Fermo, en 1726, demandait ainsi de ne pas les mettre au service des reliques ou des images des saints, un honneur réservé à Dieu et à la sainte Vierge.

Nous commencerons l’étude des esprits célestes par les trois retenus par le concile de Latran de 746, connus de tous et qui prennent le beau titre d’archange : Michel. Raphaël et Gabriel.

 

Nous vous invitons à découvrir la suite de cet article sur l’excellent site « Chemins de Bretagne« . En suivant les chemins de Bretagne au rythme du randonneur, le site propose de découvrir l’histoire et le patrimoine de la Bretagne.. De la côte nord à la côte sud en passant par l’intérieur des terres, nous pouvons découvrir les personnages et les lieux qui ont fait son histoire. Saints bretons venus du Pays de Galles au VIe siècle, architectes anonymes de la période romane, sculpteurs de la Renaissance, le site invite à connaître ces bâtisseurs et le patrimoine qu’ils nous ont légué.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

Articles du même auteur

15 a viz Ebrel : SANT PADERN, ESKOB

Amzer-lenn / Temps de lecture : 1 min Sant Padern a seblant bezañ bet ganet, …

L’UBAPAR, 40 ans d’animation en milieu rural en Bretagne

Amzer-lenn / Temps de lecture : 1 minD’an 20 a viz Ebrel 2024 e vo …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *