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[REFLEXION] CONSCIENCE ET LIBERTE (par le Père Michel Viot)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 16 min

Nous publions aujourd’hui un article sur un thème très actuel, proposé par le Père Michel Viot pour AR GEDOUR. L’auteur est prêtre catholique, ancien pasteur et évêque luthérien, ancien franc-maçon. Jusqu’à récemment il était aumônier de prison et vicaire épiscopal du Diocèse de Blois. Il est a été aumônier militaire chargé des anciens combattants. Il a aussi notamment publié « De Luther à Benoit XVI, Itinéraire d’un ancien franc-maçon » ou l’excellent ouvrage « La Révolution chrétienne » . Aujourd’hui, sur un domaine d’importance, il pose d’abord objectivement les faits historiques, cela pour mieux comprendre ensuite le sujet qui nous occupe.

 

Ce sujet a toujours eu une grande importance tant pour la saine compréhension de la religion chrétienne que pour la paix entre les hommes et par voix de conséquence leur liberté.

Il faut d’abord rappeler que le Nouveau Testament ne contient aucun texte qui justifie la contrainte en matière de foi. Ni Jésus ni ses apôtres n’ont utilisé la force ou conseillé d’en faire usage pour obliger à croire. Un seul verset de l’Evangile selon Saint Jean (Jn 6, 44) suffit à l’établir: « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Sur ce même chapitre l’idée sera reproduite aux versets 37 et 65. Tout cela dans le difficile discours de Jésus sur le Pain de Vie. Les apôtres et leurs successeurs ne peuvent donc utiliser comme force que l’Ecole de la persuasion de leurs paroles inspirées par l’Esprit Saint.michel viot

Au cours de sa longue histoire, l’Eglise n’a pas toujours respecté ce programme de liberté. Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que dans ces périodes qu’on pourrait qualifier d’intolérantes, l’Eglise a le plus souvent été manipulée par le pouvoir politique. On lira par exemple avec attention et intérêt le récent livre du professeur Jean-François Chemain « Une nouvelle histoire de la laïcité » (Editions Via Romana). Sans oublier de tenir compte du fait que l’enseignement de l’histoire, en France, est falsifié en ce qui concerne l’Eglise depuis plus de deux siècles par des auteurs plus préoccupés de justifier l’antichristianisme militant de la Révolution Française de 1789 plutôt que la vérité historique.

Heureusement, une nouvelle génération d’historiens s’est levée pour produire un travail scientifique restituant des vérités essentielles, au nombre desquels il faut citer l’illustre professeur Jean Tullard, de l’Institut, spécialiste de Napoléon, et l’un de ses disciples Jean-Christian Petitfils, auteur d’un beau livre sur Louis XVI et d’un Jésus tout aussi excellent.

Cela dit, je ne nie pas que l’Eglise catholique ait laissé se commettre des erreurs, voire même les ait couvertes en matière de liberté de conscience et de tolérance. Mais certainement pas dans les proportions qu’on lui attribue. D’où mon appel à consulter des ouvrages historiques sérieux, et il n’en manque plus aujourd’hui.

Ces choses précisées en guise d’introduction, et sans remonter au déluge, je me propose de m’en tenir à deux exemples : celui du Pape Pie XI et à deux textes du Concile Vatican II.

Pie XI régna de 1922 à 1939. Pendant cette terrible période de l’entre-deux guerres qui requérra du Magistère une vigilance particulièrement importante tous azimuts, dans des domaines aussi variés que la religion, l’histoire, la philosophie, la politique étrangère, l’économie, et bien d’autres choses encore, le Pape assuma brillamment ses responsabilités avec l’appui de son Secrétaire d’Etat le Cardinal Eugenio Pacelli qui deviendra du reste en 1939 son successeur sous le nom de Pie XII.

Au début du règne de Pie XI, le 27 octobre 1922, les Chemises Noires de Mussolini marchent sur Rome. Le Roi Victor-Emmanuel est contraint de nommer Mussolini à la tête du gouvernement. Mussolini est un ancien socialiste, déçu par le manque de savoir-faire de son parti. Il est en même temps violemment anticommuniste tout comme le seront aussi les socialistes français à partir de 1920 au Congrès de Tours où il créeront la SFIO avec des hommes comme Léon Blum. Mussolini n’est ni raciste, ni antichrétien. Bien au contraire, il se veut catholique. Son but est d’en finir avec l’anarchie qui règne en Italie, gêne son développement, et risque par voie de conséquence d’amener le communisme. Il instaure un régime quasi dictatorial, n’admettant aucune opposition. Ceux qui s’y risquent le paient cher (purge à l’huile de ricin). Ira-t-il jusqu’au meurtre ? Il n’est pas prouvé qu’il ait donné l’ordre d’assassiner son principal opposant le député socialiste Giacommo Matteoti le 10 juin 1924. Enfin, il n’était, je l’ai dit, ni raciste ni antisémite. Ses préoccupations sociales étaient réelles. Son attachement au catholicisme, sincère. Mussolini le prouvera plusieurs fois : tout d’abord, en réglant la difficile question romaine par rapport à la nécessaire indépendance du Pape qui ne peut être le sujet de personne en vue de garantir la liberté de l’Eglise. Après trois ans de négociations, le Pape et Mussolini signeront le 11 février 1929 les Accords de Latran qui créeront l’Etat du Vatican et la situation actuelle de la Papauté que nous connaissons.  Il donnera d’importantes compensations financières à l’Eglise, ce qui permettra entre autres au Pape d’installer au Vatican une radio dont on a pu voir l’importance dès les années qui suivirent. Le Pape demandera la signature simultanée d’un Concordat, dans le but de sauvegarder la liberté de l’Eglise quant à l’éducation de la jeunesse et l’enseignement, concernant particulièrement le mariage chrétien. Pour Pie XI – c’est capital pour le sujet qui nous occupe- les deux accords étaient indissociables, au grand mécontentement de Mussolini qui voulait prendre sous son pouvoir tout l’enseignement de la jeunesse.

Il est clair que pour lui, les enfants appartenaient d’abord à l’Etat, tout comme le pensent certains de nos députés socialistes. En cela au moins, Mussolini s’écartait du catholicisme. Les textes signés en février suscitèrent quelques mois plus tard des discussions devant la Chambre des Faisceaux et Mussolini tint des propos qui semblaient remettre en cause ses concessions sur la jeunesse. Pie XI ne bougea pas, voulant ménager celui qui avait réglé la question romaine et qui lui apparaissait comme le meilleur rempart contre le communisme. Mussolini prit-il cela pour de la faiblesse en 1931, quand il menaça clairement de placer les mouvements de jeunesse catholique et d’action catholique sous la coupe du parti fasciste ? La réplique fut quasi immédiate par une encyclique écrite en italien pour bien montrer qui était visé : « Non abbiamo bisogno » dont les premiers mots sont « Nous n’avons pas à vous apprendre, vénérables frères ». En effet, comme toujours dans les régimes totalitaires et celui de Mussolini le devenait bel et bien sous plus d’un aspect, les membres du parti se hâtèrent de faire du zèle et de mettre en oeuvre les propos du chef et donc de réels ennuis avaient commencé pour l’Eglise, ses responsables et ses mouvements de jeunesse si bien que Pie XI écrira dès le début de son encyclique : « On a tenté de frapper à mort tout ce qui était et ce qui sera toujours le plus cher à notre coeur de père et de pasteur des âmes, et nous pouvons bien, nous devons même ajouter : et la manière même nous offense ». Puis vient la description des persécutions dont je ne cite qu’un extrait, et on remarquera au passage l’habileté et la fermeté de Pie XI face à Mussolini :

« Nous nous sommes exprimés et nous avons protesté contre la campagne de fausses et injustes accusations qui précéda la dissolution des associations d’universitaires dépendant de l’Action Catholique. Dissolutions exécutées par des voies de faits et des procédés qui donnèrent l’impression que c’était une vaste et périlleuse association de criminels que l’on poursuivait ; il s’agisait de jeunes gens et d’enfants qui sont certainement les meilleurs parmi les bons et auxquels nous sommes heureux et paternellement fiers de pouvoir une fois de plus rendre ce témoignage. Les exécuteurs de ces procédés (pas tous, tant s’en faut, mais nombre d’entre eux) eurent eux-mêmes cette impression et ne la cachèrent pas. Ils cherchaient à tempérer l’accomplissement de leurs consignes par des paroles et par des égards, par lesquels ils semblaient présenter des excuses et vouloir obtenir leur pardon pour ce qu’on les contraignait à faire. Nous en avons tenu compte en leur réservant de particulières bénédictions.

Mais, par une douloureuse compensation, que de brutalité et de violence allant jusqu’aux coups et jusqu’au sang, que d’irrévérences de presse, de paroles et d’actes contre les choses et les personnes, y compris la nôtre, ont accompagné, précédé et suivi l’exécution de l’inopinée mesure de police et celle-ci souvent a été étendue par ignorance ou un zèle malveillant à des associations et à des institutions qui n’étaient même pas visées par les ordres supérieurs, jusqu’aux patronages des tout petits et aux Pieuses Congrégations des Enfants de Marie ».

Puis vient le texte capital pour le sujet qui nous préoccupe :

« Nous avons dit : « les droits sacrés et inviolables des âmes et de l’Eglise ». Il s’agit du droit qu’on les âmes de se procurer le plus grand bien spirituel sous le magistère et l’oeuvre éducative de l’Eglise, divinement constituée unique mandataire de ce magistère et de cette oeuvre, en cet ordre surnaturel fondé par le sang du Rédempteur, nécéssaire et obligatoire à communiquer les trésors de la Rédemption à d’autres âmes, en collaborant à l’activité de l’apostolat hiérarchique. C’est en considération de ce double droit des âmes que nous nous disions récemment heureux et fier de combattre le bon combat pour la liberté des consciences, non pas (comme certains par inadvertance peut-être nous l’ont fait dire) pour la liberté DE conscience, manière de parler équivoque et trop souvent utilisée pour signifier l’absolue indépendance de la conscience, chose absurde en une âme créée et rachetée par Dieu. »

La liberté des consciences constitue donc une juste préoccupation pour un catholique. Pie XI la défend ici contre un Etat à prétention totalitaire, et dans la suite il montre qu’il ne cédera rien là-dessus et c’est en fait Mussolini qui reculera. Un dernier mot sur Mussolini car j’ai parlé de son catholicisme : il détestait Hitler, lui reprochant, entre autres, son antisémitisme et son antichristianisme. En 1936, au moment de l’Anschluss, il avait même envoyé une division au col du Brenner. Mais ni la France ni l’Angleterre n’avait bougé. Mussolini commit alors l’erreur fatale de s’allier avec Hitler, ce qui ne l’empêcha pas de demander au Pape Pie XI l’excommunication du Führer (qui était baptisé catholique parce qu’autrichien), le 7 avril 1938 par l’intermédiaire du Jésuite Tacchi Venturi, intermédiaire du Pape auprès du Duce. Ce n’est pas le lieu ici d’expliquer pourquoi il n’y eut pas de suite, l’important étant de montrer que l’antipathie de Mussolini pour Hitler n’était pas une fiction.

Revenons à l’encyclique. Retenons qu’elle évoque la confusion possible entre « liberté DES consciences » et « liberté DE conscience ». Cette question est abordée très clairement par le Concile Vatican II et a souvent été mal comprise parce que mal expliquée. Je conseille de lire là-dessus comme sur bien d’autres sujets touchant le vocabulaire chrétien la page 177 de l’ouvrage que je pense irremplaçable de Mgr Dominique Le Tourneau s’intitulant « Les mots du christianisme » édité chez Fayard ; au mot conscience, on trouvera-là le résumé exact de la question.

Mais voyons le texte de Vatican II tiré de Gaudium et Spes « L’Eglise dans le monde de ce temps » datant du 7 décembre 1965 et particulièrement les paragraphes 16 et 17 :

 

  1. Dignité de la conscience morale

 

  1. Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera. La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. C’est d’une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s’accomplit dans l’amour de Dieu et du prochain. Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale. Plus la conscience droite l’emporte, plus les personnes et les groupes s’éloignent d’une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité. Toutefois, il arrive souvent que la conscience s’égare, par suite d’une ignorance invincible, sans perdre pour autant sa dignité. Ce que l’on ne peut dire lorsque l’homme se soucie peu de rechercher le vrai et le bien et lorsque l’habitude du péché rend peu à peu sa conscience presque aveugle.

 

Il est clair, pour reprendre une des phrases de Mgr Le Tourneau, que « la conscience n’est donc pas une source autonome et exclusive de la moralité et des actes (1.) » Croire cela correspond à ce que le texte conciliaire dit à propos de la conscience qui s’égare. Et le paragraphe 17 qui suit montre que les Pères conciliaires voient bien les choses ainsi :

 

  1. Grandeur de la liberté  (extrait de Gaudium et Spes)   Mais c’est toujours librement que l’homme se tourne vers le bien. Cette liberté, nos contemporains l’estiment grandement et ils la poursuivent avec ardeur. Et ils ont raison. Souvent cependant ils la chérissent d’une manière qui n’est pas droite, comme la licence de faire n’importe quoi, pourvu que cela plaise, même le mal. Mais la vraie liberté est en l’homme un signe privilégié de l’image divine. Car Dieu a voulu le laisser à son propre conseil pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude. La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. L’homme parvient à cette dignité lorsque, se délivrant de toute servitude des passions, par le choix libre du bien, il marche vers sa destinée et prend soin de s’en procurer réellement les moyens par son ingéniosité. Ce n’est toutefois que par le secours de la grâce divine que la liberté humaine, blessée par le péché, peut s’ordonner à Dieu d’une manière effective et intégrale. Et chacun devra rendre compte de sa propre vie devant le tribunal de Dieu, selon le bien ou le mal accompli.

 

 

Quand le texte évoque une manière de chérir la conscience d’une manière qui n’est pas droite, comme la licence de faire n’importe quoi… cela montre bien que pour la doctrine catholique la conscience ne saurait se suffire à elle-même dans une autonomie absolue. Parler de liberté de conscience est donc bien hérétique parce que rejetée par les textes du magistère. La conscience vraiment libre ne peut donc l’être entièrement qu’en étant tournée vers Dieu. Il faut donc exclure tout qualificatif d’autonomie, ce qui rend impossible pour un catholique de se référer à une quelconque liberté de conscience.

 

En guise de conclusion, je pense que si on avait gardé en mémoire tout ce qui précède – comme on aurait dû le faire sur les principes traditionnels du catholicisme – il n’y aurait eu aucune ambiguité quant à la réception de la déclaration sur les libertés religieuses du 7 décembre 1965.

L’Eglise catholique demande la liberté religieuse au nom de la liberté des consciences, tout comme Pie XI. Ici en 1965, elle songe particulièrement aux pays communistes où cette liberté n’existait pas. Cela ne signifie pas qu’elle accepte le droit à l’erreur, elle refuse simplement l’utilisation de la force sans abdiquer en rien ses prérogatives. Qu’on en juge avec ce passage du paragraphe 14 (Dignitatis Humanae) :

 « Mais les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l’Église. De par la volonté du Christ, en effet, l’Église catholique est maîtresse de vérité ; sa fonction est d’exprimer et d’enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l’ordre moral découlant de la nature même de l’homme. En outre, les chrétiens doivent aller avec sagesse au-devant de ceux qui sont au-dehors, et s’efforcer « dans l’Esprit saint, avec une charité sans feinte, dans la parole de vérité » (2 Co 6, 6-7) de répandre la lumière de vie en toute assurance et courage apostolique, jusqu’à l’effusion de leur sang. »

 

1 – Définition complète du mot CONSCIENCE : du latin conscientia « connaissance ». Le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre (GS16). → La conscience est une propriété caractéristique de la personne humaine. Elle lui permet de découvrir la présence d’une loi qu’elle ne s’est pas donnée à elle-même, la loi naturelle, participation à la loi éternelle de Dieu. La conscience n’est donc pas une source autonome et exclusive de la moralité de ses actes. C’est un jugement sur l’adéquation des normes morales à la situation que la personne affronte, afin de choisir le bien et de rejeter le mal.  Dominique Le Tourneau « Les mots du christianisme » Ed. Fayard 2005

Photo : La revue Item

À propos du rédacteur Père Michel Viot

Prêtre catholique du Diocèse de Blois, ancien pasteur et évêque luthérien, ancien franc-maçon, il a été aumônier de prison, vicaire épiscopal du Diocèse de Blois puis aumônier militaire chargé des anciens combattants. Il est aujourd'hui au service du Diocèse de Paris. Rédacteur occasionnel pour le blog breton Ar Gedour, certains des articles de son blog sont aussi parfois repris avec son aimable autorisation.

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