A propos du son et lumière Bernadette Soubirous – 7, 8 & 9 février 2020 – église Sainte Bernadette de Lorient
Colombe, elle s’appelle Colombe !
Pourtant je l’ai longuement interrogée, cette petite qui se permet de semer le trouble dans ce canton dont je suis en charge de la paix publique …
Elle m’a dit s’appeler Bernadette Soubirous, fille de François et de Louise, dite Maï (tiens, un prénom breton, diminutif de Maïwen, Marie) Casterot.
Bernadette, quel drôle de prénom !
En réalité – j’ai vérifié, vous pensez bien – elle a été baptisée le mardi 9 janvier 1844, 48 heures après sa naissance au moulin de Boly, à l’église Saint Pierre de Lourdes par l’abbé Dominique Forgues, curé doyen, sous les prénoms de Bernarde-Marie qui sont d’ailleurs ceux de sa marraine, sa tante Bernarde Casterot, sœur aînée de sa mère.
Voilà un prénom féminin qui vient honorer le grand saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) dont la particulière dévotion à la Vierge Marie n’ira, malgré tout, pas jusqu’à la reconnaissance prématurée du caractère immaculée de sa conception ! Ne pas confondre Bernard de Clairvaux avec Bernard de Menthon (1020-1081), le fondateur des hospices du col alpin qui sépare la Tarentaise du Val d’Aoste.
Va pour Bernarde, donc !
Mais Bernadette ! Ridicule petit diminutif d’une familiarité désarmante dont l’emploi va finalement largement dépasser le cercle des intimes ! … Jugez en plutôt : c’est sous ce sobriquet qu’elle sera, le 14 juin 1925, béatifiée, puis canonisée le 8 décembre 1933 par le pape Pie XI.
Bref, On m’avait tellement parlé de cette jeune fille qui prétendait avoir vu la Sainte Vierge et faisait retentir toute la vallée du récit de ses apparitions au point d’attirer des foules entières. J’imaginais une grande et forte fille propre à remuer les foules d’une voix puissante et autoritaire, une sorte de grand cheval de bataille mais un peu névrosé !
Je l’ai interrogée pour la 1° fois le dimanche 21 février 1858, après les vêpres… vous pensez bien que je m’en souviens !
On m’avait annoncé une jeune adolescente d’une quinzaine d’année et, quand j’ai levé le nez de mes dossiers, j’ai vu assise devant moi un petite fille qui semblait encore à peine sortie de l’enfance, les yeux baissés sous le long capot qui cachait ses cheveux.
Je me suis radouci, persuadé que j’étais que je n’aurai aucun mal à la faire rentrer dans le rang, avouer la supercherie, en tout cas renoncer à ses fantasmes…
Restaurer la paix et la tranquillité publique, que Lourdes retrouve sa sérénité de petit village de montagne des bords du Gave qu’il n’aurait jamais du perdre …
Eh bien pas du tout : c’est qu’elle m’a tenu tête la petite Colombe, pardon : Bernadette, puisque c’est d’elle qu’il s’agit. Pas intimidée pour deux sous, elle m’a répondu du tac au tac, comme un vieux routier de l’agitprop !!
Assurée sur sa chaise, impossible de lui faire entendre raison, encore moins de lui faire renoncer à ses projets : elle continuera à aller à Massabielle, c’est certain …
Si, si, je vous l’assure
si vous ne me croyez pas, venez à Lorient, à l’église qui porte son nom : Sainte Bernadette, les 7 ou 8 ou encore 9 février prochain : vous verrez !
Au fil des répétitions qui ont lieu les samedis depuis le mois d’octobre, le spectacle prend forme : j’y ai retrouvé, entre autres, Mr et Mme de Gondi auxquels j’avais suggéré le nom d’un de mes disciples : Vincent de Paul – quel dommage qu’il n’ait pas intégré l’Oratoire que je venais tout juste d’introduire en France ! Vous m’avez reconnu : je suit Pierre, futur cardinal de Bérulle (« Saint Vincent de Paul, serviteur des pauvres », église N. D. des Victoires, Lorient, septembre/octobre 2017)- d’ailleurs c’est sous l’autorité souriante de Monsieur Vincent redevenu le glabre Tanneguy qu’ont lieu les répétitions quand le metteur en scène, l’inénarrable Père Frédéric Fagot que nous appelons « Aigle 4 » (en anglais : eagle four = y gueule fort!) n’est pas disponible.
Il y a également la mère supérieure de l’abbaye Notre Dame de la Joie qui a bien voulu autoriser François Michard a construire sa chapelle à Notre Dame, érigée en basilique en 1813, en plein centre de la ville d’Hennebont où j’exerçais alors, en 1414, auprès de la Sénéchaussée, les fonctions de Procureur. (« François Michard, héritier et bâtisseur », basilique d’Hennebont, 500° anniversaire, septembre 2014)
En revanche, Mgr Guillaume Le Prestre de Lezonnet, évêque de Quimper, qui a appris, on ne sait comment, l’existence d’Yvon Nicolazic et des visions dont il bénéficiait dans son champ du Bocenno à Keranna (« 1625, le mystère de Sainte Anne », Sainte Anne d’Auray à la mi-août de chaque année), s’est retrouvé bien seul pour le casting à l’église Sainte Bernadette de Lorient.
En toute hypothèse, il était, bien entendu, hors de question pour moi d’assurer la lourde tâche du rôle titre…
Colombe, elle s’appelle Colombe !
Pour le Commissaire Dominique Jacomet