Saints bretons à découvrir

Du côté de l’institut de Locarn, ce 25 octobre 2017

Vallée des Saints - Photo Ar Gedour (droits réservés)
Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Petites pensées et réflexions d’Yves Daniel au détour d’une visite du côté de l’institut de Locarn, au cours d’une journée organisée par l’Association Bretonne, fondée en 1843.

De même que la Vallées des Saints, toute proche, est une colline, l’Institut de Locarn n’est pas situé au bourg du même nom, mais perdu dans la verte campagne au beau milieu de nulle part….
Mais on finit par y arriver et l’on n’est pas déçu de son voyage…
Surtout pour écouter Joseph Le Bihan, Alain Glon et Philippe Abjean :

Voici ce que j’ai retenu de leurs propos

A – Pour Joseph Le Bihan, c’est la grande illusion : la Bretagne est maintenant durablement disloquée, non seulement en raison de ses divisions administratives, avatar historique qui a mis Nantes dans les Pays de la Loire, mais surtout en raison du TGV qui met Montparnasse à 2 heures de Rennes. Ainsi, tout l’est d’une ligne qui va de Dinan à Vannes est devenu annexe de la région parisienne. La Bretagne se situe dorénavant à l’ouest de cette ligne : le lointain kornog, quoi !

C’est le « Ploukistan » qui s’efforce de survivre envers et contre tout.

1°) la Bretagne n’est toujours pas un territoire-sujet, qui agit ; elle est restée un territoire-objet qui subit.

2°) la Bretagne n’a pas su mobiliser suffisamment sa diaspora entrepreneuriale.

3°) la Bretagne n’a pas été en mesure, malgré l’investissement originaire de la ville de Nantes, de valoriser davantage ses atouts dans l’Arc Atlantique.

4°) la Bretagne n’a pas voulu, contrairement à d’autres régions européennes (Finlande, Irlande), investir dans l’acquisition de technologies innovantes.
5°) la Bretagne n’a pas mis en place une gouvernance appropriée, un directoire économique régional, mais s’est contentée de dupliquer localement le mille-feuille administratif parisien et centralisateur.

6°) la Bretagne est restée insuffisante dans la mise en place d’un programme de formation de leaders, c’est-à-dire d’entrepreneurs susceptibles de s’impliquer durablement dans le tissu local.

La question aujourd’hui est de savoir comment remettre en marche la Bretagne occidentale qui, pour l’instant, se borne à survivre dans un milieu hostile, sachant que la politique des métropoles régionales de nature à « ruisseler » sur les campagnes environnantes est un leurre, un mensonge : les métropoles ne ruissellent pas, elles accaparent, elles coagulent.

Qu’on se le dise !

Alain Glon, est la preuve vivante de ce qu’il préconise pour la réussite : les « 4 C » , à savoir

  • 1°) un cerveau,
  • 2°) du coeur,
  • 3°) du coffre
  • et 4°) des c… pour faire tenir le tout ! …

Un polytechnicien va tirer de sa formation militaire une culture de la conquête, tandis qu’un énarque, lui, se bornera à administrer ce qui est, sans aucune anticipation au-delà du prochain budget annuel.
On applique la politique fiscale incitative de la façon suivante : si ça bouge, on taxe ! Si ça continue malgré tout à bouger, on réglemente et, enfin, si ça ne bouge plus, on subventionne ! …
Les paysans ont été domestiqués : dans la mesure où ils sont propriétaires, on peut leur prêter sans grands risques ; endettés ils deviennent alors à la merci des banques.
Pour faire du lait en poudre, il faut consommer une quantité notable d’énergie qui pourrait être consommée à meilleur escient.
Une activité ne sera véritablement rentable que si ses déchets peuvent donner lieu à valorisation, à défaut, mieux vaut ne pas s’y lancer…

La Vallée des Saints a vocation à recueillir, à terme, la statue de Philippe Abjean, comme d’ailleurs les nôtres puisqu’aussi bien nous sommes tous appelés à la sainteté. Ainsi chacun est à même d’y trouver sa propre satisfaction :

1°) historique, par l’exploration de nos ancêtres et la révision générale de notre histoire commune.

2°) culturelle, par la découverte de nos mythes fondateurs. Ces gens qui, à l’instar de Moïse (l’Exode dans la Bible), d’Ulysse (l’Odyssée du divin Homère), d’Enée (l’Enéide de Virgile) ont quitté leur pays, affronté tous les dangers, et répandu le bien autour d’eux là où ils se sont fixés. Leur histoire est la nôtre.

3°) artistique, par la façon dont chaque artiste s’approprie le sujet dont il sculpte l’image : ce ne sont pas des copieurs, ils font oeuvre originale, chacun en fonction de ce qu’il est, va interpréter le thème retenu, tout en se conformant à un cahier des charges très précis.
Il y a un « effet Guggenheim » qui permet ainsi de tirer vers le haut, c’est bien le cas à la Vallée des Saints.

4°) spirituelle, par l’action commune : la Vallée des Saints, c’est une cathédrale à ciel ouvert dont les voûtes sont celles des cieux et les bas-côtés, l’horizon lointain.

C’est en Bretagne qu’a fleuri, venant d’Irlande, le monachisme érémitique né en Egypte. Est-ce de Bretagne que se développera de nouveau l’essor missionnaire qui avait, les siècles derniers, envoyé nombre de ses fils aux 4 coins de la terre ?

La Vallée des Saints sera toujours là pour le leur rappeler….

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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2 Commentaires

  1. Venant de Normandie, je suis venu habiter en Bretagne il y a 45 ans, j’y suis toujours, c’est dire si je suis attaché au pays. Tant pis je me risque à faire un commentaire.
    Si on veut tuer un pays, il faut tuer sa culture. L’état jacobin s’y est bien employé, bien aidé par les Bretons eux-même.
    Ce qui m’a frappé c’est une sorte d’individualisme.
    Pour faire court, il y a les locuteurs, les musiciens et les danseurs.
    C’est tout juste si ils se causent, le summum c’est les danseurs : 2 fédérations, ben voyons.
    Chacun veut être le chef et considère d’abord ce qui sépare avant de considérer ce qui rassemble.
    Tant que les Bretons avanceront en ordre dispersé la situation aura du mal à évoluer.
    La dernière occasion ratée de la réunification l’a montrée :
    Il y a eu la pleutrerie des députés du moment (sur les 5 départements, seulement 12 sont montés au créneau) qui ont préféré privilégier leur prochaine investiture à la tenue de leurs promesses électorales.
    (Résultat : dans leur grande majorité ils se sont fait virer et c’est bien fait pour eux.)
    Les ambitions personnelles d’un chef qui a préféré assurer le coup avec 4 départements.
    Les indépendantistes qui ne veulent pas comprendre qu’ils servent d’épouvantail.
    On avait pas beaucoup de chance d’y arriver !
    En plus, nombres de Bretons ne connaissent pas leur histoire et ,donc, n’ont pas une composante essentielle qui fait la force d’un pays : la fierté !

  2. Bonjour Jean Luc,

    Breton, brittophone de naissance, je ne peux malheureusement que dire que vous avez entièrement raison

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