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De Mater Ecclesiae à Fidélité Catholique, deux publications qui ont marqué le Diocèse de Vannes

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Un petit retour en arrière s’impose pour mieux saisir notre sujet.

Alors que le Concile Vatican II s’achève et qu’avec lui souffle « l’esprit du Concile » qui, loin d’une brise légère aérant d’un souffle nouveau une Eglise qui en avait peut-être un peu besoin, s’avérera être une véritable tempête jetant à bas en bien des lieux toutes les « frusques du passé » et justifiant toutes les expérimentations menant à désacraliser la sainte liturgie, source et sommet de la vie chrétienne, certaines personnes se lèveront pour tenter d’expliquer ce que dit vraiment le deuxième concile du Vatican face à une lecture idéologique dudit concile dont nous constatons les résultats encore aujourd’hui. Avec plus ou moins de tact, il est vrai. Mais le contexte tendu de l’époque nécessitait parfois des explications franches de part et d’autres.

Ainsi, dans le Morbihan, des prêtres et des laïcs initieront une publication, lettre mensuelle visant à expliquer le positionnement de l’Eglise au regard des textes du magistère avec cette herméneutique de continuité qui sera rappelée plus tard par le Pape Benoît XVI. Cette lettre, publiée d’abord sous le nom de « Mater Ecclesiae » puis sous le nom de « Fidélité Catholique », fera grand bruit dans le landerneau ecclésial. Car presque tous les prêtres du Diocèse de Vannes la recevront, certains y éprouvant un certain intérêt et d’autres contribuant à son classement vertical automatique. En tous les cas, aucun n’y sera insensible : soit on était pour, soit on était contre.

Il faut dire que les contributeurs n’allaient pas dans la langue de buis et soulignaient sans faire dans la dentelle les graves abus qui se développaient dans l’Eglise universelle, et particulièrement dans le diocèse. Il suffit de se plonger dans les numéros qui ont ponctué chaque mois pour s’en apercevoir. Mais plusieurs spécialistes – qu’on ne peut tous suspecter de sympathie sur cette lettre – s’autorisent à penser que si le Diocèse de Vannes est moins sinistré qu’ailleurs actuellement, c’est en partie grâce à cette publication qui durera jusque dans les années 2000, mettant à contribution des familles entières pour la conception, le pliage, la mise sous enveloppe, la distribution, etc.

 

Un peu d’histoire

Fin 1964, avant même la 3ème session du Concile Vatican II, inquiets des bouleversements opérés à la faveur du Concile par les promoteurs du para-concile et de ce qui sera nommé comme nous l’avons dit plus haut « l’esprit du Concile », plusieurs personnes s’étaient organisés en groupe d’auto-défense familiale, et s’efforçait de diffuser auprès des prêtres et des religieuses du diocèse une information qui ne se trouvait pas dans la presse catholique officielle. Evidemment, le bulletin communément appelé « Mater Ecclesiae » deviendra pour tout un clergé ce que les médias officiels pourraient appeler aujourd’hui un vecteur de « fake news », alors même que cette publication ne rappelait que le magistère et ne contestait pas le Concile lui-même mais les dérives de son application, notamment la Constitution sur la Sainte Liturgie. Puisant certains textes dans les éditions dites traditionalistes, il est évident que parfois cela n’était pas audible de la part d’un clergé dit progressiste.

10 ans après Mater Ecclesiae, et donc après le Concile, d’autres catholiques qui n’auraient peut-être pas suivi Mater Ecclesiae dans un premier temps pour les raisons évoquées plus haut, éprouvèrent le besoin de manifester à leur tour leur fidélité catholique, et c’est donc ainsi que « Fidélité Catholique » vit le jour en mars 1975. Ces deux publications se rejoignirent de manière à unir les forces, leurs promoteurs considérant qu’il n’était pas utile qu’il y ait deux publications presque similaires pour le même objectif.

La déclaration publiée dès le N°1 de Fidélité Catholique pose le concept :

« Ce bulletin, « Fidélité Catholique », dû à l’initiative d’un groupe de catholiques du Morbihan, se propose de donner d’une part des informations religieuses, et d’autre part des éléments de formation doctrinale sur des sujets religieux soulevés par l’actualité. Il voudrait en outre tisser des liens entre tous ceux qui ne se résignent pas à ce que notre Saint-Père le Pape a appelé d’un mot terrible : « l’auto-démolition » de l’Eglise ; il voudrait aussi soutenir l’espérance chrétienne de ses lecteurs et les encourager à marcher, Dieu aidant, dans la voie qui s’impose au catholique fidèle, celle de la sainteté et du témoignage chrétien ».

Dès le départ, le ton est donné, particulièrement avec une réparation concernant la publication du recteur d’une paroisse du Diocèse de Vannes à l’occasion de Noël qui, en quelques lignes revient à nier la conception virginale de la Vierge Marie. Une mise au point est donc donnée en attendant l’intervention de l’évêque de l’époque, Mgr Boussard. En s’appuyant sur les déclarations du Concile Vatican II, sur le catéchisme du Concile de Trente mais aussi sur bien d’autres textes du magistère, les rédacteurs de Fidélité Catholique entendent remettre certaines situations au clair.

L’abbé Marcel Blanchard disait de cette publication qu’elle « se voulait être, contre vents et marées, un flambeau de la Fidélité Catholique d’un groupe de catholiques du diocèse de Vannes… »

Lanceur d’alerte avant l’ère Internet, ce petit mensuel soulignera certains abus liturgiques et doctrinaux face aux textes du magistère, considérant  à la suite de Pie XII que « la formation doctrinale est ce qu’il y a de plus nécessaire en France à l’heure actuelle » (Pie XII à Mgr Théas, Lourdes 1950), mais ne s’en tenait pas là puisque étaient aussi mentionnées des actions positives sur ces questions.

Aujourd’hui, nous confie un prêtre qui a connu cette période, « la situation est différente : il s’agit de reconstruire le tissu chrétien en proposant une belle liturgie capable de porter, en instituant un vrai catéchisme dans lequel la Foi de l’Eglise est présentée, en insistant sur les sacrements de l’Eglise ». « Les attaques ne faisant pas avancer les choses,  faisons l’expérience de l’intériorité, du sacré et de la beauté », nous ajoute-t-il.

À propos du rédacteur Erwan Kermorvant

Erwan Kermorvant est père de famille. D'une plume acérée, il publie occasionnellement des articles sur Ar Gedour sur divers thèmes. Il assure aussi la veille rédactionnelle du blog et assure la mission de Community Manager du site.

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3 Commentaires

  1. voir sur cet épineux sujet le site de l’association « fidélité et ouverture » fondée par mon ancien prof de philo au bahut de Châteauroux, Gérard Soulage (que nous appelions, bien évidemment, « Sam » ….) !

  2. Nous devons beaucoup au courage et à la foi indéfectible de cette poignée de prêtres et des laïcs du diocèse de Vannes qui ont su résister à contre-courant durant les « années de plomb » tout en restant au coeur de l’Eglise sans suivre les fidèles de MGR Lefèvre. Et c’est vrai que c’est en partie grâce à eux que la situation est un peu moins pire et le modernisme a fait un peu moins de dégâts dans le diocèse de Vannes que dans de nombreux autres diocèses. On pourrait aussi invoquer sainte Anne, la Chouannerie, Mère Yvonne-Aimée de Malestroit ou l’abbé Victor-Alain Bertho qui ont aussi eu leur influence ainsi que le côté indépendant du clergé vannetais (certains parleraient d’immobilisme, mais cela peut avoir du bon) qui aime sa liberté personnelle et n’apprécie guère les syndicats ecclésiastiques qui décident de tout…
    En ce sens, je confirme que Mater-Ecclesiae-Fidélité catholique a eu une grande influence -quoique discrète- sur le clergé, même au-delà du diocèse de Vannes. En effet, nombre de prêtres (ou de séminaristes, de religieux, de religieuses) qui se sentaient seuls et auraient pu flancher car ils ne pensaient pas avoir la force face au matraquage du discours officieux-officiel ecclésial ont tenu bon dans la foi et la tradition (même discrètement car ils savaient qu’ils n’étaient pas seuls. )
    Nous devons beaucoup à Fidélité catholique et cet humble publication doit servir d’exemple à la génération suivante. Le champ de ruine de l’Eglise s’étend à perte de vue, même s’il y a quelques beaux restes encore vivants. Certains mouvements, grassement subventionnés par le denier du culte continuent de distiller leur idéologie mortifère, la liturgie traditionnelle est encore combattue, la langue bretonne n’a toujours pas droit de cité plein et entier dans l’Eglise. La crise morale et spirituelle est profonde à tous les niveaux. Nous somme attaqués par le libéralisme hédoniste relativiste, par l’Islam et le mondialisme et même encore par le communisme. Sawamp ! Gardons vive cette espérance.
    Je remercie encore l’abbé Blanchard, (qui signait ses arcticles : « un curé de campagne du diocèse de Vannes) l’abbé Le Palud pour tout ce qu’ils ont fait (pour la langue et la culture bretonnes aussi, ‘èlrézon). N’oublions pas non plus dans nos prières Mme Yviquel qui fut pendant des années dans l’ombre la grandes organisatrice de la diffusion de fidélité catholique.

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