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[DIOCESE DE VANNES] L’abbé Joachim Le Palud a rejoint le Père à l’âge de 100 ans

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Ce vendredi matin, 15 mars 2019, l’abbé Joachim Le Palud s’en est allé renaître auprès du Père qu’il a tant aimé et servi  » ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit… » Jn XV 16 avait-il fait inscrire sur l’image de son jubilé sacerdotale (1994).

Joachim Le Palud est né le 20 décembre 1918 et baptisé le lendemain 21 à l’église de Plumergat. Sa langue maternelle est le breton (il n’appris le français qu’à l’âge de 7 ans).  Il est orphelin de père très tôt, fait ses études au petit séminaire de Sainte Anne d’Auray.

De Plumergat, il se rappelle fort bien de la chapelle en ruine de Notre Dame de Gornevec. L’édifice aurait été bâti au XIe siècle par les moines de Saint-Gildas de Rhuys, qui possédaient des biens et des terres dans le village, et fut relevé comme beaucoup d’autres par l’action de Breiz Santel.

A l’issue de ses classes primaires, Joachim alla travailler le latin auprès du recteur de Plumergat afin d’entrer directement en 5ème au petit séminaire de Sainte Anne d’Auray. Dans ces établissements, on reprenait les éléments déjà acquis de la langue bretonne, en faisant apprendre de façon plus rationnelle la grammaire aux enfants et en leur expliquant les précisions de cette langue où foisonnent les mutations ; ainsi, c’était une véritable langue écrite et non un dialecte que les enfants avaient en tête.

Après son baccalauréat, il rejoint le grand séminaire de Vannes puis l’université catholique d’Angers pour une licence de théologie. Un de ses camarades de cours le disait toujours très effacé, discret, travailleur allant au fond des études, recherchant la juste information.

Il est ordonné prêtre le 23 décembre 1944. Il est nommé professeur au petit séminaire puis rapidement au grand séminaire ou il assure les cours de théologie morale et dogmatique jusqu’en 1956. Il fut successivement aussi vicaire à saint Patern (sous réserve), à la cathédrale de Vannes puis aumônier de l’école saint Joseph -école des frères de Jean Baptiste de la Salle. En 1962 il est nommé recteur de Sainte Hélène paroisse rurale (1000 habitants) ayant aussi une forte population d’ostréiculteurs. C’est en septembre 1968 qu’il prend la charge de la paroisse rurale de Kervignac (2000 habitants) ou il restera jusqu’en septembre 1994 soit 24 ans. La commune aura alors plus de 4000 habitants.

Kannad an aviel en hor bro (messager de l’Evangile en notre pays)

Il ne cessa d’utiliser le breton sa langue, tant dans sa vie quotidienne et ses rencontres avec les paroissiens que pour les cérémonies religieuses. Il nous a confié correspondre en breton ou en latin avec des confrères du Pays de Galle ou d’Irlande A Kervignac jusque dans le début des années 1980 il prêchait de temps à autres en breton ; et chaque dimanche à la messe l’assemblée chantait 1 ou 2 chants en breton, ces fameuses messes « français, latin, breton » pour l’édification de beaucoup paroissiens ordinaires ou de passage.

Absorbé par sa tache d’un combat pour la liturgie, la catéchèse, la morale ou la doctrine sociale de l’Eglise qui mobilisa toute son attention et toute son énergie, il ne cessa « d’éclairer les esprits » pour conduire ses paroissiens très nombreux et de tous horizons à la réflexion. Notons par exemple qu’il fut avec l’abbé Marcel Blanchard la cheville ouvrière de la revue Fidélité catholique. L’abbé Blanchard disait de cette publication qu’elle “se voulait être, contre vents et marées, un flambeau de la Fidélité Catholique d’un groupe de catholiques du diocèse de Vannes…”

Il sut accueillir de nombreux errants. En 1994 il est nommé auprès des sœurs de l’Institut des Dominicaines du Saint Esprit où il assure l’aumônerie. La maison de la grille est aussi largement ouverte, comme ses presbytères l’étaient, tant pour les élèves de saint Thomas -collège/lycée – que les amis, relations, confrères ou gens de passage en recherche. Il assure ce poste jusqu’en septembre 2016 ou il demande pour des raisons de santé à rejoindre la maison Saint Joachim à Sainte Anne d’Auray. Fidèle à la soutane, il a la joie de voir de jeunes confrères la portée sans gêne et avec joie.

Entouré de sa famille l’abbé Le PALUD a fêté son centième anniversaire le 20 décembre ; le 24 décembre Monseigneur Centène, évêque de Vannes a rassemblé autour du prêtre les séminaristes du diocèse y associant ses 74 années de sacerdoce ; et plus de 150 personnes se sont retrouvés à la basilique de Sainte Anne d’Auray le 28 décembre pour une messe d’action de grâce et de louanges. Le 3 février dernier, une messe d’action de grâce a été célébrée à Kervignac, où il est resté recteur durant 24 ans, marquant la mémoire d’un grand nombre d’habitants. L’abbé Le Palud n’avait pu se déplacer mais la messe a cependant été célébrée par le Père Pierrig Rio originaire de Kervignac et actuellement responsable du Foyer de Charité de RONCIGLIONE du diocèse de Rome et du Père Gilbert Abjassou.

Ses funérailles seront célébrés à la basilique de sainte Anne le lundi 18 mars à 14 h 30; l’inhumation au cimetière de la maison saint Joachim

Une veillée de prière est prévue dimanche 17 à saint Joachim à 17 heures.

Merci à A. V. pour les informations et la photo

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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5 Commentaires

  1. Un homme bon…Un Saint homme que j’ai côtoyé de nombreux dimanche à Pont-Calleck et parfois avant cela à Kervignac.

  2. merci de pour cet article. Une petite erreur s’est glissé dans le texte. Il est né le 20 décembre.

  3. Merci Mr Le Recteur pour l’homme et le prêtre que vous avez été pour moi.
    C’est auprès de vous que j’ai fait mes 1ers pas dans la foi et mes 1ers engagements dans l’Eglise.
    Je vous dois beaucoup !
    Que Dieu vous ouvre ses bras d’amour.

  4. Il a dirigé semble t’il la revue Bro Guened, lettre vannetaise du Bleuen brug.

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