Denez Prigent, qui se fait désormais sobrement appeler Denez, nous laisse rêveur à chaque album qu’il livre au public. Après l’album Sarac’h (2003) totalement abouti et présentant une musique bretonne emplie d’une âme millénaire et projetée dans l’aujourd’hui, Denez nous invitait en 2015 à visiter “Ul liorzh vurzhudus”(un jardin enchanté), laissant l’âme partir à la découverte d’un Eden, d’un Tir n’a Nog, alliant couleurs musicales et rythmes du monde, il saura sans aucun doute à travers ses 12 titres nous brosser des paysages dont lui seul a le secret. Délaissant peu à peu l’électronique qu’il prisait auparavant, l’excellent Sarac’h donnait déjà un certain tournant artistique, privilégiant l’acoustique et les instruments traditionnels de Bretagne et d’ailleurs. “Ul liorzh vurzhudus” était aussi dans cette ligne, mais avec le recul, s’impose comme un trait d’union entre l’album de 2003 et celui qu’il offre en ce mois de mai 2018.
Mil Hent, neuvième album de l’artiste breton, c’est en quelque sorte une synthèse musicale et un aboutissement de tous ces chemins parcourus depuis des décennies, ces chemins escarpés de Bretagne qui sont comme ces volets qu’on ouvre sur l’océan et offrant le large comme horizon et une certaine mélancolie portée par cette alchimie musicale. Tantôt intimiste, tantôt exalté, le répertoire est d’une intensité forte. La voix enracinée se nourrit ici du terreau vivant que constituent les bruits de la nature intégrés pour la première fois dans l’univers sonore du chanteur : coassements de corbeaux, feu crépitant ou puissant orage, bise giflant les visages et vagues déferlantes, cloches d’églises sonnant le glas…
D’aucun se rappelleront des expériences electro antérieures. Mil Hent, c’est le retour à l’électro. Mais soft. Car Denez sait s’entourer d’excellents musiciens capables d’accompagner le barde dans ce style musical propre à lui, et à même de parcourir les chemins qu’il empreinte. Ici, rien n’est perdu de l’acoustique, et les machines ne font que mettre en valeur une musique inspirée.
Ainsi, les machines électro de James Digger voisinent avec les cordes de l’excellent Jonathan Dour, les flûtes de Cyrille Bonneau, le uilleann-pipes de Ronan Le Bars, la harpe et le qanûn de Maëlle Vallet… Les frères Guichen participent également à l’album : le guitariste, Jean-Charles, offrent son jeu unique et efficace aux titres « An Hentoù splann » et « Ar roudoù avel », tandis que l’accordéon diatonique de Fred interprète le superbe et énergique « An tad-moualc’h-kaner ». Sans oublier que pour cet opus, Denez s’est aussi entouré du Ouessantin Yann Tiersen, mariant son jeu de piano épuré à la grave voix de Denez.
Mil Hent, c’est un album magique que vous écouterez et réécouterez. Vous vous laisserez envelopper dans cette âme de Bretagne portée dans un chant incomparable, un chant à même de vous projeter là où le temps n’existe plus, là où l’espace n’a plus de limite. Fermez les yeux. Ouvrez votre âme et, que vous puissiez comprendre les paroles (fortes) ou non, laissez-vous porter par cette voix vibrante et unique.
C’est album est beau, tout simplement !!!
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