DEUX BELLES INITIATIVES POUR SAUVER NOS CATHEDRALES

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Pour ceux qui s’intéressent à notre patrimoine religieux, et qui à juste titre s’inquiètent de son avenir, tant l’indifférence est trop souvent de mise, une indifférence conduisant à la ruine, tôt ou tard, tant de nos chapelles, églises, cathédrales, deux très bonnes nouvelles sont venues éclaircir ce ciel sombre.

Comme des milliers, sinon des millions de personnes, croyantes ou non, les propriétaires de la forêt de Brocéliande qui ont la chance de posséder de magnifiques chênes centenaires, voire davantage, ne pouvaient rester indifférents devant la destruction totale de la charpente-forêt de Notre-Dame de Paris et de sa flèche. Ce fut le cas, comme ses confrères en sylviculture, de Chantal Corvisart, heureuse propriétaire d’un chêne qui correspondait parfaitement aux exigences d’âge, de hauteur, de droiture (au moins 14 mètres de hauteur) et section sans défauts, exigés par le cahier des charges.  Emue, elle dit que pour elle « C’est un grand honneur de faire don de cet arbre qui est sa fierté. Pour cet arbre, c’est un destin fantastique. Loin d’être une fin, c’est au contraire  une nouvelle vie qui commence pour lui. » Vingt autres propriétaire, ont, comme elle fait don de huit chênes centenaires  provenant de diverses forêts bretonnes, et même de propriétés privées. Tous les adhérents de la filière bois de Bretagne ont répondu favorablement. Les chênes retenus sont coupés en mars, juste avant la montée de la sève, et ce par des professionnels. Le bois devra sécher pendant 12 à 18 mois. Les divers assemblages de l’immense charpente et de la flèche devront être réalisés courant 2023. Et Chantal Corvisart d’ajouter «  Lorsque je passerai devant la cathédrale, je me dirai qu’il y a un peu de Brocéliande la haut ». En effet, et avec tous ces chênes bretons, « il y aura aussi, là-haut, beaucoup de Bretagne ».

notre dame de parisCertains grincheux, auto-proclamés écologistes, dissimulant parfois avec peine un antichristianisme poussiéreux, se sont indignés, ont crié au scandale devant ces abattages “attentatoires à l’environnement”. Qu’ils se rassurent, les propriétaires se sont engagés à ce que pour chaque chêne coupé, quinze chênes soient replantés. Conseillons à ces « écologistes » de plutôt s’inquiéter des déforestations massives mafieuses des forêts primaires d’Amazonie, d’Indonésie, d’Afrique,  y compris même en Europe, où le destin de millions d’arbres pluri-centenaires ne connait pas une si belle fin.

Personnellement, sur ma propriété, je possède trois magnifiques chênes bi et tricentenaires, aux troncs exceptionnels, dont pour  l’un il faut trois adultes, bras tendus, pour en faire le tour ; malheureusement, ayant au cours des siècles été régulièrement émondés pour « faire du bois », ils se sont transformés en « chênes têtards »  très noueux, romantiques, abris idéal pour les chouettes, mais du coup avec leur huit mètres de hauteur ne pouvaient correspondre aux critères de qualités exigés.  J’avoue, que j’aurai été très heureux, très fier qu’un de mes chênes soit hissé au sommet de Notre-Dame. Le « sacrifice » d’un si bel arbre, pour une si belle cause, en valait la peine. Je précise que moi aussi je suis écologiste, j’ai planté cet hiver 40 arbres de diverses essences pour les générations futures…

Autre belle initiative : l’important don de 148.000 euros de la part de l’écrivain Gallois, Ken Follet pour la restauration de la cathédrale de Dol (Ille-et-Vilaine). A la question : « Pourquoi avez-vous fait ce don pour restaurer la cathédrale de Dol-de-Bretagne ? Il répond :

« A la suite de l’incendie de Notre-Dame de Paris, j’ai écrit un livre, expliquant pourquoi le monde a tellement été ému par ce drame. Mais je n’ai pas voulu profiter de ce drame pour gagner de l’argent. J’ai alors pensé céder l’intégralité des droits de mon livre (113.000 exemplaires vendus) pour sa reconstruction, mais il y a eu déjà énormément de dons. J’ai donc décidé de donner cet argent à la Fondation du Patrimoine. J’ai choisi la cathédrale de Dol, chef-d’œuvre en péril, qui est très intéressante, tant par son style très cohérent pourtant de diverses époques (XII et XIII e siècles) ».

De telle initiative n’est pas sans rappeler ce que disait l’abbé Klaoda Jégou, recteur de Poullaouen-Scrignac Monts d’Arrée. Finistère), assassiné en 1797 par des révolutionnaires, parce que prêtre réfractaire :

                  « Celui qui élèvera une Maison à la Vierge en ce monde,
La Vierge lui élèvera une maison dans l’Autre monde »

Voilà bien une belle promesse à laquelle les généreux donateurs n’ont sans doute pas songé, mais qui ne pourra que les conforter dans leur généreuse initiative. De quoi me faire regretter de n’avoir pas pu donner un de mes beaux chênes …

Tant que vous êtes là, un petit mot : l’Oeuvre de St Joseph recherche 15000€ pour consolider le portail du XIIème siècle de l’abbatiale de Montfort/Meu. Vous pouvez aider en faisant un don sur ce lien.

Vous pouvez aussi soutenir Breiz Santel qui participe de manière importante à la sauvegarde des chapelles de Bretagne. Cliquez ici pour en savoir plus.

À propos du rédacteur Youenn Caouissin

Auteur de nombreux articles dans la presse bretonne, il dresse pour Ar Gedour les portraits de hauts personnages de l'histoire religieuse bretonne, ou encore des articles sur l'aspect culturel et spirituel breton.

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Un commentaire

  1. Dominique de Lafforest

    magifique ! oui, “il y aura un peu de Brocéliande au coeur de la Cité , et aussi beaucoup de générosités inconnues, du plus humble balayeur au couvreur le plus haut hissé, qui nous permettront de rendre grâce au Donateur de vie pour le génie dont Il a doté les hommes!

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