« Ma neuvaine avec Pierre Le Gouvello de Keriolet(1602-1660), Pénitent breton est un ouvrage de type inédit, du moins à ma connaissance car, ayant été chargé par l’évêque de Vannes, Monseigneur Centène, de l’enquête fama sanctitatis et fama sanctorum durant trois années concernant ce saint personnage, je n’ai jamais rencontré trace d’un ouvrage de ce type depuis le XVIIème siècle » nous indique Philippe-Guy Charrière, qui vient de publier via la Librairie du Sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray (Morbihan) pour le premier et par les Editions Resiac pour le second deux petits ouvrages invitant à prier avec Pierre de Keriolet et Saint Vincent Ferrier, deux figures emblématiques du Diocèse de Vannes.
Nous avons demandé à l’auteur de développer pour nos lecteurs l’originalité de ces neuvaines et de nous décrire qui étaient ces deux personnages.
PIERRE DE KERIOLET
Keriolet est un personnage à la fois attachant et inclassable. Hors normes. La première partie de sa vie est épouvantable, et il me semble difficile de faire pire : voleur -y compris de sa famille-, provocateur et duelliste redoutable, joueur, blasphémateur, trousseur de jupons, il n’hésite pas à rechercher des sorcières pour voir en vrai le diable et songe même à se faire mahométan. Certains chercheurs y ont vu un modèle probable du Don Juan de Molière, par le biais de la famille des Gondi que Keriolet et Molière ont fréquentée. Vers janvier 1636, alors qu’il est à Loudun pour séduire la fille d’un pasteur protestant, il se convertit brusquement dans le cadre de possessions diaboliques touchant les Ursulines de la ville, une histoire restée célèbre, et dont on a même tiré un opéra (Die Teufel von Loudun, de Krzysztof Penderecki, 1971), car elle attire beaucoup de curieux, y compris de l’étranger, et que la terre voisine est celle de Richelieu, l’implacable et exceptionnel ministre de Louis XIII (1610-1643). Sa vie change du tout au tout et il devient dès lors prêtre et pénitent exemplaire, pérégrinant sans cesse, omettant de prendre soin de sa personne (lui si soigné jadis), de discuter avec qui que ce soit (il aime beaucoup la compagnie), ne se défendant plus quand on le provoque (lui, jamais battu en duel auparavant), transformant son château de Kerlois près de Sainte-Anne d’Auray en havre pour les miséreux qu’il habille, nourrit et catéchise quand il n’est pas en pèlerinage, se répandant en aumônes et en bienfaits pour les plus faibles. Il est à l’origine, entre autres, de l’Hôtel-Dieu d’Auray tenu par des Augustines, même si le projet ne s’est véritablement réalisé qu’après sa mort. Il a dès son vivant la réputation de faire des miracles. De 1636 à 1660, les démons ne le lâchent pas et cherchent par toutes les façons -en vain mais non sans combats- à le faire retomber. L’évêché de Vannes réfléchit en ce moment sur l’éventualité de porter sa cause de canonisation en cours de Rome. Sur initiative d’Ar Gedour, sa statue est projetée dans La Vallée des Saints, projet auquel chacun peut participer via ce lien.
Sa vie fut en premier écrite par un religieux Carme de Sainte-Anne d’Auray qui avait bien connu Keriolet, du temps où les Carmes géraient le sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray. Voici la référence : SAINTE CATHERINE (Père Dominique de), Le grand Pecheur Converti, ou la Vie de Monsieur de Queriolet, Pierre de Govello, Prestre, et Conseiller du Parlement de Rennes, par le Pere Dominique de Sainte Catherine Religieux Carme de la Province de Touraine, & Observance de Renne. 1 vol., 348 pages, chez Florentin Lambert, ruë saint Iacques, vis-à-vis saint Yves, à l’Image saint Paul, Paris, 1663.
Une réédition de l’ouvrage datée de 1680 est disponible en ligne, ainsi qu’une vie écrite au XIXème siècle par un membre de sa famille, Hippolyte Le Gouvello.
Le Père André Guillevic, ancien recteur de la basilique de Sainte Anne d’Auray, dit à la préface de l’ouvrage : Pierre le Gouvello de keriolet, contemporain d’Yvon Nicolazic à qui Sainte Anne est apparue, homme violent, pervers, voleur, renégat, voué à Satan se convertit subitement au cours d’un exorcisme sur les possédées de Loudun dans les premiers jours de 1636. Il va devenir un modèle de vie entièrement donnée pour les pauvres et sera ordonné prêtre. Nous sommes là face à une mystère dans lequel l’amour de Dieu a ébranlé l’orgueil de plus démesuré de son intelligence. Les coeurs les plus durs peuvent être touchés par une grâce divine que notre raison humaine ne peut comprendre. Puissent ceux qui prieront avec Pierre de Keriolet rendre grâce pour ceux que l’amour de Dieu a rendus « doux et humbles de coeur »
SAINT VINCENT FERRIER
La Neuvaine à saint Vincent Ferrier (1350-1419) s’inscrit dans le cadre du Jubilé diocésain voulu par Monseigneur Centène, évêque de Vannes, à l’occasion du 600ème anniversaire de la mort de ce religieux exceptionnel. Vincent Ferrier, religieux né près de Valence en Espagne actuelle et prêtre dominicain, est un prédicateur de premier ordre, réputé pour ses nombreux miracles de son vivant et pour la clarté de ses prêches. Voilà quelqu’un qui en remontre à notre époque, pleine de ce relativisme que le regretté saint Jean-Paul II (des reliques à la basilique de Sainte Anne d’Auray pour ceux qui l’ignoraient !) dénonçait si fréquemment. Une prédication dans la vérité et la charité, à la Daniel-Ange si l’on me permet une comparaison actuelle. Ses ouvrages sont toujours d’actualité, à commencer par son Traité de la vie spirituelle, dont je ne saurais trop recommander la lecture, et disponible en ligne. Les reliques de saint Vincent Ferrier sont à la cathédrale de Vannes.
Une statue est prévue dans La Vallée de Saints, sur initiative du Diocèse de Vannes : https://www.argedour.bzh/une-statue-de-saint-vincent-ferrier-pour-la-vallee-des-saints/
Il est le saint patron du Pays valencien, des constructeurs,des tuiliers, des briquetiers, des couvreurs et des plombiers.Il est fêté le 5 avril. La Tradition l’invoque pour obtenir la grâce d’avoir l’esprit missionnaire, la compassion pour les plus démunis, contre l’épilepsie et le mal de tête. Le livre est publié par les éditions Résiac.
Les deux ouvrages sont accompagnés de textes autant que possible contemporains ou antérieurs aux personnages intéressés. Chaque livre se veut accessible à chacun, y compris à ceux qui ne sont pas des « piliers d’église » et qui n’ont jamais fait de neuvaine… ou ont oublié leurs prières. Ce sont des ouvrages « clefs en main », contenant tous les textes nécessaires pour effectuer correctement chaque neuvaine.