An esperañs, pelec’h emañ ?… / Elle est où, l’espérance ? (article bilingue)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 7 min
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« An esperañs, pelec’h emañ ?… »

An Esperañs ?… « ar verc’h vihan Esperañs », a ouezas Péguy, ken brav, reiñ c’hoant kejañ outi…

Ya, pelec’h emañ an Esperañs, pa gonter ar marvoù, deiz goude deiz, ha pa ne ouzer ket piv a zo ar gwir gantañ, e-touez an « arbennigourion » a weler war skrammoù ar chadennoù-skinwel ?…

Minwalet en em gavomp, gwerzhet d’an Aon. Aon da gontammiñ un den « e riskl », pe un tad kozh intañv, en e di ; aon da vezañ flatret gant un amezeg digalon bennak, ereet gant e aon dezhañ e-unan ?

             Ya, pelec’h ‘ta emañ an Esperañs ?

« Na lezit den da laerezh deoc’h an esperañs ! » a hop dizehan deomp ar Pab Frañsez.

D’hor c’hevredigezh a genwerzh, a flap hag a «zap» betek ar « burn out » da zont, a zo kinniget gant krouerion ar meno foran ?

Netra.

Netra nemet « bitrakoù», taoladus. Netra nemet atav muioc’h a ebatoù, a dizh hag a feulster, en un aergelc’h hollek a «en em salv da-unan !».

Pelec’h ‘ta emañ an harozed ? Ar re wirion ? Pelec’h emañ ar sent ? Ar re a vuk pelloc’h, uheloc’h ? Ar re a zegas deomp da soñj hon eus ivez un ene !

En hon touez emaint, e oberoù uvelañ al labourioù ordinal. Eno emaint, er jestroù-skoazellañ, e jestroù-kennerzhañ ar vuhez pemdez, a c’hell bezañ ken bras !

      Ha c’hoazh ez eo dav gwelet ar sinoù pemdeziek bihan-se.

Freskter ar gouloù-deiz, ar voc’h-ruzig didrouz evel ul logodenn, pe galloudezh ar gwagennoù oc’h arsailhañ ar c’herreg milvedel ; notennoù piano a glever en ur straed ; pe sonerezh un delenn… Kened an traoù ordinal a zo dirazomp. Savomp hon daoulagad ! Bezomp soñj ez omp daoudroadeion tonket d’un eurvad diharz !

Pa vez estlammet ur bugel o welet ur valafenn o nijal kuit, ez eo eñ a zo o teskoniañ ac’hanomp. Savomp aliesoc’h hon daoulagad ; n’eo ket evit en em laerezh diouzh an amprouadennoù pe hor c’has war-zu hentoù dall marvus, met evit gwelet ha gouzout n’omp ket hon-unan-penn, ez omp tud ha n’eo ket hiniennoù tonket da vezañ truajidi-bevezourion hepmuiken. Deskomp, ad-deskomp, en deus pep den, forzh peseurt «yezh, pobl, broad» e vije, kreder pe diskreder, ezhomm eus ar peurvoud, ez eo graet evit ar peurvoud. Rak krouet eo, c’hoantaet, lakaet er bezoud, gant e asant pe hep gouzout dezhañ. Tu zo dezhañ disoñjal pe nac’h… Eno emañ e wall-reuz. Ac’hano e teu an Aon.

En e lizher «Holl breudeur» (« Fratelli tutti » nn 55-56 ), e ped ar Pab Frañsez kement den a fell dezhañ da «gerzhout en esperañs ; da sellout uheloc’h ha dreist d’an amprouadennoù berrbad, forzh pegen spontus e vefent. Rak ar bed-mañ a zo o tremen, hor planedenn a ya en he roud ha n’eus den ebet evit he c’habestrañ, ar virus, aozet en un arnodva, hag an holl gargidi o deus resevet ar garg da ren… kement tra zo, penn-da-benn, a zo e dalc’h ar Boud «n’eus bet graet netra» heptañ.

Ha pa oufemp pe get, holl ez omp bet c’hoantaet gant Unan a gar divuzul-kaer muioc’h egedomp-ni. Holl ez omp breudeur dre ma teuomp eus an hevelep Tad, holl omp galvet, ha pep hini evel m’emañ, da dostaat ouzh hon nesañ a zo ezhommek. Bep gwech ma ‘z eomp evel-se en arbenn d’an hini all hor c’hortoz, e kejomp gant an Esperañs…

       Rak en Den eo emañ o chom « an hini kaer dreist holl vibion an dud», ar C’hrist, gwir Doue ha gwir den. Aze e emañ hon Esperañs .

        Ya, aze emañ o chom, an Esperañs !

Hiziv.

« Elle est où, l’espérance ?… »

L’Espérance ?… « la petite fille Espérance » que Péguy sut si admirablement nous donner envie de rencontrer …

Oui, où est-elle l’Espérance, lorsque l’on comptabilise jour après jour les décès, et que l’on ne sait plus, parmi les divers « experts » qui se succèdent sur les plateaux de télévision, lesquels pensent juste ?…

Nous voilà muselés, livrés à la Peur. Peur de contaminer une personne « à risques » ou le grand-père veuf, chez lui ; peur de se voir dénoncé par quelque lâche voisin, enfermé dans sa propre peur à lui ?

             Oui, où donc est passée l’Espérance ?

« Ne vous laissez pas voler l’espérance ! » nous crie sans cesse le Pape François.

A notre société marchande, qui bavarde et qui « zappe » jusqu’au prochain « burn out », que proposent les fabricants de l’opinion ?

Rien.

Rien que de nouveaux « gadgets », jetables. Rien que toujours plus de jouissance, de vitesse et de violence, dans un « sauve-qui-peut » général…

Où donc sont les héros ? Les vrais ? Où sont les saints ? Ceux qui visent plus loin, plus haut ?Qui nous rappellent que nous avons une âme, aussi !

Ils sont au milieu de nous, dans les plus humbles actes des ordinaires besognes. Ils sont là, dans les gestes de soutien, dans les consolations, dans le petit quotidien, qui peut être si grand !

      Encore faut-il les voir, ces signes de tous les jours.

La fraîcheur de l’aurore, l’apparition du rouge-gorge, discret comme la souris, ou la puissance fascinante des vagues, assaillant les roches millénaires ; des notes de piano qu’on entend de la rue ;ou la voix d’une harpe… La beauté des choses ordinaires est devant nous. Levons les yeux ! Rappelons-nous que nous sommes des bipèdes destinés au bonheur sans limites !

Lorsque l’enfant s’émerveille parce que le papillon s’envole, c’est lui qui nous éduque. Elevons les yeux plus souvent ; non pour esquiver les épreuves ou nous précipiter vers des impasses mortelles, mais pour voir et savoir, que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes des personnes , non des individus réduits à n’être que des contribuables consommateurs. Apprenons, ré-apprenons, que tout être humain, de « toute langue, peuple et nation », croyant ou incroyant, a besoin d’absolu, puisqu’il est fait pour l’absolu. Car il est fait, voulu, placé dans l’existence, qu’il le veuille ou qu’il ne le sache pas. Qu’il l’oublie ou le refuse…Et là est son drame. Là vient la Peur.

Dans sa lettre « Tous frères » (« Fratelli tutti » n° 55-56 ), le Pape François invite tout homme qui le veut, à « marcher dans l’espérance ; à regarder plus haut, et au-delà de l’épreuve passagère, si terrible qu’elle soit. Car ce monde en train de passer, notre planète qui suit sa trajectoire que personne ne contrôle, le virus, fabriqué en laboratoire, et tous les responsables qui ont reçu la charge de diriger, tout et absolument tout, repose entièrement en l’Etre sans qui « rien ne fut ».

Conscients ou non, nous sommes tous voulus par Quelqu’un d’infiniment plus aimant que nous-mêmes. Tous frères, parce que issus du même Père, nous sommes tous, et chacun tel qu’il est, appelés à nous rendre proches de notre semblable dans le besoin. Chaque fois que nous allons ainsi au devant de l’autre qui nous attend, nous rencontrons l’Espérance…

       Car c’est en l’Homme qu’habite « le plus beau des enfants des hommes », le Christ, vrai Dieu et vrai homme (« Jesuz gwir Doué gwir dén »). Là réside notre Espérance .

        Oui, c’est là qu’elle se trouve, l’ Espérance !

Aujourd’hui.

Dominique de Lafforest+

Troidigezh e brezhoneg / Traduction en breton : EAT

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À propos du rédacteur Keranforest

Né en 1939 à Carantec. Agrégé d'anglais, essayiste, poète, romancier. Devenu prêtre, animateur du Tro Breizh, il a été longtemps chroniqueur au Télégramme de Brest. Poète élégiaque, il est aussi l'auteur de deux romans qui ont la Bretagne pour cadre.

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