La célébration de Noël plus que toutes les fêtes religieuses, réussit ce tour de force de remuer à la fois les chrétiens fervents et les chrétiens occasionnels. Mais à la suite des mages de l’EPIPHANIE ceux qui croient vraiment vont jusqu’à se prosterner, jusqu’à adorer l’enfant DIEU ; il serait dommage que nous en restions aux aspects superficiels de l’Epiphanie, avec sa célèbre galette des rois. L’Evangile de ce jour et les deux textes qui l’éclairent, nous révèle en transparence le merveilleux dessein de Dieu sur sa création : tous les hommes y compris ceux qui ne le connaissent pas encore sont destinés à se rassembler autour d’un unique roi.
« Où est le roi qui vient de naître ? Nous sommes venus pour l’adorer »
Qui sont donc ces mages ? d’où viennent- ils ? Que font-ils ?
Ils viennent d’au-delà des frontières d’’Israël. Ce ne sont pas des juifs, membres du peuple le premier choisi. Ce sont des Païens, et sans doute des astrologues venus de Perse, ou plus vraisemblablement des Nabatéens, ce peuple voisin d’Israël qui honoraient à Pétra, leur capitale toute proche la déesse lune et l’étoile du matin. Habitués à observer le ciel pour leur culte, ils ont remarqué du nouveau. A ses savants , Dieu se révèle donc par un signe adapté à leur culture : une étoile nommée trois fois dans le récit de Matthieu. Elle est là dans le ciel, comme un appel à se mettre en route, à aller plus loin que ce qu’ils savent déjà par leurs observations du firmament.
ILS VIENNENT POUR ADORER
Le mot utilisé par Matthieu n’est pas anodin. La traduction du lectionnaire a utilisé le mot se prosterner. Ce verbe signifie ADORER. Ce mot est répété 3 fois : « tombant à genou ils l’adorèrent ».
On imagine le prosternement jusqu ‘à terre de ceux qui sont éblouis par le ressuscité. Les mages ont-ils compris le geste qu’ils ont fait. Ce n’est pas évident. Nous, occidentaux sécularisés, nous avons perdu le sens du sacré qui était très fort dans les civilisations anciennes. Un enfant-Roi qui fait se lever une étoile nouvelle, ce n’est pas si banal. Aurions-nous perdu toute référence à la transcendance de Dieu ? Réduirions-nous Dieu à n’être capable que de ce que nous sommes capables de faire nous-mêmes ?
ET ILS REPARTIRENT PAR UN AUTRE CHEMIN
C’est tout un symbole au-delà de l’anecdote. Celui qui a vraiment rencontré DIEU ne peut plus continuer exactement la même route. Il change de voie, sa vie est renouvelée, convertie. Il reprend peut-être ses activités habituelles « dans son pays » mais « autrement » … par un autre chemin.
Le récit tout en images de l’Evangile de Matthieu trouve tout son sens dans la méditation de St Paul que nous lisons en 2ème lecture. Paul le missionnaire est convaincu que nous n’avons pas le droit de laisser nos frères humains dans les ténèbres ; l’Eglise reçoit de Dieu l’audace de croire qu’elle a reçu un message catholique . Ce mot veut dire universel. Le roi Sauveur adoré par les mages, c’est bien le Christ et ce mot signifie le ROI. Mais il ne s’agit pas d’un roi politique. Jésus-christ, roi, est le mystère caché aux hommes des générations passées et qui est maintenant révélé par grâce, par l’Esprit Saint. C’est justement le sens du mot EPIPHANIE : MANIFESTATION / REVELATION du mystère. Si tu en restes à l’enfant de la crèche, tu n’as encore rien compris. Si tu en restes aussi à Dieu, tu n’as encore rien compris. Notons le bien une fois de plus : le mystère pour PAUL n’est pas Dieu, sinon Paul aurait laissé tranquilles les juifs et les païens ; c’étaient des hommes très religieux. Le Mystère c’est bien le CHRIST et ce n’est pas l’ étoile. Mais historiquement a-t-on trouvé dans l’histoire une comète ou une étoile particulière ? Oui, les spécialistes du ciel ont trouvé trace de cet astre brillant dans la période de la naissance de Jésus, un astre lumineux qui ne se montre que toutes les 29.000 années ; avec l’Epiphanie, Dieu s’ouvre au monde entier. Réjouissons-nous… il n’est pas venu sauver quelques-uns seulement. Son cœur est immense.
C’est pourquoi nous avons raison de faire de ce dimanche celui des missions. Des milliards d’hommes n’ont pas encore reçu le message évangélique et notre Europe elle-même qui a reçu une première évangélisation s’en est éloignée. Les papes depuis Jean XXIII ne cessent de nous le rappeler. Et nous nous éloignons encore de plus en plus.
ENORME AVENTURE PASSIONNANTE ANNONCEE PAR L’ADORATION DES MAGES à laquelle nous sommes invités à ouvrir nos coeurs… Avec cette nouvelle année que je vous souhaite BONNE ET SAINTE, ENTRONS DANS CETTE DYNAMIQUE DE LA MISSION.
1°) merci de bien vouloir corriger l’erreur typographique « où eSt le roi …. ? »
2°) comme chacun sait, les mages ne viennent pas de Petra, au sud de Bethléem, mais de l’est : de LORIENT !
3°) les mages sont venus honorer (et procidentes adoraverunt eum – kai pesontes prosekunèsav autô) non pas un « ressuscité », il faudra attendre Pâques pour cela, ni même un futur ressuscité, mais un bébé vagissant dans ses langes… ils en ont d’autant plus de mérite !
4°) le sens du sacré n’est jamais perdu, il est ancré en chacun de nous, mais quand nous ne l’avons pas oublié, il a changé d’objectif
5°) Christ signifie « oint », ce qui s’applique au roi, mais aussi au prêtre et au prophète qui parle au nom de Dieu
1 – Correction effectuée.
2 – LOL
3 – La question est plus complexe… car pour nous, Jésus est ressuscité. Si l’on se met au temps de Jésus, effectivement celui-ci n’est pas encore mort et ressuscité. Mais le rédacteur de cette homélie dit : »On imagine le prosternement jusqu ‘à terre de ceux qui sont éblouis par le ressuscité. » Il parle de chacun d’entre nous qui nous laissons éblouir par le ressuscité et qui sauf rhumatismes devrions nous prosterner jusqu’à terre. Et là pour le coup, il est bien déjà mort et ressuscité… et depuis plus de 2000 ans. C’est donc bien cela – et nous le voyons quelques lignes plus bas – que le Père Cado nous met en ligne de … myrrhe.
J’ajouterai simplement que la tradition veut que soit annoncée notamment la date de Pâques le jour de l’Epiphanie. Cette proclamation, qui est faite par un chantre depuis l’ambon, a lieu traditionnellement à ce moment, une semaine avant la fête du baptême du Seigneur qui vient clôturer le cycle de Noël. Cet antique usage liturgique date des tous débuts de l’Église. « Sachez, très chers frères, que […] nous vous nous annonçons la joie de la Résurrection de notre sauveur », annonce le chantre en latin… sur un air qui n’est pas sans rappeler l’Exultet de la veillée pascale. Comme quoi, « de la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère » (cf « il est né le divin enfant).
4 – Ce n’est plus vraiment le sens du sacré s’il a changé d’objectif. Saint Thomas d’Aquin dit à propos du sacré que c’est « ce qui est à Dieu et qui lui convient ! » On peut difficilement dire qu’un autre objectif, atteint par le péché, peut convenir à Dieu, non ? C’est donc alors une vision « fausse » du sacré…
Les chrétiens « modernes » ont tendance à séparer l’incarnation de la mort et de la résurrection. Or dans le tradition chrétienne, les deux sont toujours liés : si Dieu s’est fait homme, c’est en vue de la rédemption du genre humain. C’est pourquoi au cours des siècles, l’enfant Jésus fut souvent représenté avec les instruments de la passion comme préfiguration de sa mort et de sa résurrection.
En 1658, une certaine Jeanne Perraud reçoit une vision de l’enfant Jésus entouré des instruments de la passion. Ces représentations peuvent choquer nos contemporains, car selon l’esprit du monde, il est choquant de voir un bébé entouré d’instruments de torture et de mort, mais représentent une réalité théologique centrale : la continuité entre incarnation, passion, mort et résurrection. Ce n’est pas une coïncidence si saint François d’Assise qui a créé la crèche de Noël a aussi reçu les stigmates…
Quand à Petra, elle se situe au sud-est de Jérusalem, au-delà du Jourdain et de la Mer Morte, donc bien à l’Orient. Il est donc plausible qu’ils soient venus de Petra ou qu’ils y aient fait halte. Certaines traditions l’affirment, et d’autres que c’est de Chaldée ou de Perse qu’ils venaient. Impossible à savoir et il s’agit là d’un détail mineur.
Le Christ, le Messie, l’oint (avec majuscule) est bien le roi annoncé par les Ecritures : les « christs », les « messies », les « oints » que l’on rencontre dans l’Ancien Testament qu’il soient prêtres (Aaron…), prophètes (Samuel…) ou rois (David…) sont des préfigurations de l’unique Roi-Messie.
« C’est pourquoi au cours des siècles, l’enfant Jésus fut souvent représenté avec les instruments de la passion comme préfiguration de sa mort et de sa résurrection ».
En effet. D’ailleurs, en illustration de l’article, c’est un détail d’une colonne de l’église de Langonnet, dans lequel on voit un enfant emmailloté… mais la mangeoire est en forme de croix..
Merci pour cette homélie. il faut actualiser la présentation du Père Cado qui n’est plus au service du doyenné du Faouët depuis septembre 2016 !
Bonjour. C’est chose faite.
En ligne de…myrrhe !
Dreist, Eflamm !
En un mot comme…encens,
Dreist !!!