Les lectures de ce dimanche nous invitent à réfléchir sur le sens que nous donnons aux choses, aux biens terrestres en comparaison avec les richesses du cœur, celles du Ciel, mais aussi en jeu avec l’amour et le service de nos frères. Dans l’Evangile, la réaction de Jésus est surprenante : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?»
Au fond, à travers cette question, Jésus nous rappelle la tentation permanente des croyants à sacraliser leurs partis, leurs options et conflits temporels, à se servir de la religion pour les affaires des hommes. Jésus ne souhaite pas entrer dans les problèmes que l’homme doit résoudre par lui-même ; surtout quand celui-ci se sert de Dieu à cette fin.
Et même plus, il insiste sur le danger intérieur lorsque l’homme se concentre trop sur les affaires temporelles : « Gardez-vous de toute cupidité, car au sein même de l’abondance, la vie d’un homme n’est pas assurée par ses biens. » Ce qui est premier c’est bien la vie de l’homme et dans la mesure où les choses servent celui-ci, alors Jésus agit. Servir l’homme et non se servir de l’homme. Servir Dieu et non se servir de Dieu. Voilà, le risque bien identifié par Jésus. C’est bien le sens de la parabole de cette richesse accumulée par ce propriétaire, mais qui s’avère si futile.
Saint Paul dans la deuxième lecture de la lettre aux Colossiens nous donne une clé pour comprendre l’attitude juste du chrétien. « Vous êtes morts et votre vie est désormais cachée en Dieu avec le Christ. » Jésus nous enseigne à dépasser le monde des apparences, de ce qui se voit et nous semble concret. Là dans ce monde de la terre, nous sommes à l’aise pour agir, décider, juger et nous exigeons même que Dieu nous aide dans nos entreprises. Mais, Jésus souligne que rien n’y est définitif : « Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? » Et comme nous le rappelle l’Ecclésiaste à part Dieu, tout est vanité. Les réalités terrestres ne peuvent que nous décevoir si nous mettons notre confiance en elle seule. Le monde laissé à lui-même est absurde.
Cette mort à la futilité éphémère de ce monde est bien plus qu’un renoncement ; elle est bien plus la découverte d’une vie nouvelle avec le Christ. Une vie ouverte à Dieu et donc ouverte au service de nos frères. C’est bien tout l’enjeu de notre conversion : se servir des hommes et pour cela se servir de Dieu ou, au contraire, servir Dieu et par la suite servir nos frères. Ce sont deux chemins du cœur : l’un qui conduit à la mort l’autre chemin nous ouvre une vie nouvelle ici et dans le ciel.
Apprenons à l’école de Jésus à nous cacher en lui comme nous l’indique st Paul pour vivre une vie ouverte jusqu’à la béatitude du Ciel.