Après la révélation de l’affaire « Fañch », durant laquelle nous avions pu voir une administration attentive aux textes (mais pas à tous) refuser à deux parents qu’ils puissent prénommer leur enfant « Fañch » en raison d’un tildé que ladite administration ne pouvait accepter (cachez ce tildé que je ne saurai voir), la ville de Quimper a fait marche arrière toute, comme l’atteste le communiqué de presse :
La ville de Quimper, capitale de la culture bretonne, a décidé de répondre favorablement à la demande de Lydia et Jean-Christophe Bernard, qui souhaitent que leur enfant, né jeudi dernier à 3 heures du matin au centre hospitalier Laënnec, se prénomme Fañch, avec un tilde.
Vendredi dernier, le service de l’état-civil de la Ville a informé la famille, comme il était de son devoir de le faire, de l’existence d’une circulaire en date du 23 juillet 2014 émanant du ministère de la Justice et faisant obstacle à l’emploi du tilde alors même que chacun sait ici que cet accent est indissociable de ce prénom breton. D’autres fondements juridiques sont heureusement plus pertinents et solides qu’une simple circulaire. En premier lieu, l’article 75-1 de la Constitution de la République française proclame que les langues régionales sont reconnues comme appartenant au patrimoine de la France. De même, l’article 57 alinéa 2 du Code civil, issu de la loi du 8 janvier 1993, consacre le principe de libre choix du prénom par les parents. Dans le même esprit, la Cour européenne des Droits de l’Homme affirme que le choix du prénom revêt pour les parents un caractère intime et affectif et entre par conséquent dans la sphère de la vie privée.
Il n’y a, à nos yeux, aucune raison, qu’elle soit juridique ou humaine, pour que Fañch soit privé du tilde qui orne son prénom. Ce n’est ni accessoire, ni anodin. Nous assumons notre position et comptons sur la compréhension des autorités administratives qui ont maintes fois démontré leur aptitude à se remettre en cause et amender voire supprimer des textes qui n’ont plus lieu d’être.
Il est certain que les articles de la PQR (Presse quotidienne régionale) mais aussi les flashes radio ont joué leur rôle. Mais ce qui est incontestable, c’est que le poids des réseaux sociaux aura été prépondérant dans cette affaire. En effet, quelques heures après la parution d’un premier article dans Ouest-France, le site Culture Bretagne se fendait d’une pétition qui en très peu de temps aura atteint plus de 2000 signataires, pétition relayée par nombre de pure-players (dont Ar Gedour) et sur les profils Facebook ou Twitter. Cette pétition est toujours accessible car, comme le disent les animateurs du site, « le combat n’est pas terminé » !
Dans le même temps, les visuels « Je suis Fañch » ou « ñ » ou encore « je suis ñ » fleurissaient (comme ci-contre) sur le net. Plusieurs élus locaux et régionaux se sont alors prononcés en faveur du tildé…
Certains se sont offusqués de se battre pour si peu, mais c’est une question de principe qui va bien plus loin qu’une simple question de tildé. Quand les Bretons s’allient, on voit ce que l’on peut faire.
Et grâce à cela, les parents pourront appeler leur fils Fañch (avec un tildé !) … C’est pas beau, ça ?!?
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