« Jean-Marie Perrot, un crime communiste » de Yves Mervin

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

«Jean-Marie Perrot, un crime communiste», tel est le titre du dernier livre de l’historien lorientais, Yves Mervin (1). Eh quoi, diront certains, après les deux ouvrages de Youenn Caouissin (2), sans compter tous ceux des précédents historiens qui se sont intéressés à l’affaire Perrot, encore un livre sur le recteur de Scrignac ?

Le sujet n’était-il pas épuisé, et la dite affaire de l’assassinat entendue ?

Assurément, car dès son assassinat, il était évident que le crime était l’oeuvre des communistes. Ils ne faisaient pas mystère de leur intention de tuer le recteur de Scrignac. Les commanditaires et l’assassin étaient connus, et la sentence exécutée. Ils la signeront et la revendiqueront comme un acte de résistance. Tout donc, dans les divers ouvrages d’historiens, sans compter les innombrables articles écrits sur cette tragique journée du 12 décembre 1943, semble avoir été dit. Rien de nouveau, remettant quoi que ce soi en cause ne semblait pouvoir désormais être révélé. L’ouvrage du journaliste Thierry Guidet «Qui a tué l’abbé Perrot ?» avait d’ailleurs déjà fait une bonne recension de toutes les interrogations, clôturant ainsi le cycle des suppositions, des interrogations, des témoins et des faux témoins, des mensonges et des légendes de la doxa communiste (3).

Cependant, l’ouvrage d’Yves Mervin, loin d’aligner les redites des ouvrages antérieurs, en est l’indispensable complément. Ceux qui s’intéressent à l’abbé Perrot auront tout intérêt à l’acquérir, car le travail de l’auteur est – dans cette collection d’ouvrages sur le recteur de Scrignac – inédit. Le titre peut être trompeur sur un point : ce n’est pas un énième livre sur l’abbé Perrot. Il est davantage un ouvrage, presque un dictionnaire, sur tous les témoins et les acteurs de l’époque, du drame. Le travail sérieux d’Yves Mervin, toujours comme dans ses précédents travaux, est très fouillé, reposant sur des archives et témoignages incontestables, d’où sa crédibilité. Il n’a pas écrit sur la base de ragots. Désormais, grâce à la bonne plume de l’auteur, nous savons qui est qui, et qui a fait quoi.

L’auteur, évidemment, s’étend sur l’abbé Perrot, le personnage central de l’ouvrage, mais il nous invite également à nous intéresser au parcours de tous les personnages qui ont été de près, ou de loin touchés dans leur chair bretonne par l’assassinat du prêtre. Il y a le cercle des intimes du recteur qui est très large : confrères, amis militants du mouvement breton, toutes tendances confondues, sa hiérarchie, dont l’incontournable Monseigneur Duparc, et bien d’autres. Il y a le cercle des résistants communistes, toutes les mouvances des divers maquis avec leurs petits soldats,  rêvant de se payer du Boche, les colonels autoproclamés, justiciers à la journée. Il y a surtout l’impitoyable Daniel Trellu, chef des maquis du Poher, et son état-majorse la jouant Robespierre, Marat ou Fouquier-Tinville, distribuant les brevets de collabos ou de résistants comme les condamnations à mort.  Il y a bien sûr l’assassin, le pitoyable Jean Thépault, qui pour assassiner le recteur de Scrignac exigera la somme de 10.000 franc, ce qui permet d’apprécier le sens de l’héroïsme et de l’honneur de certains résistants auto-proclamés.

L’auteur, poussant plus avant ses recherches, nous entretien aussi de diverses affaires et personnages, pas directement liés à «l’affaire Perrot» mais grenouillant dans ce monde des maquis et qui se servent du patriotisme pour régler d’autres comptes.

Signalons enfin que l’auteur nous entretient longuement sur «l’affaire du massacre par l’Armée rouge, en forêt de Katyn (Pologne), de 10.000 officiers polonais, un crime de guerre  que dénonça avec courage dans Feiz ha Breiz l’abbé Perrot. Il nous remet aussi en mémoire un autre crime de guerre – anglais celui-là – l’atroce bombardement de Morlaix en janvier 1943, qui causa la mort de 39 enfants et de leur institutrice, et 19 blessés graves, crime que dénoncèrent énergiquement en chaire Monseigneur Duparc et l’abbé Perrot. Deux dénonciations qui venaient s’ajouter aux preuves à charge contre lui pour enrichir un dossier communiste, chef-d’oeuvre de mensonges, de calomnies qui  justifieront leur crime, et qui 80 ans après perdurent toujours.

Dans deux précédents ouvrages, Monsieur Mervin avait mis en pleine lumière la face peu glorieuse de la résistance communiste (4).  Dans son dernier ouvrage, il nous démontre que le roman de la résistance communiste en Bretagne écrit, évidemment, par les communistes eux-mêmes, a fait son temps. Thierry Guidet, au titre de son livre l’avait fait suivre d’un point d’interrogation «Qui a tué l’abbé Perrot ?», Yves Mervin n’a pas jugé utile d’ajouter à son titre ce point d’interrogation, désormais inutile, puisque le crime est reconnu communiste depuis 80 ans.

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  • Éditeur ‏ : ‎ YVES MERVIN (26 octobre 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 496 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2955397326
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2955397329
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 499 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 15.5 x 4 x 22 cm

1)  Jean-Marie Perrot, 12 décembre 1943, un crime communiste. Yves Mervin, auto-édition. 24 euros.

2)  Vie de l’abbé Perrot ; J’ai tant pleuré sur la Bretagne, édition Via Romana (2017) épuisé.

Yann-Vari Perrot, une âme pour la Bretagne. Editions Via Romana -Ar Gedour  (2021) 14 euros.

3) Qui a tué l’abbé Perrot ? Thierry Guidet, éditions Coop-Breiz 1997 (2ème édition).

4) Yves Mervin : Joli moi de mai 1944. La face cachée de la Résistance en Bretagne (2013).

Viens rejoindre notre armée. 1944, une résistance bretonne à contretemps (2016).

À propos du rédacteur Yvon Abgrall

Publiant régulièrement des articles dans la presse bretonne, il propose pour Ar Gedour des articles documentés sur le thème "Feiz & Breizh" (foi et Bretagne), d'un intérêt culturel mais aussi ancrés dans les préoccupations actuelles.

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8 Commentaires

  1. Je viens de terminer la lecture du livre d’Yves Mervin, le seul a avoir exploité consciencieusement et honnêtement les archives depuis qu’elles sont accessibles aux chercheurs.
    Yves Mervin est probablement allé au bout de ce qu’un historien peut déduire de l’analyse des archives. Il reste que si maintenant on connaît presque tout de l’assassinat de l’abbé Perrot, comment il a été organisé, quels motifs ont été invoqués et le nom de l’assassin, il n’existe probablement pas d’archives qui révéleraient les calculs et la finalité de son assassinat.
    Cependant Yves Mervin donne deux indices:
    1-Même si Jean-Marie Perrot se positionne comme le principal opposant « en Bretagne qui s’opposera à la révolution marxiste-léniniste ou encore bolchévique qui va prochainement survenir au moment de la Libération » sur le plan religieux « L’abbé Jean-Marie Perrot avait autant d’influence sur les fidèles de Basse Bretagne que son évêque de Quimper et Léon [… ] Il devient la figure proéminente du clergé breton qui fait le choix du christianisme populaire plutôt que de l’institution ecclésiastique en préservant ses traditions culturelles et sa sagesse. »
    2-Des indices (et j’en ai moi-même trouvé d’autres,) évoquent le rôle d’un Breton, Marcel Hamon, qui dirigeait le Service B, les services de Renseignement des FTP qui était en lien avec Londres (BCRA) et Moscou.
    A partir de là on entre dans le domaine des théories et des hypothèses mais comment ne pas faire le lien avec la liste Particulièrement éloquente des religieux bretons que le Parti Communiste a fait assassiner pendant la guerre: L’abbé Perrot (Scrignac, 12 décembre 1943), Emmanuel Rallier (Bieuzy-Lanvaux, 29 juillet 1944), abbé Pierre-Marie Lec’hvien (Quemper Guezennec, 10 août 1944), ou voulu assassiner: l’abbé Saout (Saint Goazec), Dom Alexis Presse (Abbaye de Boquen), l’abbé Mary et son vicaire, l’abbé Le Déau (baud). Tous des religieux intègres et militant de la Foi et la Bretagne, de la défense de sa langue.
    Qui douterait encore qu’il s’agissait d’une entreprise pour déraciner la Foi et la Culture bretonne et satisfaire à des objectifs politiques?

    • Sachant toutefois que le BCRA ne semble pas avoir ordonné cette exécution, selon certaines sources. Cf l’article dédié : https://www.argedour.bzh/le-bcra-a-t-il-ordonne-lexecution-de-labbe-yann-vari-perrot/

      • Effectivement comme le montre Yves Mervin c’est le Parti communiste qui a fait assassiner l’abbé Perrot. Il met aussi en évidence que le BCRA a fait assassiner Yann Bricler en septembre 1943.
        Des documents laissent penser que le BCRA avait au minimum communiqué au PC par l’intermédiaire du Service B les Renseignements sur Yann Bricler et quelques autres.
        Le Parti Communiste aura profité du contexte d’une série d’assassinats pour « rajouter » le nom de l’abbé Perrot sur la liste pour le diffamer davantage.

    • La légende dorée de la Résistance forgée après-guerre avait besoin du Parti communiste français pour assoir sa légitimité (les PCF comptait en 1946 25% des suffrages.
      Ce fut un sordide calcul politique orchestré par le général de Gaulle.
      Lors du saccage et de la profanation de l’église de sainte-Hélène, près de Lorient, opéré par les partisans communistes, mon grand-père qui était sous-officier des FFI, a reçu des ordres de l’Etat-major pour ne pas tirer sur les Cocos.
      Il ne fallait pas créer d’incident diplomatique avec L’URSS, ne pas vexer « nos alliés », qui étaient aussi les alliés des USA qui équipaient l’armée française.

      Les partisans communistes ont profané l’église, s’y sont installés, ont plastiqué le clocher, ont fait des mascarades avec les ornements liturgiques et y ont mis le feu avant que les Allemands n’entreprennent une contre-offensive.
      Avant d’être délogés du bourg par la Wermacht, les partisans communistes l’ont incendié en même temps que l’église, dans la plus pure tradition de la Commune en imputant aux Boches ce crime.
      Et c’est le discours qui a été retenu par la suite, jusque sur les plaques commémoratives. Ils ont profité du chaos, alors que la Wermacht était aux abois et assiégiée, prête à la capitulation, pour se faire une église.
      L’occasion était trop belle, il fallait faire vite avant la Capitulation.
      Et De Gaulle continua à les ménager, même quand il revint au pouvoir en 1958.
      Toujours cette volonté de composer avec le communisme.

      N.B : ce sont des témoignages de première main recueillis auprès d’habitants de cette époque.

  2. Quand on ne commande pas sur amazone et qu’on ne peut aller à la conférence comment et où se procurer l’ouvrage avez vous une autre adresse?

  3. Même en-dehors des méfaits de la « résistance communiste », il y a en Bretagne (comme sans doute ailleurs) des « zones de gris » dans la résistance, surtout vers la fin de la deuxième guerre mondiale quand l’issue du conflit était pressentie de tous. Mais c’est un tabou. Il faut pour en prendre conscience , très occasionnellement, que les témoins de l’époque (aujourd’hui largement disparus) aient laissé filtrer sur le tard de leur vie telle ou telle information explicite….
    .
    Pour l’abbé Perrot, il y a belle lurette que l’assassinat aux relents bolcheviques est connu. Bien sûr on trouvera toujours, même aujourd’hui, des gens pour arguer du contraire. La raison principale, longtemps après: c’est dur d’admettre que le communisme est un mensonge…
    .
    N’eo ket brav ar brezel.

  4. Une chose est surprenante (quoique…). Comment au XXI ème siècle a-t-on encore le droit et la fierté de revendiquer l’idéologie communiste alors qu’elle est à l’origine de plus de 100 000 000 de morts? Comment peut-on encore trouver en Bretagne des rues Lénine ou Staline?
    C’est une insulte à tous les morts perpétrés par le communisme et une légitimité donnée à ces crimes que d’autoriser cela.
    Certains disent que ce n’est pas le communisme mais le stalinisme. Lénine était-il un Saint? Mao? Pol Pot? …
    Ferait-on la distinction entre « hitlérisme » et nazisme? Non à juste titre. Il est criminel et/ou stupide de se réclamer d’une idéologie qu’elle qu’elle soit qui a organisé sciemment des crimes contre l’humanité.

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