Saints bretons à découvrir

Kronikennoù Bro-Gwened (Yezh) : Joseph Mahe, gwastadour an dastum sonerezh dre skrid / Joseph Mahé, pionnier du collectage musical écrit.

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Les chroniques publiées de Glenn Gouthe sont initialement publiées sur sa page Facebook et reprise avec son autorisation sur Ar Gedour.

Pennad e brezhonegArticle en français
🔹Kronikennoù Breizh e Bro-Gwened 3 : Joseph Mahe, gwastadour an dastum sonerezh dre skrid.

14 vlez a-raok ar « Barzaz Breiz » get Kervarker, ur beleg a Vro-Gwened eo, a orin ag enez Arzh er mor bihan, a lak da vout moullet evit ar wezh kentañ un nebeut skridoù sonerezh tennet ag un dastum sonerezh pobl a Vreizh. Neoazh n’eo ket Joseph Mahe dedennet get ar sonerezh hepken. E levr « Essai sur les antiquités du département du Morbihan » embannet e 1825 a gomz diàr-benn temoù liammet get an arz, ar sevenadur, ar skiant, an istor. An temoù-se a roay ur blez àr-lerc’h anv ur gevredigezh nevez flamm : Kevredigezh Liesgouiziegezh ar Mor-Bihan. Joseph Mahe a zo bet kendiazezour ha prezidant kentañ ar gevredigezh-se hag a gendalc’h abaoe tost 200 vlez da studial a-dost pinvidigezhioù sevenadurel ar Mor-Bihan.

Ar chaloni Joseph Mahe a ouestla ur pennad a-bezh àr ar pezh vez anvet getañ : « Kanaouennoù pobl ar Mor-Bihan ». Pezhioù sonerezh a seblanta bout sonet get benvegoù emaint e gwirionez. Anviñ a ra neuze ar « bardes » hag a sona tonioù get « un certain instrument champêtre dont le son, un peu aigre, les répète encore aujourd’hui, instrument qui porte encore leur nom, instrument enfin qu’on nomme bombarde, puisqu’il faut l’appeler par son nom. » An displegadenn-se a zo ambrouget get ur resisadur c’hwek a-walc’h : « Cet instrument accompagne la cornemuse et sert à en préciser les intonations un peu confuses. Cette cornemuse, qu’en Breton on nomme Binviou, Binvigeou ou Biniou […] est elle-même fort ancienne… » Resisaat a ra ivez e servij an tonioù-se d’an dañs.

Setu neuze 40 ton hag a zo embannet. Neoazh e chom un dornskrid savet get ar chaloni get e zastum klok. Kollet eo bet, tremenet a zorn da zorn, cheñchet… e-pad blezadoù a-raok bout adkempennet get dielloù departamant ar Mor-Bihan ha miret hiniv-an-deiz get dielloù eskopti Gwened. En dornskrid prizius-se e kaver an 40 ton embannet mes ivez an holl re arall ha n’o deus ket bet o flas el levr. 285 ton, hervez jederezh Roland Becker, a zo bremañ posubl da welet en e levr gouestlet da vuhez ha da zastum ar chaloni Mahe.

Ul liv romantel a zo e-barzh levr Joseph Mahe, ur soñj ispisial a rol ar Gelted e glad ar mein-veur, gouiziegezhioù damwir ar mare-se. Mes tad ar gwarantiñ arzel, sevenadurel ha skiantel ar Mor-Bihan eo dreist-holl hag hiniv c’hoazh, dastumour kentañ sonerezh a Vreizh.

🔸Chroniques bretonnes en pays Vannetais 3 : Joseph Mahé, pionnier du collectage musical écrit.

14 ans avant le « Barzaz Breiz » de la Villemarqué, c’est un prêtre vannetais, originaire de l’Ile d’Arz dans le Golfe du Morbihan qui va pour la première fois imprimer un ensemble de partitions tiré d’une collecte de musique populaire bretonne. Joseph Mahé ne s’intéresse cependant pas qu’à la musique. Son ouvrage « Essai sur les antiquités du département du Morbihan » publié en 1825 inclut des thématiques liées à l’art, la culture, la science, l’histoire. Ces mêmes thématiques qui donneront un an plus tard le nom d’une toute nouvelle société : la Société Polymathique du Morbihan. Joseph Mahé fut cofondateur et premier président de cette société qui, depuis près de deux cents ans, continue aujourd’hui d’étudier en profondeur les richesses culturelles du Morbihan.

Le chanoine Joseph Mahé consacre donc un chapitre entier à ce qu’il nomme « Chants populaires du Morbihan ». Il s’agit en réalité de morceaux musicaux qui semblent être purement instrumentaux. Il nomme ainsi les « bardes » qui exécutent les airs sur « un certain instrument champêtre dont le son, un peu aigre, les répète encore aujourd’hui, instrument qui porte encore leur nom, instrument enfin qu’on nomme bombarde, puisqu’il faut l’appeler par son nom. » Cette description est accompagnée d’une précision quelque peu savoureuse : « Cet instrument accompagne la cornemuse et sert à en préciser les intonations un peu confuses. Cette cornemuse, qu’en Breton on nomme Binviou, Binvigeou ou Biniou […] est elle-même fort ancienne… » Il précise par ailleurs que ces airs servent à la danse.

Ce sont donc 40 airs qui sont publiés. Cependant il existe un manuscrit du chanoine, comportant sa collecte. Il a été perdu, est passé de mains en mains, a été remanié… durant des années avant finalement d’être restauré par les archives départementales du Morbihan et conservé aujourd’hui aux archives de l’évêché de Vannes. Ce manuscrit de grande valeur comporte non seulement les 40 airs publiés mais aussi tous les autres qui n’ont pas eu la chance de trouver place dans l’ouvrage final. Ce sont ainsi 285 airs selon la comptabilisation de Roland Becker qui sont aujourd’hui accessibles à tous dans l’ouvrage que ce dernier consacre à la vie et à la collecte du chanoine Mahé.

L’ouvrage de Joseph Mahé est empreint de romantisme, d’une certaine idée du rôle des Celtes dans le patrimoine mégalithique, d’approximations liées aux connaissances de cette époque. Mais il n’en reste pas moins qu’il est le père de la sauvegarde artistique, culturelle et scientifique du Morbihan et qu’il est à ce jour le premier collecteur de musique bretonne.

À propos du rédacteur Glenn Gouthe

Professeur certifié à temps plein en breton et éducation musicale en breton, doctorant au sein du Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Glenn Gouthe propose ses chroniques sur sa page Facebook. Elles sont reprises sur Ar Gedour avec son aimable autorisation.

Articles du même auteur

Chroniques bretonnes en pays vannetais (8) : Les cantiques, gardiens de l’expression spirituelle de l’âme bretonne.

« Mélamb oll lan a joé… Adoram oll er sakremant ag an aotér… O Rouanéz karet en Arvor… Ar ho pugalé karet… Jezuz a oll viskoah… ». Ces cantiques résonnent encore aujourd’hui dans les célébrations et pardons du pays vannetais.

Chroniques bretonnes en pays vannetais (7) : Robert Le Masson, pour moins que rien

Lorsque l’on rédige aujourd’hui en breton, il vient souvent à l’esprit une orthographe unique, celle du « Peurunvan ». Bien qu’elle permette une facilité d’utilisation à l’écrit notamment pour l’apprentissage et d’intercompréhension entre les littératures de toute la Bretagne, elle n’est pas exempte de défauts comme à peu près tous les système orthographiques du monde.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *