Saints bretons à découvrir

La Fraternité St Pierre priée de partir de Saint Pol de Léon

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Depuis 2017, la chapelle St Joseph de Saint Pol-de-Léon (Diocèse de Quimper & Léon) accueillait la fraternité Saint Pierre (FSSP), sur accord de Monseigneur Dognin, évêque de ce territoire, pour proposer la messe selon la forme extraordinaire du rit romain.  La chapelle est depuis 2012 propriété de l’Oeuvre de St Joseph, fondée par Philippe Abjean. Avec ce départ, cette deuxième vie offerte à l’édifice prend un coup qui pourrait remettre en question son avenir.

La première chapelle de l’Oeuvre de St Joseph

Cette structure est née, en 2012, de la volonté de sauvegarder, de restaurer et d’animer le patrimoine religieux breton. Un de ses objets est de racheter des chapelles délaissées et de les confier à des « Ouvriers du Bon Dieu » regroupés en associations locales. Les « Ouvriers du Bon Dieu » se donnent ainsi pour but de sauvegarder un patrimoine menacé, puis de le faire vire. Certaines associations proposeront un hébergement aux pèlerins, d’autres des animations spirituelles, des randonnées, …

Achetée en 2012, et totalement rénovée, la chapelle Saint-Joseph de Saint-Pol-de-Léon a repris vie et propose depuis 2015 un hébergement pour les pèlerins du TRO BREIZ et de Saint-Jacques. Cet édifice était la chapelle de la Maison de Retraite des prêtres du diocèse. Le clocher date de 1716 et provient de l’ancienne chapelle des Ursulines, située à quelques dizaines de mètres. Haut de 33 mètres, il a été déplacé en 1846. De nombreuses activités étaient proposées dans cette chapelle par la communauté locale, dont certains membres sont à la fois partie prenante à la paroisse et dans cette communauté attachée au rit tridentin, une communauté stable (ce qui est une des conditions du Motu Proprio Summorum Pontificum) qui est plus importante en nombre que bien des paroisses puisqu’elle concerne environ 80 personnes.

 

De St Pol à Morlaix ?

La messe était jusqu’à présent célébrée tous les dimanches matins à 10h, précédant la messe selon la forme ordinaire célébrée à 11h à la cathédrale, à quelques centaines de mètres. Avant l’arrivée de l’abbé Télisson, la messe était célébrée le dimanche soir à 18h. Depuis début 2018, le déplacement futur de cette messe dans une autre paroisse du Finistère a été évoqué mais après 18 mois de négociations infructueuses, Mgr Dognin – qui a fait en sorte que le Motu Proprio puisse être appliqué dans son diocèse –  a demandé aux prêtres de la Fraternité Saint Pierre (FSSP) de ne plus poursuivre leur ministère sur la paroisse. Desservant déjà l’église St Matthieu de Quimper, ils seront semble-t-il accueillis dans une petite paroisse du côté de Morlaix, à 20 minutes de St Pol de Léon.

Selon nos informations, une messe en forme extraordinaire serait célébrée tous les quinze jours le dimanche dans une chapelle latérale de la cathédrale par l’administrateur de la paroisse, le Père Thépaut, qui a déjà célébré dans cette forme et se met à disposition des personnes attachés à la messe tridentine. Mais où iront les fidèles les autres dimanches ? Si, dans un document que s’est procuré Ar Gedour, les participants à la messe en français sont invités « à surmonter l’idée qu’une célébration de la messe en latin serait un retour en arrière en prenant conscience que bien des richesses de la foi de l’Eglise sont contenues avec bonheur dans cette forme antérieure », les tenants de la messe en latin sont invités à « considérer que la forme ordinaire du rit est dans la continuité de ce que l’Eglise a toujours cru et célébré. » Une invitation à s’enrichir l’un l’autre, en quelque sorte.

C’est cependant bien mal connaître les communautés traditionnelles que de croire que les fidèles viendront tous rejoindre une messe selon la forme ordinaire du rit romain le reste du temps.

La destination de cette chapelle est-elle de ne plus être que quatre murs ?

Du côté de l’Oeuvre de St Joseph ou de l’association locale qui anime cette chapelle, c’est la déception et l’incompréhension : à l’heure où les chapelles et églises sont désertées, vendues ou laissées à la ruine, il a été redonné vie à ce lieu et, alors qu’existait cette communauté chrétienne stable, voici qu’une dynamique est laissée de côté.

Nous pouvons nous interroger sur le sens de telles décisions, d’autant que la Fraternité Saint Pie X (FSSPX) est présente sur le secteur de Morlaix (Ploujean et Plouigneau).

 

Un avenir pour une petite paroisse ?

Gageons cependant que cette petite paroisse proche de Morlaix, qui n’avait désormais qu’une messe par mois, sera dynamisée par cette présence de nouveaux pasteurs.

Quant à la chapelle St Joseph, le curé pourra peut-être faire le choix pastoral d’accepter qu’un pardon annuel y soit célébré dans l’une des deux formes, et que l’été, pour répondre à une réelle demande, la messe selon la forme extraordinaire puisse y être célébrée tous les dimanches, tout comme cela pourrait être fait lors de « fêtes joséphiques ».

En attendant certains fidèles, qui ressentent un sentiment d’injustice, nous ont confié qu’ils allaient réagir. Que chacun se souvienne cependant que l’unité se bâtit sur la fraternité. Or il n’y a pas de fraternité chrétienne possible sans amitié, sans cette volonté de s’aimer quoi qu’il en coûte. Tout ce que l’on peut souhaiter, en cette semaine de l’unité des chrétiens, c’est que cette affaire se passe dans la paix (liturgique) et dans la fraternité.

_____________________________

ADDENDUM du 24/01/2020 – Le Père Moysan, curé de Morlaix a publié sur le site internet de la paroisse l’information ci-dessous, rendant officielle la venue de la FSSP à Sainte-Sève.

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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15 Commentaires

  1. merci de bien vouloir écrire « rite » avec un « e » final….

    • Et non, mon cher Yves, Tudwal a raison. Je reprend ici la base de la définition de Dom Robert Le Gall dans le dictionnaire de Liturgie. On utilise cette ortho­graphe (rit) plus rarement que l’autre (rite) pour désigner les particularités de célébration des principales familles liturgiques : c’est ainsi que l’on parle du rit byzantin, du rit copte ou du rit malabar… et donc dans notre cas, du rit romain.

      Cette distinction orthographique permet de différencier les particularités de célébration et les rites de la liturgie elle-même (par exemple rite pénitentiel).

  2. Ci-après un courriel que j’avais adressé à ce sujet le 13/01 à l’évêque de Quimper et du Léon (demeuré sans réponse à ce jour.
    Je précise que l’abbé Thépaut qui déclare n’être pour rien dans la décision de l’évêque avait interdit la veillée pascale de 2019 au motif qu’elle « nuisait à l’unité de la paroisse ».

    Copie du courriel envoyé le 13/01

    Monseigneur,

    Mon épouse est originaire de Saint Pol de Léon en la cathédrale de laquelle nous nous sommes mariés en 1971.

    Depuis cette date nous passons nos vacances dans cette région et allons à la messe à la Chapelle du Mur sur la commune de Plouigneau (FSPX).

    Nous avons donc été très heureux de la célébration d’une messe dans la forme extraordinaire sur Saint Pol et nous partagions désormais entre la chapelle des « vieux prêtres » (St Joseph) et la Chapelle du Mur.

    Quelle n’est pas notre consternation d’apprendre qu’à une époque où :

    – le Saint Père donne à la FSPX la possibilité de confesser et de célébrer des mariages ;

    – de nombreux évêques érigent des paroisses personnelles (ou des chapellenies comme à Toulouse) confiées à des instituts Ecclésia Dei ;

    l’évêque du Léon cède une fois de plus aux caprices […].

    Si la présence d’une messe en la forme extraordinaire près de sa cathédrale irrite […] ne pourriez-vous solliciter de sa haute bienveillance l’autorisation d’installer une chapellenie de la forme extraordinaire dans une petite commune équidistante de Saint Pol, Roscoff et Carantec où il n’y a même pas une célébration mensuelle ? Je pense que celles-ci ne doivent pas manquer.

    Dans l’espoir que l’Esprit Saint et le bon sens finiront par triompher,

    Daigne Votre Grandeur accepter mes déférentes salutations.

    ______________________________________

    NOTE D’AR GEDOUR : afin de ne pas sombrer dans les attaques ad hominem mais souhaitant toutefois laisser la parole à chacun, certains passages ont été remplacé par […] plutôt qu’une modération totale du commentaire.
    Merci pour votre compréhension. Le CM d’Ar Gedour

    • J’ajoute une précision à mon article : pour reprendre une expression de mon rédac’chef, l’évêque s’est probablement retrouvé otage d’une situation pour laquelle il a dû prendre une décision épiscopale pour le bien des fidèles. Mgr Dognin, qui a accueilli la FSSP en 2016 pour permettre à ceux qui voulaient la messe tridentine de l’avoir, n’a pas rejeté la fraternité mais l’a invité à rejoindre une autre paroisse. Il n’a d’ailleurs mis en cause ni le curé, ni la FSSP.

      Une précision s’impose sur la veillée pascale mentionnée dans votre commentaire : dans un document distribué à St Pol, l’abbé Thépaut explique qu’il avait demandé de ne pas célébrer les offices du Triduum Pascal à la chapelle. Il reconnait que cette interdiction a pu être mal interprétée, et qu’elle se voulait être une « invitation à rejoindre la grande communauté des paroissiens dans des offices où les chants grégoriens ne manquaient pas et où tous pouvaient célébrer la Passion de Notre Seigneur d’un même coeur ».
      Ce choix est celui du curé, et la communauté de St Joseph – sans obligatoirement partager ce choix – devrait le comprendre et l’accepter, car la mise à disposition de la chapelle ne signifie en rien qu’il s’agisse d’une paroisse personnelle ou d’une chapellenie.

      En conclusion, je reprendrai le propos de Job à méditer : ‘Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : que le Nom du Seigneur soit béni’(Job 1, 21)

      • « Il reconnait que cette interdiction a pu être mal interprétée, et qu’elle se voulait être une “invitation à rejoindre la grande communauté des paroissiens dans des offices où les chants grégoriens ne manquaient pas et où tous pouvaient célébrer la Passion de Notre Seigneur d’un même coeur”. »

        Qu’en termes élégants la chose est dite !

        Cela rappelle un passage du bourgeois gentilhomme : « Lui (le père de Monsieur Jourdain) marchand ! C’est pure médisance, il ne l’a jamais été. Tout ce qu’il faisait, c’est qu’il était fort obligeant, fort officieux ; et comme il se connaissait fort bien en étoffes, il en allait choisir de tous les côtés, les faisait apporter chez lui, et en donnait à ses amis pour de l’argent. »

    • C’est une solution équilibrée qui me convient parfaitement.

  3. Il y a une différence réelle entre un clocher, une église, une chapelle. .. et une paroisse. Cette dernière est un secteur géographique pouvant contenir plusieurs des premiers.

    • La paroisse n’est pas qu’une entité géographique. Le Can. 515 dit précisément au § 1 que la paroisse est la communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Église particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l’autorité de l’Évêque diocésain.

      L’église particulière, c’est ici la paroisse St Pol Aurelien du Haut-Léon. L’administrateur paroissial a par conséquent cette chapelle dans sa charge pastorale, sous autorité de l’évêque, chapelle qui n’est pas à ce jour considérée comme paroisse personnelle de la fraternité saint Pierre.

  4. Ils s’empressent bien souvent (les prêtres et autres prélats) à ouvrir les bras à d’autres, mais pour ce qui est de l’antique et éternelle Sainte Messe, là c’est une autre paire de manches !!!!!

    • C’est Mgr Dognin qui a demandé à la Fraternité St Pierre de venir sur le diocèse. Il a dû prendre décision de déplacer les prêtres pour des raisons que je ne commenterai pas ici. On ne peut le créditer d’être contre la forme extraordinaire, mais de faire en sorte que les fidèles attachés aux deux formes puissent en bénéficier où qu’ils soient dans le diocèse (ce qui explique pourquoi vous avez le rit tridentin à Quimper pour le Sud Bretagne, St Pol puis Morlaix pour le nord Bretagne, Brest pour l’Ouest Bretagne).

  5. Le curé de Morlaix n’est pas très heureux d’accueillir la FSSP à Ste Sève quand on lit entre les ligne l’annonce qu’il en fait. J’ai l’impression que le choix a été fait en termes de concurrence avec la FSSPX : de la même manière que le diocèse a installé sa messe tridentine à St Martin de Brest à quelques mètres de la chapelle FSSPX ste Anne (garage rue Bruat), de même il installe sa messe dans une paroisse où il y a déjà deux messes FSPX : à Traonfeunteunioù et à Plouignio.
    Cette politique non avouée est pourtant bien réelle aussi dans l’enseignement bilingue dans le Finistère ; par exemple, grâce à un quota d’heures de breton de Landerneau…où il y avait un gros potentiel pour un collège bilingue catholique sans concurence (à l’époque) : au lieu de se partager le territoire le diocèse installa un collège bilingue à Plougastell alors qu’il y en avait un public qui fut mis en difficulté de ce fait. Résultat il y a maintenant un collège public à Landerneau qui n’arrive pas à répondre à une demande forte (550 élèves bilingue dans le primaire dans cette communauté dde communes.
    La communauté FSSP de St Pol marchait trop bien alors que Ste Sève est bien loin de St Pol et tout est à refaire dans une zone moins peuplée et ‘occupée’ par la FSPX. La colère gronde à St Pol et les estivants habitués à aller à la messe FSSP de St Pol seront bien déçus. Il n’est pas sûr du tout, à mon avis qu’ils fassent le trajet jusqu’à Ste Sève, dans une église où de plus la FSSP devra partager le lieu (concrètement cela veut dire au moins de préparer l’autel ‘face à Dieu’ (pour répondre au curé de Morlaix qui parle de la messe FSSP ‘Dos au peuple’ : quel mépris !) chaque dimanche, et de tout ranger après chaque messe).
    On peut noter qu’à Nantes les relations avec la FSPX sont bien meilleures puisque le diocèse a été jusqu’à prêter un lieu de culte à la FSPX. A Brest, combien d’églises inoccupées ? Par exemple celle du Dourjacq, non loin du garage ultra bondé de la rue Bruat : une HONTE.
    La messe ecclesia dei de Brest à St Michel fait un carton (église pleine) alors que même st Louis a une moyenne d’âge bien plus élevée. Quant aux autres paroisses que je connais, Landi ou Landerneau, c’est la catastrophe : il n’y a presque personne en dessous de 50 ans. A noter qu’il y a 50 ans Landerneau était réputée pour être la meilleure paroisse du Finistère… A Sizun la moyenne d’âge approche les 80 ans ! C’est la fin.
    Mgr Dognin a bien fait de faire venir la FSSP mais il faut leur confier des paroisses où il n’auront à rendre de compte qu’à lui, et alors là il y aura des jeunes. Ma fille fait 70 km Aller-retour chaque dimanche parce qu’elle ne supporte plus les messes dites ‘ordinaires’, très souvent bâclées qui plus est, avec un recueillement bien moindre, communion dans la main et des chants inconnus pour une assemblée bien de trop âgée pour les apprendre alors qu’il existe comme en breton un répertoire classique en français de cantiques bien éprouvés.
    Notons pour finir qu’à la FSSP et FSPX la messe finit toujours avec l’Anjelus en breton, alors que dans la forme ordinaire il n’y a jamais de breton ni de latin…

  6. D’un coté l’abbé Thépaut déclare n’être pour rien dans la décision de l’évêque.
    De l’autre le Père Moysan, curé de Morlaix indique : « Jusqu’ici ce groupe était à la Chapelle St Joseph à St Pol de Léon. Mais des problèmes avec la paroisse ont amené l’évêque à me demander de l’accueillir. »
    Qui ne dit pas la vérité ? Pour ma part j’aurais tendance à penser que c’est … (je me censure pour ne pas risquer de sombrer dans une attaque ad hominem).

  7. HOMO HOMINI LUPUS ,MULIER MULIERIS LUPIOR ,SACERDOS SACERDOTIS LUPISSIMUS.

  8. La définition du rit ordinaire par le curé de Morlaix est amusante: »En français et face au peuple »,le missel de Paul VI promulgué en 1969 est rédigé en latin et il n’est pas stipulé que l’autel doive être tourné vers l’assemblée ou orienté.
    Lors de la promulgation de son motu proprio Ecclesia Dei en 1988,le pape Jean-Paul II a demandé aux évêques d’accueillir très largement les fidèles attachés au rit traditionnel de la liturgie selon les livres liturgiques de 1962,le pape Benoît XVI a accordé la faculté de célébrer la liturgie traditionnelle à l’ensemble du clergé séculier et régulier en plaçant sur un pied d’égalité les deux formes liturgiques par son motu proprio Summorum Pontificum de 2007.
    Il est plus que regrettable de constater que ces importants documents pontificaux soient ainsi rejetés d’un revers de main,quelle valeur accorder aux discours d’ouverture ,de dialogue et de charité fraternelle lorsqu’une partie non négligeable de fidèles partageant la même foi se trouve ainsi exclue?

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