La Kerlenn Pondi, de notoire renommée, va fêter ses 70 ans à Pontivy, les vendredi 30 juin, samedi 1er et dimanche 2 juillet 2023. Au programme de ce week-end exceptionnel : animations, défilé, spectacle, fest-noz…
L’inauguration aura lieu le 17 juin, mais les festivités débuteront réellement le 30 juin.
Vendredi 30 juin, à 20 h, au palais des congrès : Aël, spectacle monté il y a deux ans, né de l’imagination de Yann-Fañch Kemener et Jonathan Le Guennec. Les places à réserver à l’office de tourisme. Suivra un fest-noz dans la salle Pondi. Le groupe Fall Foen, gagnant du Kan ar bobl, ouvrira les festivités. Restauration sur place.
Samedi 1er juillet, dès 13 h 30 : animations sur les places du Martray et Anne-de-Bretagne. « C’est l’invitation de tous les copains, cercles et bagadoù voisins, qui viendront fêter notre anniversaire ! « . A 16 h 30, défilé depuis la rue du Caire en passant par la Plaine vers le palais des congrès, où aura lieu un apéro-concert à 18 h.
Puis, nouveau fest-noz en soirée avec une programmation multigénérationnelle. Le dynamique groupe Noon clôturera le fest-noz . Restauration sur place.
Dimanche 2 juillet : repas pour les membres de l’association et les anciens. “C’est la fête de la famille mais c’est également ouvert à tout le monde !” , annonce Eflamm Louis, le président de la Kerlenn. Réservations : contact@kerlennpondi.bzh
De nombreuses photos, retraçant l’histoire de l’ensemble musical et dansant, seront exposées au palais des congrès.
La Kerlenn : une histoire de 70 ans
La Kerlenn Pondi regroupe un bagad et un cercle celtique. Il est fondé à Pontivy dans le Morbihan en 1953 sur la base de deux groupes plus anciens, la Garde Saint-Ivy et les « Moutons Blancs ». Il hérite du nom de cette dernière association comme surnom, en raison de la couleur et de la texture laineuse des costumes de cette région.
Son bagad évolue en 2015 en première catégorie du championnat national des bagadoù, qu’il a remporté une seule fois en 2001. Il a par ailleurs produit cinq albums depuis sa création. Son cercle celtique évolue lui aussi en première catégorie des concours de Kendalc’h, qu’il a remporté une seule fois en 1966. Ces deux groupes se produisent fréquemment ensemble et sont à l’origine de la sauvegarde d’airs de musiques bretons, notamment de danse comme la laridé-gavotte et la gavotte Pourlet.
L’association est aussi active dans d’autres domaines de la culture bretonne, touchant par exemple la langue bretonne et l’organisation d’événements comme le Kan ar Bobl.
De l’abbé Le Teuff et de l’abbé Blanchard, aux sources de la Kerlenn
La Bretagne connaît un renouveau dans son expression culturelle à partir de la fin des années 1940, avec notamment la création des premiers bagadoù. Ce mouvement motive un ancien responsable de la Garde Saint-Ivy, l’abbé Le Teuf, pour créer à Pontivy un groupe du même type en 1953, d’autres groupes musicaux de ce type ayant déjà été créés par des ecclésiastiques les années précédentes.
Aidé par le chanoine Guyonvarc’h, archiprêtre de Pontivy, qui lui fournit une salle paroissiale au Vieux-Chemin pour les activités du groupe, l’abbé Le Teuf commence à recruter des musiciens en passant au café Autret qui est alors fréquenté par de nombreux sonneurs de la région. Une première répétition a lieu en octobre 1953, avec trois musiciens et une chanteuse, et les statuts de l’association « Kerlen Pondi » (avec un seul n) sont déposés au 1er juin 1954. Le groupe adhère dès son origine à la Bodadeg ar Sonerion et à Kendalc’h, la première association fédérant les bagadoù, et la seconde s’occupant plus largement de la culture bretonne, le projet de l’abbé Le Teuf ne se limitant pas à un aspect musical et s’inscrivant dans une approche culturelle plus large, incluant notamment la danse bretonne.
D’autres activités sont organisées dans les premières années de la Kerlenn, comme une chorale ou des expérimentations théâtrales, mais connaissent une existence plus brève. L’abbé Le Teuf est par ailleurs nommé loin de Pontivy en 1958 et la gestion du groupe revient à l’abbé Corvec.
L’abbé Blanchard prend la tête du groupe lors de sa nomination comme vicaire dans la paroisse de Pontivy en 1966, prenant ainsi la suite de l’abbé Péron. Celui-ci, bien qu’ignorant tout de la musique bretonne, dispose d’un bagage technique musical depuis ses études au séminaire pendant lesquelles un de ses enseignants, Auguste Le Guennant, l’a initié aux travaux de Béla Bartók sur la musique hongroise. Il prend très tôt appui sur Jean-Claude Jégat, responsable du pupitre des bombardes, pour moderniser le groupe. Dès 1967, il impose l’apprentissage du solfège aux débutants et les rassemble dans un groupe spécifique, préfigurant les bagadig.
L’innovation dans l’harmonisation.

Musicalement, le groupe connaît plusieurs évolutions. L’abbé Blanchard se met à la caisse claire, expérience de laquelle il tire une des premières méthodes d’apprentissage, et introduit l’utilisation de l’harmonie dans les compositions du groupe, alors que précédemment celui-ci joue à l’unisson : c’est là une innovation dans la musique de bagad, introduite quelques années plus tôt par des sonneurs de la Kevrenn Brest Sant Mark et de la Kevrenn de Rennes. Ce travail permet au bagad d’atteindre la seconde catégorie du championnat national des bagadoù en 1967, puis la première catégorie en 1970. L’abbé Blanchard se lance aussi dans la collecte d’airs locaux, écrit quelques airs pour la Kerlenn et prend un rôle comparable à celui d’un chef d’orchestre lors des représentations du groupe, chose alors interdite par les règlements de la BAS. Un second disque est publié en 1972, après un premier enregistrement fait en 1960.
La danse connaît quelques évolutions. La laridé-gavotte bénéficie d’un regain d’intérêt à l’époque et est intégrée au répertoire du cercle, comme du bagad. Pour la première fois en 1968, les deux groupes se produisent en même temps sur scène, lors d’une fête à Combourg. Sous l’impulsion de Raphaël Hellec, l’enseignement des danses est revu, de même que les costumes utilisés lors des danses qui sont simplifiés avec l’abandon du chapeau puis de la veste, inadaptés aux danses dynamiques. La chorégraphie est elle aussi modernisée. C’est à la même époque que le cercle remporte son seul titre de champion de Bretagne en 1966.
Enfin, le groupe connaît à l’époque une autre expérimentation avec le travail de Jean-Claude Jégat et de Louis Yhuel sur le duo orgue-bombarde. L’abbé Blanchard doit cependant quitter la Kerlenn en 1971 lorsqu’il est nommé recteur à Quistinic, mais continue de suivre et d’aider régulièrement le groupe.
Le départ de l’abbé fragilise le groupe, mais celui-ci redresse rapidement la barre, pour devenir l’exceptionnel ensemble de Pontivy que nous connaissons aujourd’hui, avec une vrai dimension intergénérationnel et un recrutement important chez les jeunes.