Voici un excellent petit opuscule pour qui veut se familiariser avec la Bretagne et les Bretons… et plus particulièrement Sainte Anne, leur patronne tutélaire, le diocèse de Vannes qui correspond au département du Morbihan où se situe le lieu de son apparition, il y a près de 4 siècles, après y avoir été honorée jusqu’au VII° siècle : Sainte Anne d’Auray, « capitale spirituelle de la Bretagne ».
Remercions-en collectivement et dans le désordre, Anne-Marie Charrière qui déjà de longue date prie, avec son époux Philippe-Guy, Sainte Anne (éditions Artège, collection « Parole et Prières », 2011 ; éditions de La Librairie de la Basilique, 2015), pour le recueil et la mise en forme des propos du Père André Guillevic, recteur du sanctuaire jusqu’en 2018, désormais recteur de Locmariaquer, qui nous enchante de magnifiques photos postées sur son compte Facebook ; le Père Guillevic, lui-même, bien sûr, pour les avoir tenus et conservés à notre intention ; Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes depuis 2005, pour une préface dont on sait qu’elles sont particulièrement rares et choisies ; et enfin, les jeunes, et désormais bien établies, Editions Ar Gedour pour avoir publié le tout, comme une suite légitime et méditée de l’histoire de Sainte Anne d’Auray en bande dessinée par René Le Honzec sous le titre de « Keranna », également préfacée par Mgr Centène et dédiée « à tous les paysans », (Editions Ar Gedour Embannadurioù, 4° trimestre 2018, 50 pages, 15,90€ + 5€ de port) !
Tous, à leurs façons, nous invitent ainsi à partager leur intimité avec Sainte Anne, « mamm Vari », comme elle s’est elle-même présentée à Yvon Nicolazic, et donc, « Mamm gozh Jezuz », la grand-mère de Jésus, tout simplement.
I – « Sainte Anne fait indéniablement partie du patrimoine breton : sans elle, la Bretagne serait autre » (p. 38)
Il y a manifestement un mystère Saint Anne, la grand-mère de Jésus, l’icône visible du Dieu invisible qui s’est fait homme par la grâce de Dieu et le « fiat » de la Vierge Marie, fille d’Anne et de Joachim. Marie, née également mystérieusement, après une longue période de stérilité de ses parents et malgré leur âge déjà avancé. Marie, née sans la tache du péché originel ainsi que l’a proclamé le dogme de l’immaculée conception (bulle « ineffabilis Deus » du pape Pie IX en date du 8 décembre 1854), indemne de la tare qui frappe le genre humain, sa propension à la concupiscence, cause et conséquence de la chute d’Adam et Eve, chassés du paradis terrestre comme le raconte la Genèse, le premier livre de la Bible.
Le mystère sainte Anne est le prologue du grand mystère de l’incarnation qui , par l’opération du Saint Esprit, fait de chacun de nous les frères et sœurs du Fils, enfants du même Père, dans une généalogie de la famille humaine que deux des quatre évangélistes se sont plus à exposer en tête de leur récit : généalogie descendante d’Abraham à Joseph, « l’époux de Marie de laquelle naquit Jésus que l’on appelle Christ », chez Mathieu (1, 2-17), généalogie montante jusqu’à Adam, « fils de Dieu », de Jésus, « à ce qu’on croyait, fils de Joseph », chez Luc (3, 23-38).
N’allez pas chercher les noms d’Anne et de Joachim dans les évangiles canoniques, ils n’y sont pas cités ; ce sont les écrits apocryphes, repris par la légende dorée de Jacques de Voragine, qui les ont fait connaitre au Moyen-Age. En revanche, le Coran les connait sous le nom d’Imran et y consacre sa sourate III, comme à Marie, fille de la femme d’Imran (III, 36), la sourate XIX.
Mais connaissiez- vous Emérentie et Stolan, dont les effigies apparaissent sur les vitraux du chœur de la basilique ? Ce sont les parents d’Anne, les grands- parents maternels de Marie, soit encore, les arrières grands parents de Jésus-Christ ! La légende dorée n’en parle même pas, mais ils sont évoqués dans les visions d’Anne – Catherine Emmerich (1774-1824)
Mystérieuse Anne, bonne juive de la Palestine d’il y a plus de 2.000 ans, aux confins de la famille humaine et de la divinité trinitaire, par l’intermédiaire de sa fille, Marie, c’est à Jésus qu’elle nous conduit. Anne, révélatrice de Dieu qui se manifeste auprès de nous, aujourd’hui, chez nous, « hic et nunc ».
Mais attention de ne pas en faire, pour autant, une sorte de déesse celte – ce qui pourrait expliquer son succès en Bretagne – de son index levé elle montre le ciel, le royaume du Dieu unique en trois personnes auquel seul est dû honneur, gloire et louanges.
Sous prétexte d’incompréhension on s’efforce de nier tout simplement le mystère, mais il est pourtant un lieu où ce mystère est révélé, et c’est à Sainte Anne d’Auray.
II – Sainte Anne d’Auray, « capitale spirituelle de la Bretagne » (préface de Mgr Centène dans la bande dessinée « Keranna »), lieu par excellence de la transmission.
« Ut cognoscat eum generatio ventura », (pour que la génération à venir le connaisse). Du final de ce verset 4 du psaume 78, Mgr Centène a fait sa devise épiscopale ! C’est dire à quel point la transmission est le sujet par excellence et s’opère dans le diocèse, à Sainte Anne d’Auray.
Même bâti par les hommes, ce sanctuaire « dit quelque chose de Dieu car les raisons de sa construction viennent d’ailleurs » (pp. 68 & 70). A l’instar de la révélation elle-même, selon le titre du récent essai de l’académicien Jean Luc Marion : « D’ailleurs, la révélation. Contribution à une histoire critique et à un concept phénoménal de révélation » (Grasset, novembre 2020, 603 pages, 29€).
Cette transmission s’opère également par le souci constant d’une belle liturgie, agrémentée d’une musique appropriée mêlant au son de l’orgue, cantiques latins, bretons et français. C’est une des vocations de l’Académie de Musique et d’Arts Sacré fondée en 1999.
C’est aussi le but du spectacle, désormais intitulé, à juste titre : « 1625, le mystère de sainte Anne » qui se joue, chaque année, la première 15aine du mois d’aout. Je soupçonne d’ailleurs Anne-Marie Charrière d’y tenir quelque rôle et si leur emploi du temps respectifs ne permettent plus à Mgr Centène ni au Père Guillevic d’y interpréter leur personnage, c’est bien leur voix que l’on continue d’entendre ! ….
Ainsi, comme Saint Jean-Paul II le 20 septembre 1996, on vient à Sainte Anne d’Auray en pèlerinage pour voir et entendre ce qui se montre et se dit.
Etape incontournable entre le siège épiscopal de Saint Patern à Vannes et celui de Saint Corentin à Quimper, Sainte Anne d’Auray voit régulièrement passer les pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle, le Mont Saint Michel, voire carrément Rome. Ceux du Tro Breiz étaient 1.500 en juillet 2000, année jubilaire. C’est le chant « O Rouanez karet en Arvor » entonné à l’issue de la messe dans la basilique, qui aura permis au musicien qu’est le Père Guillevic de s’exclamer : « ici, j’ai entendu vibrer l’âme bretonne » (p. 58) ! Titre qui sera opportunément retenu pour la présente brochure…
Bonne lecture qui vous rappellera votre pèlerinage à Sainte Anne d’Auray et vous donnera le désir d’y venir ou d’y revenir comme pour une visite à une bonne grand-mère aimée.
Il vous sera alors loisible, à vous aussi, comme au Père Guillevic, d’entendre, au cours de la messe chantée sous les voutes de la basilique, « vibrer l’âme bretonne » !
« Ici j’ai entendu vibrer l’âme bretonne », propos du Père Guillevic recueillis par Anne-Marie Charrière, préface de Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, aux éditions Ar Gedour, Embannadurioù, 56300 Neuillac, 1° trimestre 2021, 104 pages, 16 €
A commander sur Ar Gedour ou dans vos librairies. A noter qu’une séance de dédicace est organisée le 23 mai prochain à 14h30 à la librairie de la basilique de Sainte Anne d’Auray.