Mardi de Pâques 1917, la Bretagne vient de perdre une de ses plus belles figures bretonnes, un de ses plus grands poètes, une de ses plus belles élites, Jean-Pierre Calloc’h, tué par un éclat d’obus sur le front de la Somme ; il avait 29 ans, c’était il y a cent un ans …
Né le 21 juillet 1888 sur l’île morbihannaise de Groix, il en sera le chantre indépassable, se faisant connaitre sous le nom de Bleimor (loup de mer). Cet attachement à sa terre natale, il va le chanter dans son admirable « Me zo ganet e kreiz er Mor » (Je suis né au milieu de la mer), qui plus qu’un chant, en est presque un cantique qui dans une dévotion filiale, pleine de reconnaissance, rend hommage à l’humble vie de pécheur de son père : « un matelot, traîneur de filet, qui a vécu une vie obscure et sans gloire – Le pauvre dont personne ne chante ses gloires », de « sa mère aux cheveux blancs qui travaille pour gagner le pain ».
Jean-Pierre Calloc’h est un grand mystique, à vif, qui entend consacrer sa vie à Dieu et à la Bretagne. Sa devise sera celle de son compatriote morbihannais, le chef chouan Georges Cadoudal, «Doue ha mem Bro » (Dieu et mon pays). Une devise, un idéal, qui sera aussi celle de son ami l’abbé Yann-Vari Perrot avec sa variante « Feiz ha Breiz » (Foi et Bretagne). C’était ainsi à cette époque, où toute une élite bretonne profondément enracinée dans la Foi, ne pouvait concevoir la défense de la patrie bretonne sans s’y référer. Jean-Pierre Calloc’h en fera, tout comme l’abbé Perrot, la colonne vertébrale de son œuvre littéraire, de sa vie. Toute sa pensée spirituelle, bretonne, éclate dans son œuvre-titre la plus importante « An Daoulin » (A genoux). C’est toute sa foi chrétienne et bretonne qui, telle à l’image d’un vitrail, illumine chaque page, chaque poème qui sont autant de prières, de suppliques, voire de plaidoiries à l’adresse de Dieu pour la Bretagne.
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