Le nouvel an tibétain au centre bouddhiste de Plouray

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

C’était en février, mais le temps passe rapidement. Je vous en parle aujourd’hui seulement…

Le Losar tombait, cette année, le 5 février 2019, le 1° de l’an tibétain, le 2.146°, l’année du « cochon-terre, féminin» et le dimanche suivant, 10 février, une journée « porte ouverte » était organisée au centre boudhiste de Plouray.

« Le Centre Drukpa Plouray (Druk Toupten Tcheukor Ling en Tibétain – « le jardin du Dragon où tourne la roue de l’enseignement du Bouddha »-) est un Centre du Dharma réservé à l’étude et à la pratique du bouddhisme tibétain de la tradition orale des Drukpa. Placé sous l’autorité de Sa Sainteté Gyalwang Drukpa, chef suprême de la lignée, il est le siège de Sa Sainteté en Europe tandis que le monastère principal de la lignée est situé à Darjeeling en Inde », nous apprend le site internet du centre.

J’y étais. Et je n’étais pas le seul : nous étions nombreux à être venu, seuls, en famille, avec enfants et parents, des jeunes comme des vieux. Par curiosité, par dévotion, pour voir, tout simplement, en « touriste ».

Un centre bouddhiste en plein milieu de la Bretagne, terre celte de légendes et d’ancienne et vénérable tradition chrétienne ?

Pourquoi pas, mais c’est curieux et mérite de s’y intéresser…

A Plouray, joli bourg à l’est du Faouët, prenez la route de Guéméné sur Scorff, à environ 4 km, après le carrefour de Kerguzul, s’ouvre, à droite, la petite route « cost er Ronz » ; le Drukpa est bien balisé et vous conduira jusqu’au lieu-dit « Bel Avenir », ça ne s’invente pas !

On peut y voir un « stupa », comme au Tibet, ou au Népal où l’on parle plutôt  de « chorten », reliquaire à base carrée avec son dôme en forme de bulbe à l’intérieur du quel trônent trois statues : celles d’un maître du VIII° siècle, considéré comme le « second Bouddha », entouré à sa droite par la représentation du bouddha de la compassion dont le Dalaï-Lama, en personne, est une émanation et, à gauche, par son équivalent féminin, de couleur verte, comme l’espérance….

 

Il y a aussi un gigantesque moulin à prières que l’on peut actionner jusqu’à ce qu’une sonnerie de clochette se fasse entendre… Il a été inauguré en 2008 par sa Sainteté le Dalaï Lama, lui-même, à l’occasion de sa visite en France

Ces constructions ne manquent pas d’étonner au beau milieu de la campagne bretonne.

L’association loi de 1901, déclarée en 1988, a bénéficié de la donation d’un bienfaiteur propriétaire par héritage d’une petite exploitation au leur dit « Bel Avenir » commune de Plouray, désormais siège européen de la lignée Drupka, celle du dragon.

Il y a aussi une gigantesque salle dont le mur du fond est orné de petites statues multicolores, chacune dans sa niche dorée, il y en a des centaines, c’est le « Lama Lhakang ». C’est là qu’ont lieu les enseignements.

Une nonne revêtue de ses vêtements or et rouge, curieusement couverte d’un petit béret ocre nous a expliqué d’une voix haute et claire, utilement servie par une excellente sono, ce qu’est le bouddhisme. Je n’ai suivi qu’une petite partie de sa conférence.

Bouddha est un sage qui vécut en Inde au VI° siècle avant Jésus-Christ, tandis que la lignée Drupka (dragons) est née au XII° siècle de notre ère dans le Tibet et le Bouthan où elle constitue la religion d’Etat.

Je ne vous en dirai guère plus … Si ce n’est que Bouddha n’est pas Dieu et qu’il ne croit pas même à l’existence d’un dieu incréé…

J’en ai déduit que Bouddha est athée.

En revanche, il est acquis que la mort n’est pas une fin en soi : il existe bien une sorte de « métaphysique bouddhique »….

Il semblerait que le bouddhisme, plutôt qu’une croyance religieuse, soit un mode de vie à la poursuite d’un bonheur qui s’efforcerait d’échapper à la condition humaine, une sorte de « yoga spirituel ».

Je ne vous garantis pas l’orthodoxie de cette tentative de définition.

Mais ce qui m’a le plus frappé ce dimanche à Plouray, c’est le nombre et l’aménité des bénévoles qui nous ont accueilli et guidé sur le site, des voisins, comme vous et moi, sans doute sensibles au calme du lieu et qui viennent aider dans les tâches quotidiennes la demi-douzaine de moines et moniales qui forment l’armature spirituelle du centre.

Avec la foule des curieux venus des alentours, j’en ai conclu que nous sommes tous blessés d’une béance que la possession d’une Rolex ou d’une BMW ne suffisent pas à combler…

Sur ma route du retour, l’église Saint Yves de Plouray était fermée ; j’y reviendrai en mai. Celle du Croisty, dédiée à Saint Jean Baptiste, le patron de l’ordre des hospitaliers de Jérusalem l’était tout autant : j’ai poursuivi jusqu’à la petite chapelle Sainte Anne des Bois, le long des hauts murs de l’abbaye de Pont-Callec, commune de Berné. Le soleil couchant y entrait jusqu’à l’autel, illuminant la statue de la sainte patronne de la Bretagne, que dominent les vitraux consacrés aux saints Henri, empereur germanique (973-1024) et Louis, roi de France (1214-1270), patrons des anciens propriétaires dont les armoiries figurent aux pieds : Cossé-Brissac d’une part et Montmorency de l’autre.

Nous sommes loin de la Drupka de Plouray !….

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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