Si souvent, on nous rapporte que nos saints bretons sont légendaires. Mais que veut dire ce traitre mot qui recouvre aujourd’hui plusieurs réalités ?
A l’origine, « Legenda », en latin, désigne « les choses à lire ». De quoi s’agissait-il ?
Il s’agissait de Passions, c’est à dire l’épopée d’un martyr, le récit de ses exploits et de recueils de miracles. Le miracle manifestant la puissance surnaturelle (guérisons {thaumaturgique}, victoire sur les démons {exorcisme} ou domination de monstres et forces obscures {saint saurochtone}) était la preuve que le martyr ou le saint est vraiment l’ami de Dieu. On faisait ces lectures durant les célébrations de la fête du saint afin d’entretenir la mémoire et garantir la persistance du culte.
Lorsque le culte des martyrs céda la place à la reconnaissance comme saints aux ascètes et évêques, la vie des saints remplaça les Passions. Grégoire de Tours en expose la logique interne : « Personne ne peut douter des vertus pratiquées par les saints pendant leurs vie, quand on peut constater « les signes » qui s’opèrent auprès de leurs tombes : les boiteux marchent, les aveugles voient, les démons sont chassés, en un mot, toutes les maladies sont guéries. » (PL71,911).
Hagiographiques et apologétiques, ces récits ne sont donc en rien historisants. ils sont des oeuvres littéraires sans rapport avec les préoccupations critiques nées de l’humanisme érudit du XVIème siècle qu’on appellera l’Histoire. Cette nouvelle discipline dénigra souvent ces legenda en les confondant avec les récits mythologiques et imaginaires.
Les Légendes des saints, qu’elles soient dorées ou pour prier, sont d’une autre utilité qu’il convient d’étudier spirituellement tout en laissant, par ailleurs, la rigueur historique enseigner ce qui la concerne.