Lu sur le blog du Père Olivier Manaud & Cécile Barrandon
« Dis-moi quels sont tes présupposés philosophiques, je te dirai ce que tu penses des anges ». Voilà un petit proverbe qui permet d’introduire notre propos. Selon l’approche que vous avez, votre lecture de l’iconographie et votre manière de comprendre le monde diffère. Nous vous proposons d’illustrer et de vérifier cela par la porte des anges musiciens. Trois grandes voies d’interprétation s’ouvrent à nous : la porte cosmologique, la porte anthropologique et enfin la porte métaphysique.
Dans l’architecture de nos églises et de nos cathédrales, on a vu apparaître depuis le Moyen Âge la représentation iconographique des anges musiciens. Manifestement, c’est une manière particulière de faire rentrer la musique dans un lieu de culte ou de témoigner qu’elle y a une place de choix, à mi chemin entre ciel et terre : ces anges sont ainsi souvent représentés, en hauteur, sur les voûtes, les portails, dans les vitraux ou sur des chapiteaux sculptés.[1] Portons particulièrement notre attention sur la fresque de l’assomption de Marie dans l’église Saint-Séverin de Cologne, en Allemagne, où l’on voit quatre anges musiciens jouant de la trompe ; chacun des pavillons des instruments coïncide avec l’implantation d’un vase acoustique.[2] Cet exemple spécifique illustre non seulement la fonction musicale mais aussi acoustique de leur présence. En nous appuyant sur quelques auteurs (philosophes, théologiens ou historiens de l’art), nous allons voir que, selon la voie par laquelle ils s’engagent, leurs lectures philosophiques et théologiques sont bien différentes. Leur manière de comprendre le monde angélique n’est pas la même… Et vous qui nous lisez, quelle sera la vôtre ?