Saints bretons à découvrir

Les aumôniers militaires étaient réunis à Sainte Anne d’Auray

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

Du 1er au 5 février 2016, les aumôniers militaires catholiques étaient rassemblés pour des journées d’études, organisées cette année en Bretagne, dans le Morbihan. A cette occasion, une grand’messe a été célébrée en la basilique de Sainte Anne d’Auray, le 4 février. Yves Daniel, toujours dans son style inimitable, nous livre ses impressions : 

Nous, les Bretons, surtout de Breizh Izél, pas encore trop Kornok, on aime bien aller à Sainte Anne d’Auray, là où on honore Mamm gozh Jezuz ; c’est en quelque sorte notre Vatican à nous. Sa basilique  – actuellement en plein travaux – a remplacé pour moi, berrichon de naissance, la cathédrale Saint Etienne de Bourges, comme avatar de celle de Saint Pierre de Rome.

Hier, les aumôniers militaires, en séminaire à Erdeven, y étaient tous ou presque, venus de toute la France et de toutes les armes. Au cours de la messe qui a suivi leur colloque, présidée par Mgr Luc Ravel, lui-même, l’évêque «ordinaire» de leur diocèse aux armées, a institué au lectorat, puis à l’acolytat, mon camarade de fac, Eflamm Caouissin, aumônier de la gendarmerie et son collègue (ou confrère) Denis Bertin, aumônier parachutiste venu de Toulouse où j’ai moi-même été breveté prémilitaire en 1968 !

Je savais y retrouver Jean-Charles Bosansky, un autre camarade de fac ; j’y ai vu aussi avec grand plaisir un berrichon, Éric de Lagarde, qui m’a reconnu le premier en raison de ma ressemblance physique et de la parenté moustachue avec mon frère Jean-Paul, bedeau de la cathédrale de Bourges, qui est aussi son oncle !

 

Ils étaient nombreux, de tout sexe et de tout genre ; je veux dire des consacrés et des qui ne l’étaient pas, sans qu’on puisse, quelque fois, bien distinguer les uns des autres – une jeune femme était en jupe et en uniforme – mais ce n’était pas le cas de tous !

En revanche, la totalité des consacrés s’est retrouvée, en aube et étole blanche en l’honneur de notre sainte patronne, dans le chœur.

Devant moi, dans la nef, un pasteur et un imam. De tout, je vous dis ! Cela faisait une assemblée joyeuse de personnes attachées à faire vivre un public particulier, celui dont la vocation n’exclut pas le sacrifice suprême, celui de leur vie, on le voit bien tous les jours.

Eflamm avait eu l’amabilité de m’inviter à la cérémonie et c’est, ma foi, avec plaisir que j’y ai déféré, d’autant que, si j’avais déjà, à plusieurs reprises, eu l’occasion d’assister à des ordinations de prêtres ou de diacres, c’est la première fois que l’occasion m’était donnée d’assister à l’institution au lectorat à à l’acolytat.

Bon ! Lecteur, on voit de quoi il s’agit : lire les saintes Ecritures à l’occasion de la liturgie de la parole qui constitue, avec celle de l’eucharistie qui lui succède, la messe. Et lire la Parole n’est pas donné à tout le monde contrairement à ce que l’on croit, on ne s’improvise pas lecteur… il faut y travailler, c’est comme pour tout.

J’avais apporté à l’intention de mon ami la photocopie de l’article de Jean-François Bouthors qui est, entre autre, un des éditorialistes habituels de mon quotidien favori «Ouest France», intitulé «pour une résurrection de la parole aujourd’hui», paru dans la revue jésuite « ETVDES » page 63 du N° 4224 de février 2016 que je viens de recevoir.

12645119_10154021171524063_9145552980774338497_n.jpgDenis nous a donné un aperçu de son talent en lisant le Siracide, un des livres sapientiaux de l’Ancien Testament, qu’il a préféré, pour des motifs que l’on ignore, au passage de la lettre aux Hébreux sur le rôle de la foi dans le comportement de nos pères Abraham, Isaac et Jacob, également proposé à l’occasion de la messe de Sainte Anne lors de sa fête célébrée chaque 26 juillet.

Sa voix est claire, bien timbrée et posée, l’articulation précise des mots et le débit de la phrase rendent le texte compréhensible, sans saturer la sono. J’ai tout compris, surtout après les explications de Mgr Ravel.

Les talents musicaux d’Eflamm lui ont permis de se sortir avec bonheur de l’épreuve du psaume 131 qu’il a  psalmodié en français pour être compris de la majorité de l’assistance, de préférence au breton dont il maîtrise parfaitement la langue.

Mgr Ravel a bien insisté sur l’incarnation du Verbe que l’on a entendu de la voix de Denis et d’Eflamm, incarnation dans toute une généalogie humaine, une filiation qui, de Marie, remonte à Anne, que nous honorons particulièrement, et à tous « ces personnages glorieux qui sont nos ancêtres », parmi lesquels « il y a des gens dont le souvenir s’est perdu », comme l’observe justement l’auteur de l’Ecclésiastique. Pour autant, nous en sommes les descendants à la fois physiquement, génétiquement, mais aussi spirituellement : « leur postérité a persévéré dans les lois de l’Alliance, leurs enfants y sont restés fidèles grâce à eux »

Fidélité de tradition mais fidélité de choix

C’est au début de la liturgie de l’eucharistie, au seuil de l’offertoire, que nos tout récents lecteurs ont été institués par leur évêque « acolytes »

« Acolyte » c’est le nom chic ou savant pour « enfant de chœur » – qu’ils ne sont plus depuis longtemps l’un et l’autre malgré – surtout pour Eflamm – leur allure juvénile.

Ministres institués depuis le motu proprio « Ministeria quaedam » de Paul VI du 15 août  1972, lecteur et acolyte ont remplacés le sous-diaconat et les « ordres mineurs » qui, auparavant précédaient les ordres majeurs conférés aux seuls diacres et prêtres.

Les femmes peuvent accéder à ces fonctions de lecture et de servante d’autel, mais ne sauraient y être «instituées» comme viennent de l’être Denis et Eflamm. Quand ils sont présents à une messe, il n’est pas possible à une lectrice ni à une servante d’autel de les y supplanter dans leur office (NDLR : pour en savoir, plus, cf Présentation Générale du Missel Romain)

Merci à toi Eflamm de m’avoir permis d’assister à cette très belle cérémonie, entouré que tu étais de ton père, de ta mère, de ta sœur, de ton épouse et de vos fils, illustration vivante de l’homélie de Mgr Ravel.

Denis était loin des siens ; je lui aurai bien proposé de lui servir de parent, mais nous ne nous connaissions encore à peine, le café pris en commun n’y ayant pas complètement suffi.

Et puis, il y avait, tant dans le chœur que dans la nef, tellement d’amis, confrères et collègues que ma proposition se serait avérée superflue.

Bon retour dans ta lointaine Occitanie.

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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Un commentaire

  1. merci Eric, merci Jean-Charles, ça me donne l’occasion de prier pour vous et avec vous, pour le relèvement spirituel des Français.

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