La publication prochaine du Missel Romain en breton suscite plusieurs réactions, visibles à travers la toile. Nous vous les proposons ici avec nos observations.
Du côté des franco-français fermés à l’usage du breton, on a ce type de réactions :
– « les francophones » vont se sentir rejetés » : non, car l’usage du bilinguisme est une solution d’ouverture des deux côtés, permettant aux francophones de découvrir la richesse de la langue bretonne, tandis que les bretonnants vont enfin pouvoir participer pleinement à une messe qui prendra en compte une dimension qui les touche.
– « déjà qu’il n’ya plus personnes dans les églises… « : nous sommes persuadés ici que parler au coeur des bretons, même s’ils ne sont pas brittophones, en utilisant le breton et tout ce que le patrimoine culturel et spirituel breton propose en richesse liturgique, motivera les gens à revenir dans les églises et à se laisser toucher par Dieu.
– « Retour au passé, etc… « : Non, l’usage d’une langue qui nous est propre n’est pas un retour au passé, mais une réappropriation de ce qui nous appartient, pour mieux nous projeter dans l’avenir. Cela ne veut pas dire pour autant que nous rejetons le reste et les autres.
Du côté des bretonnants on a ce type de réactions :
– « Oui, mais c’est pas le bon breton… c’est pas le même breton… « : la division n’a jamais fait avancer les choses. Le missel romain utilise le KLTG, un breton unifié, ce qui permet d’avoir une base commune, mais n’efface pas la richesse de chaque idiome local. Plutôt que de se chamailler sur les orthographes, syntaxes… mettons nous ensemble pour avancer, au-delà de barrières qui servent les récalcitrants.
Du côté des liturges on a ce type de réactions :
– « Est-ce de la liturgie ou du folklore ? Liturgie déformée… » : Malheureusement, comme la société s’est francisée et débretonnisée, il en a été de même pour les paroisses et la liturgie. La liturgie est similaire à ce que l’on trouve régulièrement dans les paroisses de l’Eglise de France. Il y a du bon… et du très mauvais.
Le respect des normes liturgiques incluses dans le missel en breton peut être justement une occasion de renouveau de la liturgie de l’ Eglise de Bretagne. La publication du Missel Romain e brezhoneg pourrait ainsi être le moment de (re) lancer des formations à la liturgie sans fantaisies, mais s’adressant à chacun suivant les normes établies. Les messes en breton ne sont pas et ne doivent pas être un folklore muséographique (tout ce qui est folklore est déjà mort), mais tradition vivante d’un rapport incarné entre le peuple et Dieu (ancrée dans le passé, au service du présent, pour préparer l’avenir) pour que chaque breton croyant puisse vivre sa foi dans tout son être et dans toutes ses dimensions. N’oublions pas que la proclamation de l’Evangile prend racine dans la Pentecôte et doit toucher au coeur !
Les langues sont des richesses de l’humanité, et leur utilisation dans tous les domaines (y compris ecclésial), fait partie intégrante de la pleine compréhension de l’Homme. Ignorer cela, c’est ignorer l’Homme et donc ne pas se comporter en pleine humanité.
Tanhouarn
Article intéressant, avec un bon argumentaire quand aux objections quand à l’usage du breton dans la liturgie.
Cependant, la liturgie et le folklore ne sont pas à mettre au même niveau. (entendre le mot Folklore, par traditions populaire répétitives)
La liturgie est un acte sacré, surtout la messe, qui s’adresse à Dieu : Rappelons simplement que la messe est un mémorial, mais aussi et surtout le sacrifice de Jésus-Christ sur la Croix renouvelé sur les autels pour la rémission des péchés (cf. catéchisme de l’Eglise catholique). La liturgie de la messe est donc un acte sacré, où Dieu intervient lui-même par l’intermédiaire du prêtre, Jésus-Christ se rend présent dans le sacrement. La liturgie dans sa forme (paroles, gestes, postures, habis sacerdotaux) est issue d’une tradition qui remonte aux apôtres et aux premiers chrétiens, on n’a de toute façon pas le droit de faire n’importe quoi avec.
Le folklore appartient au domaine purement profane, ce mot à un sens finalement assez vague, il peut englober un foule d’activités humaines : danses populaires, fêtes de villages, costumes, musiques, gastronomie, jeux, etc.) Le Folkore pris dans ce sens là, n’a de toute façon pas à rentrer dans l’Eglise qui est un espace sacré clairement définie (cf. les enclos paroissiaux).
Les gens qui parlent de folklore pendant la messe n’ont finalement pas du tout compris ce qu’était la messe. Et si on commençait par là : à méditer sur la réalité et le mystère de la messe, à mieux connaitre et comprendre ce qu’est la messe ?
Et pourtant,, le terme de « Liturgie ou folklore » provient d’un site de liturges chevronnés. D’où le fait que nous ayons souligné ce terme.
Mais effectivement, en se penchant sur le mystère de la messe, la liturgie suivra, quelle que soit la langue, et en l’occurrence ici le breton.