Etienne Ferchaud, Maître de Chapelle de la Cathédrale de Nantes, s’exprime sur le site de son Diocèse. Si, à juste titre nous nous plaignons régulièrement de la pauvreté musicale de nos offices, participant à la déliquescence de la liturgie… et donc de la foi, nous ne pouvons ici que nous réjouir de ce texte et de voir que les choses évoluent peu à peu concernant le grégorien et la polyphonie. Encore un petit effort, et le répertoire breton sera aussi remis à l’honneur en la cité des ducs de Bretagne….
Nous le savons, depuis des siècles, l’église et les chrétiens ont vu grandir des édifices magnifiques à l’image de la cathédrale de Nantes. Depuis des siècles l’Eglise est l’heureuse responsable de ces réalisations humaines exceptionnelles et aujourd’hui où nous sommes attachés à l’idée de patrimoine, d’une autre façon, les cathédrales, églises et chapelles rendent un précieux service à l’Eglise en témoignant sans cesse de son message. La cathédrale de Nantes comme tous ces bâtiments est vivante d’abord parce qu’elle existe là ancrée au cœur de la ville et que, à sa façon, par son architecture, elle parle à tous de beauté. Et pour les croyants cette beauté parle de Dieu.
Comme Maitre de chapelle et musicien, j’aime à penser que la Cathédrale chante son message, que les pierres chantent sans cesse à tous les passants, croyants ou non. Depuis 2007,Musique Sacrée œuvre pour la beauté de la musique liturgique à la cathédrale de Nantes. Les 80 chanteurs se relaient avec les organistes lors des messes et des lucernaires en proposant le répertoire d’assemblée, le chant grégorien et des pages de musiques polyphoniques.
Pour le diocèse et dans la cité, la Cathédrale occupe une place particulière. Si elle n’est pas paroisse, la Cathédrale, église de l’Evêque est un lieu ouvert qui rassemble et accueille une certaine qualité d’assemblée. Parmi tous les visages de l’assemblée de la Cathédrale de Nantes, il y a les visages que l’on connait, ceux que l’on reconnaît, ceux que l’on découvre et ceux que l’on devine. Certains sont fidèles aux lieux depuis longtemps et pourraient sans aucun doute témoigner des nombreuses évolutions musicales qui font l’histoire de la Cathédrale de Nantes. D’autres franchissent timidement la porte, passent furtivement, restent un bon moment ou profitent de l’horaire tardif de « l ‘ultime » messe du dimanche soir dans le centre-ville. Parce que cette assemblée est dans sa diversité une assemblée vivante, véritable chance pour l’église, parce que cette assemblée fait sens pour un lieu accueillant par nature comme la Cathédrale de Nantes, nous avons écouté et pris en compte la sensibilité de l’assemblée de la Cathédrale aujourd’hui. Avec les chanteurs, les organistes et les prêtres, j’ai le plaisir de vous informer d‘un nouveau rythme musical pour la cathédrale. En dehors des grandes célébrations diocésaines et grandes fêtes dans l’année, vous pourrez entendre chaque deuxième dimanche du mois une messe chantée où le chant grégorien tiendra une place privilégiée (voir ci-dessous le calendrier des offices). L’occasion d’entendre un répertoire vieux de 1000 ans, une tradition bien vivante que les textes définissent comme « chant propre de l’église romaine » encore aujourd’hui. Le troisième dimanche du mois, la polyphonie tiendra elle aussi une place privilégiée en faisant entendre les plus belles pages des Mozart, Palestrina, Byrd, Messiaen… En aucun cas, ces répertoires privent l’assemblée de sa part active dans le chant. Nous parlons bien ici de liturgie en musique et à chaque instant la musique s’exprime sous une forme superlative de la louange. Auxiliaire à la parole de Dieu, elle souhaite rassembler l’assemblée originale de la cathédrale dans le mystère de la foi.
La musique à la Cathédrale de Nantes trouve donc un rythme nouveau au service de la liturgie et de la beauté qui doit saisir l’assemblée afin qu’elle même se laisse saisir par la parole de Dieu.